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Emmet Cohen en concert au Nice Jazz Festival

© Photo Y.P. -

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Et une standing ovation, une !

Le jeune pianiste Emmet Cohen, figure désormais incontournable de la jeune scène jazz new-yorkaise, a enthousiasmé et galvanisé le public du théâtre de verdure du Nice Jazz Festival.

A peine la dernière note envolée dans le ciel bleu niçois, les spectateurs se levaient comme un seul homme et une seule femme pour acclamer ce talentueux virtuose des quatre-vingt-huit touches.

Ce garçon de 32 ans a déjà un palmarès on ne peut plus éloquent, puisqu’on a déjà pu le voir aux côtés de Christian McBride, Benny Golson, Ron Carter ou encore Jimmy Cobb.
Emmet Cohen, celui que les grands, très grands, semblent se disputer.

Pour autant, c’est avec son propre trio qu’il vient d’entamer une grande tournée européenne et surtout américaine, puisqu’en août, il sillonnera les Etats-Unis.

Emmet Cohen a commencé le piano à l’âge de trois ans, avec la célèbre méthode Suzuki, qui encourage les élèves à s’approprier très tôt l’interprétation et des grands compositeurs et à reproduire très vite les enregistrements écoutés.

Ceci va se vérifier très rapidement.
Si bien entendu, Emmet Cohen possède son propre discours musical et stylistique, nous allons très vite nous rendre compte de ses influences.
Dans ses premières compositions personnelles, il est flagrant que le pianiste a beaucoup écouté et joué les compositeurs romantiques classiques, ainsi que Debussy ou Ravel.
Il émaille d’ailleurs son jeu de quelques citations fort réjouissantes.

Son premier titre lui sert à mettre immédiatement les choses au point.
Sur la scène, nous avons devant nous un virtuose, un grand technicien du clavier.
Une énergie, une force se dégagent de son jeu, une vitalité alliée également à une grande délicatesse.
De grandes envolées dans les aigus, des montées et des descentes fulgurantes au sein des touches blanches et noires, des accords plaqués avec force et précision, tout ceci démontre cette grande maîtrise.
Le bop, le swing sont là. Impossible de ne pas ressentir une envie de bouger, de taper dans les mains ou de claquer des doigts.
Il est parfois assez étonnant de le voir assis de côté, et non pas face au clavier, tapant la mesure avec ses deux jambes.

Ce qui frappe également, dans son propre travail, c’est la capacité à changer de cadences, de rythme, passant d’un swing ternaire endiablé à une valse on ne peut plus jazzy, ou bien à une bossa douce et sensuelle.

Mais les reprises du concert vont nous montrer les véritables influences du jeune musicien.
Son dernier album en date, Future Stride, nous donnait déjà un indice.
Le stride ! Le rag !

Avec les grands maîtres, Fats Waller, Art Tatum, qu’il citera, ou encore Earl Hines.
Ses reprises des prestigieux aînés vont enchanter les spectateurs.
Avec à la fois un grand respect et une liberté de ton et d’appropriation, Emmet Cohen est complètement dans la lignée de ces grands pianistes, à la fois héritier d’un mouvement musical et poursuivant le chemin stylistique.
Bud Powell sera également cité, comme une évidence.
Emmet Cohen, le dépositaire et le passeur.

A ses côtés, deux épatants sidemen, qui ne l’accompagnent pas, mais qui sont au contraire entièrement partie prenante des morceaux joués.
La forme du trio, qui est au jazz ce que le quatuor est à la musique de chambre, permet d’intenses et passionnants échange.
Ici, c’est pleinement le cas.

Emmet Cohen, Philip Norris à la contrebasse et Kyle Poole à la batterie vont beaucoup s’amuser.
Une véritable complicité les lie, c’est évident.
Ces trois-là se regardent, s’apprécient, les regards admiratifs durant les différents soli ne trompent personne.

Messieurs Norris et Poole vont assurer une rythmique profonde, intense, au fond du temps. Le swing et le groove sont implacables de précision et d’intensité.
Les deux musiciens vont eux aussi nous démontrer toute leur impressionnante virtuosité.


Kyle Poole tape fort, très fort sur ses fûts et cymbales, au service d’un groove dense et puissant. Voici quelqu’un qui ne s’économise vraiment pas !
Le contrebassiste quant à lui développe de furieuses walking bass. Sa façon de chanter les notes de ses lignes mélodiques et solistes est assez fascinante.

Au final, je me répète, une longue standing ovation, complètement méritée sera réservée au trio.

Le très charismatique Emmet Cohen et ses deux complices nous auront prouvé s’il en était encore besoin combien le jazz contemporain peut relever de la plus grande des vitalités, alliant de façon passionnante la tradition à la plus moderne de ses appropriations.

 

© Photo Y.P. -

 

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