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Dave Kikoski en concert au Duc des Lombards

© Photo Y.P. -

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Une tignasse blanche, un costume noir, quatre-vingt-huit touches des mêmes couleurs.

Un « vieux de la vieille » s’installe derrière le clavier du Yamaha C3 du Duc des Lombards.
Sous mon traitement de texte, croyez bien que le plus grand respect émane de cette expression en italique.

Rendez-vous compte….

Dave Kikoski a été le side-man de Roy Haynes, Michael Brecker, bob Berg, John Scofield, Ravi Coltrane, Chris Potter, Dave Holland, Roy Hargrove, Donny McCaslin, Mike Stern, Didier Lockwood, Chick Corea, Kurt Rosenwinkel, Toots Thielemans, Tom Harrell, Olivier Ker Ourio, Marcus Miller, Pat Martino, Jack Dejohnette, Billy Hart et beaucoup d’autres, excusez du peu !

Ce garçon a remporté un Grammy Award en 2011 avec le Mingus Big Band, pour le meilleur album catégorie big band de jazz.
Il a été nommé également pour la prestigieuse avec Roy Haines pour l’album Birds of a feather

C’est vous dire si son talent est grand, reconnu par les plus immenses jazzmen, et surtout si sa palette de jeu peut s’adapter à beaucoup de styles différents.
Il va nous démontrer tout ceci, et de la plus brillante des façons.

Dave Kikoski est pour deux semaines en Europe, et Paris était la première date de cette tournée. Il a tenu à nous le préciser.

Tout commence avec une composition originale, intitulée One for the Tradition.
Oui, il est bon de respecter les traditions.
Ici, la tradition, c’est le swing, élégant, à la fois intense et délicat. Immédiatement, nous comprenons que le pianiste est un grand technicien de son instrument.

A base de courtes phrases mélodiques, et de motifs harmoniques caractérisés par des accords plaqués à la main droite, le morceau swingue, et nous autres avons tout de suite envie de bouger nos jambes et de claquer des doigts.
Le toucher de Kikoski est caractérisé par une grande délicatesse, et à la fois par une puissance impressionnante.

On ne peut pas ne pas remarquer la position parfois un peu étrange de ses mains sur le clavier, du genre de celles que les vénérables professeures de piano conspuaient, à savoir un poignet complètement abaissé, presque affalé sur le clavier.
Et pourtant, quelle virtuosité ! Comme quoi…
Il ne serait pas étonnant d’apprendre qu’étant étudiant, il a beaucoup travaillé Ravel et Tchaïkovski, qui influencent indéniablement certaines de ses compositions.

Le musicien a plaisir à jouer. C’est évident.
Il est très expressif, sourit très souvent, vibre vraiment à ce qu’il interprète et à ce que les deux autres musiciens sur le plateau jouent avec lui.
Il n’arrête pas de bouger, même lorsqu’il ne joue pas et les écoute.

Les deux acolytes qui sont à ses côtés ne sont pas non plus des manchots.
Le contrebassiste Essiet Essiet, aussi à l’aise dans le haut et le milieu du manche que dans le jeu au pouce, ainsi que le batteur Joris Duddli assurent une rythmique impressionnante.
Les deux musiciens ont eux aussi beaucoup d’expérience, et leurs solos seront très rapidement beaucoup applaudis.

 

© Photo Y.P. -

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Ici, il n’est pas question d’accompagnateurs.
Tous les trois jouent véritablement ensemble, et le discours musical est partagé très équitablement, avec parfois de véritables échanges de quatre mesures entre les trois, notamment dans le titre Winnie’s garden.

Le fait d’avoir joué avec tant de « pointures » du jazz autorise Dave Kikoski à emprunter toutes sortes de styles et inspirations différentes.

Il va nous proposer une magnifique balade, Old Folks, dans laquelle tout son lyrisme s’exprime de très belle manière.
Nous avons envie de fermer les yeux, de nous laisser porter et de nous abandonner aux subtils accords et au merveilleux thème de ce morceau qui sera très applaudi.

Shadow, d’un certain Al Foster remportera également tous les suffrages.

Voici Tom tom, une composition presque funk, cette fois-ci.
Messieurs Essiet et Dudli s’en donnent à cœur joie, avec une rythmique au fond du temps, profonde et presque sauvage.
Les spectateurs remuent sur leur siège, et pas qu’un peu !

Et maintenant, place à un titre d’un « des héros pianistes » (sic) de Kikoski : Chick Corea.
Ce sera Mirror mirror, comme un clin d’œil au standard qu’est Someday my Prince will come, dans lequel on retrouve presque, déclinés subtilement, la grille harmonique.
Nous sommes sous le charme de cette appropriation à trois temps.

Le pianiste entame un solo vertigineux, avec beaucoup beaucoup beaucoup de notes, mais pour autant, nous n’avons jamais l’impression d’un bavardage plus ou moins fumeux.
Ici, chaque note a son importance. Tout est sous contrôle.

Il sera hélas temps de se quitter avec un autre grand standard, Impressions, de John Coltrane.
L’appropriation au piano du thème du célèbre soprano est très maîtrisée, et nous savourons une dernière fois les envolées lyriques, et le talent d’improvisateur de Dave Kikoski.

Nous avons eu la chance d’assister à ce très beau moment de jazz, délivré par un musicien qu’on ne voit pas assez en Europe en général et en France en particulier.
Oui, j’y étais !

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