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Fiona Mato en concert à Fontainebleau

© Photo Y.P. -

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Mais quel bonheur de découvrir une jeune et grande pianiste schumanienne !

Au cours de ce concert bellifontain, au Théâtre de l’Âne vert, Fiona Mato va certes nous démontrer tout son talent, mais surtout toute sa passion pour Robert Schumann, son compositeur de prédilection.
On ne peut en effet aborder ce répertoire sans être totalement en phase avec le romantisme des œuvres que la jeune musicienne va nous interpréter pour notre plus grand plaisir.

On ne peut jouer Schumann sans être dans une sorte de communion avec non seulement les notes, mais également avec l’existence, la vie du grand artiste, sans oublier sa relation avec Clara Wiek, qui deviendra son épouse.

Durant l’heure et demie de ce spectacle, nous allons pénétrer ces deux aspects par le biais de la judicieuse participation de la comédienne Aude Rouanet et du comédien Blaise Pettebone.

Dans une première partie, Mademoiselle Mato nous offre, c’est vraiment le verbe qui convient, une superbe interprétation du célèbre recueil Les scènes d’enfants, composé de treize courtes pièces, avec notamment les deux célébrissimes Gens et pays étrangers et la fameuse Rêverie.

Elle arrive du lointain, côté jardin, et s’assoit devant le clavier du quart de queue Schiedmayer allemand, dont la sonorité ronde et chaleureuse, sans brillance superflue va parfaitement convenir aux œuvres interprétées ce soir-là.

Immédiatement, nous allons comprendre.
Immédiatement, la pianiste nous emmène de la plus belle des manières dans ce monde d’impressions enfantines évoqué dans ces pièces.
Immédiatement, nous réalisons pourquoi la prestigieuse maison Harmonia Mundi a produit l’été dernier un très beau disque consacré à Schumann avec Fiona Mato au piano.

La pianiste excelle dans les pièces lentes et délicates, avec une sorte de délicieuse retenue dans les passages lents, posant ses mains et ses doigts fins comme de véritables caresses sur les touches noires et blanches.
Rêverie est ainsi jouée de façon bouleversante, avec une intense appropriation du propos. Ici, pas de tricherie : la musicienne est véritablement habitée par ce qu’elle joue.
Pour autant, nous ne sommes jamais dans une surenchère de postures corporelles surjouées.
Lorsque la main de Mademoiselle Mato se lève doucement du clavier, reste en l’air et se ferme délicatement, dans le plus grand silence, nous pouvons pratiquement imaginer ce qu’elle ressent.
Une grâce infinie se dégage de tous les gestes de la pianiste et de ses expressions..

Les pièces plus « musclées » seront interprétées elles aussi avec un brio et une grande énergie jamais prises en défaut.

Une merveilleuse technique, toujours au service du propos musical est alors mise en œuvre.
Elle se joue des difficultés sans jamais nous donner l’impression de « souffrir ».

Les subtiles nuances et les délicates volutes romantiques sont exécutées de façon magnifique, nous faisant prendre conscience de la puissance de la musique de Schumann.

Le poète parle
La dernière pièce de ces Scènes d’enfant.
Soudain, un projecteur met en lumière la comédienne Aude Rouanet, assise dans le public.
Commence alors la deuxième partie du spectacle.

Mademoiselle Rouanet va faire rejouer cette pièce, en utilisant les mots d’Alfred Cortot, l’un des plus grands pianistes du XXème siècle, pédagogue renommé, l’un des fondateur de l’Ecole Normale de Musique.
« Il faut rêver ce morceau, pas le jouer... » nous dit-il, par la bouche de Mademoiselle Rouanet.

Fiona Mato nous aura démontré avec beaucoup d’à-propos et de prise en compte de cette dernière phrase combien elle est en phase avec cette musique romantique.

D’autres écrits seront lus, avec également Blaise Pettebone.
Ces écrits mettent en lumière certains aspects de la relation s’étant nouée entre Robert et Clara Schumann.
Sera évoqué également l’ensemble des révolutions de mars 1848 au sein de la confédération germanique. Le tristement célèbre Printemps des peuples allemands.

Durant cette deuxième partie, Fiona Mato interprète d’autres œuvres de Schumann, avec à la fois toujours autant de délicatesse et de force.
Toujours inspirée et habitée par ces pièces, elle nous procure un réel sentiment de bonheur.
Le bonheur d’écouter cette musique qui provoque en chacun de nous beaucoup d’émotions.

Un tonnerre d’applaudissements, des « bravo ! » qui fusent (avec ceux notamment de votre serviteur), des rappels viendront saluer ce spectacle original et très maîtrisé qui restera dans les esprits des spectateurs.

Je vous conseille de retenir le nom de cette jeune pianiste, qui ne manquera pas de beaucoup faire parler d’elle, dans le cercle très fermé des grands interprètes de Schumann, mais surtout chez les amateurs du compositeur.
Fiona Mato.

© Photo Y.P. -

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