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Le cabaret horrifique

Photo Y.P. - (Avec toutes mes excuses à l'artiste qui n'apparaît pas sur cette photo, mais il ne faut surtout pas spoiler le final ! )

Photo Y.P. - (Avec toutes mes excuses à l'artiste qui n'apparaît pas sur cette photo, mais il ne faut surtout pas spoiler le final ! )

L'horreur est humaine !


Voici ce qu'une nouvelle fois, elle nous affirme, la metteure en scène de ce Cabaret horrifique, à la manière d'un George A. Romero au meilleur de sa forme.


Elle, c'est Valérie Lesort, qui toute petite déjà, voulait fabriquer des monstres.
Des monstres, il y en aura, à l'Opéra-Comique, dans cette reprise qui marque la ré-ouverture de la Salle-Favart.
Des monstres, des sorcières, des morts-vivants, des goules, des succubes, des incubes, j'en passe et des pires !

Le tout à la sauce Lesort, et ce, pour notre plus grand plaisir !
Durant une heure et quart, nos oreilles et nos yeux seront ravis et nos zygomatiques vont fonctionner à plein régime.

 

Le principe de ce cabaret est assez simple, finalement : dans un décor et des accessoires dignes de la Nuit des morts-vivants, Melle Lesort a confié au baryton Lionel Peintre et à la soprano Judith Fa la mission d'interpréter une quinzaine d'airs de différents répertoires, et dont le thème est l'horreur, la monstruosité, la peur.
C'est ainsi que Ravel, Weill, Gounod, Rameau vont côtoyer Vian, Marie-Paule Belle, Marie Dubas, et quelques surprises.

Oui oui, des surprises, car tous les airs ne sont pas indiqués sur le programme.

C'est d'ailleurs une de ces surprises qui va ouvrir le programme.
Au piano, l'excellente Marine Thoreau La Salle égrène quelques notes de Mike Oldfield, et Lionel Peintre enchaîne d'une façon lyrique et très décalée sur......... (Eh oh, et puis quoi encore, vous pensiez que j'allais vous en dire plus ? )

Le chanteur lyrique, avec les quatre premiers mots de ce premier « tube » déchaîne l'hilarité générale. Le ton sera immédiatement donné !

Le deux artistes lyriques vont nous enchanter.
Par leur talent intrinsèque de musiciens, certes, évidemment, mais également par leur vis comica.

Il faut les voir jouer la comédie, adoptant des gestuelles, des poses et des mimiques sataniques, diaboliques et méphistophéliques très suggestives.
Qu'est-ce qu'ils nous font rire !

 

C'est là une autre marque de fabrique de la metteure en scène, dans la droite ligne du Domino noir, ou encore Ercole Amante que de mélanger talent musical et humour décalé. Le sérieux et le drôlissime mêlés dans une même fête artistique !

De grands moments musicaux m'ont ravi.
L'interprétation du Roi des Aulnes, de Schubert, par Lionel Peintre est un de ces moments magnifiques, tout comme le Tango stupéfiant, de Marie Dubas, par Judith Fa.

Les deux musiciens vont véritablement nous régaler, notamment avec deux duos : leur version du Fantôme de l'Opéra, d'Andrew Lloyd-Weber est un moment formidable. Comment en même temps chanter à la perfection et faire rire aux larmes tout un public.

Et puis, surtout, un duo tiré de l'opéra Armide, de Jean-Philippe Rameau, est absolument magnifique.
Quel ensemble, quelle pâte sonore, quelle technique irréprochable, quelle sensibilité ! Que d'émotion !

Il faut souligner qu'au piano et parfois « aux grandes orgues » (merci au clavier Roland), Melle Thoreau La Salle servira de « souffre-douleur » tout au long du spectacle. Le runing-gag fonctionne à la perfection.

La patronne, elle, a opté pour coiffure assez originale : elle porte sur la tête une main coupée, dont les doigts s'agitent en permanence. C'est très moignon, tout ça !

Grâce à des outils et autres accessoires eux aussi très décalés, elle bruite de façon épatante tous les « événements » comiques qui vont parsemer tout le récital.

Réouverture de la Salle-Favart post-confinement oblige, cette reprise du Cabaret horrifique est placée sous le signe du COVID 19 !
La mise en scène a été remaniée, avec une disposition scénique et spatiale entièrement nouvelle.
Le gel hydro-alcoolique trône sur le piano, les masques sont là, dociles ou récalcitrants, certes, mais surtout maculés de sang.

Melle Lesort nous démontre également qu'on peut faire beaucoup rire avec très peu de moyens, notamment dans L'air du Froid, de Purcell. C'est très malin ! Mais là encore, je n'en dirai pas plus...

Le final interviendra hélas beaucoup trop tôt, avec l'apparition sur scène d'un personnage emblématique en matière de frissons en tous genres.
La boucle est bouclée.

On l'aura compris, Valérie Lesort enchante une nouvelle fois le public de l'Opéra-Comique.
Sa patte, sa marque de fabrique, son style propre et inimitable font mouche !

C'est un spectacle lyrique brillant, intelligent, irrésistible de drôlerie !
C'est devenu une habitude !

© Photo Stefan Brion

© Photo Stefan Brion

© Photo Stefan Brion

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