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Retrouvailles au Théâtre National de Sénart avec Patrick Pineau

© Photo Y.P. -

© Photo Y.P. -

« Bienvenue. Vraiment ! »
 

Cet adverbe, ce « Vraiment !» résonne de façon très particulière et très émouvante dans la bouche de Jean-Michel Puiffe, le directeur du Théâtre National de Sénart, qui s'adresse à la soixantaine de spectateurs venus fêter ces retrouvailles avec la structure culturelle seine-et-marnaise.

 

Ce « Vraiment !», c'est un symbole de retour, après cinquante-cinq jours de relâche forcée, en raison des événements sanitaires que l'on sait.


Ce « Vraiment ! » c'est une façon de signifier la joie, le soulagement, l'impatience de retrouver public et comédiens, après tout ce temps passé loin les uns des autres.


Pour ce retour, l'équipe de la programmation avait eu l'excellente idée de proposer à Patrick Pineau, l'artiste sociétaire du TNS, une lecture de textes de son choix.
Une carte blanche.

Patrick Pineau, on le connaît.
Comédien « fétiche » de Georges Lavaudant (une quinzaine de pièces à leur commun actif), lui-même metteur-en-scène notamment à la MC93 de Bobigny, aux Célestins, à l'Odéon (je me souviens encore de sa très belle version de « Des arbres à abattre » de Thomas Bernard, on pouvait faire confiance à l'homme pour nous concocter un programme à la fois littéraire, engagé et politique au sens noble du terme.

Patrick Pineau a demandé à trois de ses amies (l'une est philosophe, Magali Rigal, les deux autres, Yasmine Modestine et Claire Barrabes sont auteures ), de lui envoyer chacune une lettre.
Le sujet sera commun : la démocratie.

Chacune à sa manière, les trois écrivaines vont nous proposer un miroir implacable de nos sociétés dites modernes, à l'aune de l'actualité très récente.
Le COVID-19, les élections municipales, l'abstention massive, la fonction, le rôle, les dérives du personnel politique, des media, des commentateurs.

Le constat est à la fois terriblement réaliste et implacable : vous avez dit démocratie ?
Quelle démocratie ? Pour quels démocrates ?

De vraies questions, à la fois terribles et nécessaires seront posées.

Des questions soumises à notre libre-arbitre, des réflexions à partager, à discuter, à s'approprier.

(A ce propos, les textes seront bientôt mis en ligne. A suivre...)
 

Oui, ces mots-là font du bien !

Face à tous ceux, vides de sens, creux, démagogiques, vains, inutiles, absurdes, trompeurs, toutes ces formules et tous ces clichés entendus durant ces cinquante-cinq jours, ces mots dits à haute voix vous redonnent foi en l'Humain, en l'Autre.
Avec une dernière interrogation, fondamentale : « Que dit l'artiste ? »

Ces trois écrits épistolaires, aux styles bien différents, Patrick Pineau va les faire vibrer.
Oui, le comédien aime les mots. Ces mots-là, tout particulièrement.
On n'est évidemment pas ami par hasard avec trois auteures de cette trempe.


Ces mots, il les fait siens, il les dit, il les crie parfois, il nous les assène.
Il les faits vivre, ils les met en oralité, après avoir décacheté les enveloppes qui les contiennent.

Le comédien sait également tirer parti de l'humour, parfois grinçant, que peuvent contenir ces lettres à lui adressées.

Le public, rendu complice, acquiesce et abonde dans son sens.

Patrick Pineau nous lira également deux textes d'un poète qu'il nous recommande de re-découvrir : un certain Jacques Prévert.

Il se délecte, et nous avec lui, à la lecture de l'Autruche, le « Conte pour enfants pas sages » que nous sommes. Une dernière fois, nous rirons beaucoup.

Les quarante minutes sont passées beaucoup trop vite.
Le comédien nous laisse, en remerciant le mauvais temps : cette lecture, initialement prévue en plein air, a pris dans la « black box » du TNS toute sa dimension théâtre et scénique.
Un peu plus que sous un arbre.


Et puis, il nous avoue qu'il serait ravi que nous autres spectateurs puissions à notre tour discuter, échanger, même dans nos voitures, de ce que nous venons de voir et d'entendre.
Tout ceci relevant de l'indispensable lien entre êtres humains. Le lien !

Ces retrouvailles auront atteint pleinement leur objectif.
Retour aux émotions. Retour aux textes, aux comédiens.
Retour au Théâtre.

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