Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Acte 1 Redevenir un homme

(c) Photo Y.P. -

(c) Photo Y.P. -

Il y aura un type qu'on amène à bout de bras sur la scène. Sur la piste.
Un drôle de type.
Emballé qu'il est... Comme un paquet.
Complètement momifié dans des bandelettes de plastique le rendant immobile dans les bras de ses deux porteurs.


On le dépose sur ce drôle de plateau, recouvert de sable très fin.

Nous allons très vite comprendre que cette piste rectangulaire est une sorte de très grand matelas pneumatique gonflé à bloc, permettant des rebonds.


Tout ficelé qu'il est, l'acrobate va commencer à se contorsionner comme un beau diable dans tous les sens.
Avec des mouvements défiant parfois la raison. Un acrobate, vous dis-je...


Il finira par se libérer. Comme une nouvelle naissance. Une sorte de rebirth 2.0....


D'ailleurs, il va être pris en main par une espèce de sage-femme-technicienne-masseuse-kiné qui n'aura de cesse, avec force gestes brusques, coups et gifles, de régénérer cette forme humaine.
Cet étrange être a été un homme, par le passé, la preuve il a encore son costume beige. Il ne le fut plus, elle le remet en état de fonctionner.
Une sorte de reboot complet...

Il y a du Kafka, du George Orwell, du Matrix des sœurs Wachowski là-dedans...


Une fois qu'elle l'aura remis plus ou moins en état de marche, cette curieuse et énigmatique femme l'aspergera d'eau.
Le matelas mouillé sera alors l'occasion pour l'acrobate de se livrer à de nouveaux et spectaculaires mouvements corporels et autres contorsions et glissades impressionnantes.

 

Ce qui se passera sous nos yeux est alors bluffant.

Le sable fin est en suspension, comme un nuage de particules fines, est éclairé de façon très rasante. C'est très beau.


Il y aura également des musiciens, jouant de la clarinette, du clavier électronique Kork Prologue, (protégé par un plastique, forcément...), puis de l'accordéon et d'un saxophone survolté à la manière d'Ornette Coleman.


Il y aura du texte. Et quel texte !...
On va nous lire une hallucinante histoire de re-naissance, également... Un type qui quitte son open-space pour aller aux toilettes, et là...
Je vous laisse découvrir ce grand moment d'humour complètement déjanté, surréaliste, délirant, mettant en scène là encore une naissance.
D'un gendarme prénommé Didier... Si si...

Puis, l'acrobate pourra donc continuer ses acrobaties, jusqu'au moment où la piste, symbole peut-être de la société sur laquelle il se démène, la piste se dégonflera, ne lui permettant plus d'exister en tant que tel...
Faudra-t-il recommencer entièrement le processus ?

Les cinq tout jeunes membres du collectif Kurz Davor nous proposent donc une réjouissante forme mêlant moult disciplines artistiques.
Bien au-delà du cirque, bien au delà d'une simple démonstration d'une discipline technique et corporelle.
Il faut avoir une belle imagination, une sacrée envie de détoner, d'étonner le public pour réussir cette performance qui ne laisse personne indifférent.
Il faut noter au passage que tous s'occupent également de la technique, des lumières et du son.

Au final, je suis ressorti du Montfort Théâtre enchanté par ce spectacle à la croisée de beaucoup de chemins.
C'est novateur, c'est pointu, c'est drôle, très drôle, c'est fort, c'est rentre-dedans.

J'adore !

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article