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Yohan Durand au Festival Emmenez-moi

© Photo Y.P. -

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Ceux qui l’aiment prendront le train.

C’est en effet un voyageur un peu perdu qui se présente aux spectateurs assis sur la place du marché, à Donnemarie-Dontilly, dans le cadre du Festival Emmenez-moi, organisé par les services du Conseil Départemental.

Un homme à la veste un peu étriquée, au velours un peu passé.
Oui, c’est un voyageur étrange, comme hors du temps qui s’adresse à nous, une petite valise en carton dans une main, un billet SNCF froissé dans l’autre.

Un type légèrement décalé, un personnage qui se serait égaré, qui chercherait son chemin.
Sa destination est inconnue, sait-il lui même où il va ?
Un homme qui se chercherait un but, un objectif.

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Yohan Durand est ce personnage-là.
Artiste complet, le spectacle qu’il va nous proposer en cette belle après-midi estivale va dépasser le cadre pur de son art de diaboliste accompli.

Ils sont rares, en effet, les spécialistes de cet art majeur de la jonglerie qui réussissent subtilement à mettre en scène les diaboliques figures plus ou moins imposées, pour arriver à concocter un spectacle complet, dans lequel le fond le dispute à la forme en terme de réussite totale.

C’est d’ailleurs cette dimension complète du spectacle qui m’a poussé à écrire le papier que vous êtes en train de lire.

Oui, nous allons être embarqués dans un voyage inoubliable, une quête merveilleuse.
Un voyage qui débouchera pour le majorité d’entre nous sur un voyage intérieur, intime et personnel...

Yohan Durand est un clown, qui réserve des adresses jubilatoires au public.
Nous voici apostrophés, pris à partie, provoqués…
Le personnage, amplifié par un micro HF très discret, le personnage annonce très tôt la couleur : lui, par exemple, les enfants, c’est pas trop son truc…
Une fois la surprise passée, nous rirons énormément, nous sommes totalement conquis par cet humour ravageur ou souvent bien plus délicat.


 

© Photo Y.P. -

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Yohan Durand est un poète.
Son spectacle va nous faire rêver, nous plonger dans une sorte d’onirisme, où l’on se prendre très vite à penser que tout peut arriver.
De nombreux moments poétiques nous ravissent, nous enchantent…

Yohan Durand est un mime et un acrobate qui sait utiliser son corps pour faire surgir nombre d’émotions.
Ce travail corporel est fascinant…
Ici, les diabolos peuvent être impossibles à soulever, les valises peuvent peser des centaines de kilos…
Ici, le corps semble être capable de toutes les positions, toutes les acrobaties.

Yohan Durand est un danseur.
Souvent, il met en œuvre une véritable chorégraphie, à la fois subtile et complexe.
Devant nous, le corps danse, avec grâce et légèreté, avec ou sans ces fameux diabolos dont il va bien falloir parler.

Car bien entendu, Yohan Durand est un diaboliste.
Un grand et talentueux diaboliste.

Les diabolos, au sens propre comme au sens figuré prennent vie. Ils vont devenir des personnages à part entière.
Oui, vraiment. Je vous laisse découvrir de quelle façon, une manière là encore très subtile, qui fonctionne pleinement.

Quelle technique possède ce garçon !
Devant nos yeux ébahis, les petits morceaux de caoutchouc dur vont s’animer d’une vie propre !

Les figures qu’il va nous proposer reprennent bien entendu toute la grammaire de cet art : un, deux ou trois diabolos, nos yeux ne croient pas ce qu’ils voient.
Ou comment en permanence défier les règles de la pesanteur….

Grind, Duicide, Fouets, Double-lâcher, Boucles variées, Tourbillons, Fan, Satbras, 42 Sun, Fan Lâcher Fan, j’en passe et des plus difficiles encore, rien ne manque, toutes ces figures sont exécutées de main de maître, avec un sentiment de naturel phénoménal.
Tout semble être facile, tout semble possible, tout semble évident….
Et pourtant que de travail….

Nous allons être mis à contribution, dans une séquence très drôle, où nos « ohhhhhhh ! » et nos « ahhhhhhhh !» vont alterner d’une façon très amusante. Je n’en dis pas plus….

Nous sommes très rapidement conquis, et plus rien ne compte que ce que nous voyons, avec en permanence cette impression d’être complètement éberlués, sidérés.

Au bout d’une heure de spectacle, le voyage arrivera à sa fin.
Mais au fond, l’important n’est-il pas de l’avoir entrepris, ce voyage, et d’avoir envie d’en entreprendre bien d’autres ?

Le personnage n’aura plus qu’à poursuivre son voyage personnel, nous tournant le dos pour partir, un peu comme Charlie Chaplin s’éloignant vers l’horizon, à la fin du film Le cirque.

Ne manquez sous aucun prétexte Yohan Durand, si son spectacle est programmé près de chez vous.
Le fond et la forme, vous dis-je, au risque de me répéter.
Un spectacle inoubliable.

© Photo Y.P. -

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