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Gogo Penguin en concert au Festival Django Reinhardt

© Photo Y.P. -

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La transe d’en haut !

Gogo Penguin, ou comment envoûter et pratiquement hypnotiser le public du Festival Django-Reinhardt !

Vous prenez trois jeunes et talentueux musiciens, de préférence tous issus de Manchester en général et du Royal Northern College of Music en particulier.
Un pianiste, un contrebassiste et un batteur. Somme toute une formation on ne peut plus classique dans le petit monde du jazz.

Ces musiciens devront être nourris au lait des grands compositeurs classiques contemporains, de préférence itératifs et minimalistes, comme par exemple Steve Reich ou Philip Glass.

Vous demandez à ces trois-là de composer des pièces éthérées, oniriques, pouvant provoquer quantité d’émotions et d’images chez ceux qui reçoivent leur musique.

Vous les confiez à un ingénieur du son qui n’a pas peur de parer cette musique de toutes sortes de réverbérations, delays et utres effets numériques.

Vous obtiendrez alors un passionnant et électrisant concert comme celui que nous ont proposé hier soir Chris Illingworth au piano, Nick Blacka à la contrebasse et Jon Scott à la batterie (qui a remplacé Rob Turner en décembre 2021.)

© Photo Y.P. -

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Manchester very united !
Ces trois-là donnent dans un jazz très contemporain.

Ici, pas de swing, pas de chabada.
Non, en l’occurrence, ce sont des pulsations et des grooves très carrés, parfois étranges, avec des mesures complexes, des rythmes au fond du temps, implacables et puissants, dont s’emparent les trois guys.
Une musique qu’on se plaît parfois à décrire comme de l’électro, mais totalement acoustique. (excepté peut-être l’utilisation d’un synthétiseur Moog par Nick Blacka.

 

Il y a effectivement quelque chose de la transe qui se dégage de ces morceaux à base de cellules mélodiques et rythmiques répétitives, voire lancinantes mais jamais ennuyeuses ou lassantes.
Il se passe toujours quelque chose de très intéressant lorsque vous écoutez attentivement ces compositions plus sophistiquées qu’il n’y paraît au premier abord. Des compositions souvent en mode mineur.

 

© Photo Y.P. -

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La rythmique basse-batterie est véritablement implacable.
La batterie de Jon Scott délivre une nappe de lave en fusion permettant à Nick Blacka de poser des lignes de basse profondes, intenses et compressées.
Ces deux-là, dans un ensemble à la fois métronomique et sans répit nous font vibrer et ressentir des vibrations dans tout le corps.
Il y a quelque chose d’organique, de viscéral, chez Gogo Penguin.

Nick Blacka est un virtuose de la contrebasse, allant jusqu’à slapper, avec un hallucinant jeu au pouce.
Il n’hésite pas à s’emparer de son archet pour produire des sons saturés et parfois distordus.
Oui, les cordes doivent chauffer, à la fin du set !

Sur cette rythmique de braise, Chris Illingworth peut jouer au piano des cellules mélodiques elles-aussi répétitives, dans les medium-aigus du clavier, à base d’accords toujours en mode mineur, des myriades de notes itératives, martelées avec une insistance jamais rébarbative, bien au contraire.

 

Cette musique nous permet à nous autres spectateurs de nous embarquer dans un voyage intérieur.
Chacun d’entre nous peut se forger quantité d’images, abstraites ou au contraire figuratives.
Gogo Penguin, c’est aussi une invitation à nous embarquer dans une rêverie, à vagabonder dans nos représentations mentales les plus intimes.
Nous sommes en permanence dans une sorte de paradoxalement délicate et exaltante tristeza, je me répète toujours en mode mineur.

Le titre Murmuration, au tempo lent sera particulièrement propice à ce vagabondage émotionnel.

Les trois compères sont venus présenter la version live leur dernier album en date, sorti très récemment, Everything is Going to Be OK.
Les nouvelles compositions sont évidemment très attendues par les fans.

Certes, on sort d’un concert de Gogo Penguin un peu abasourdi par le niveau sonore.
Mais cette puissance n’est là que pour mieux accentuer cette impression de transe fascinante délivrée par la musique.

Pour leur deuxième passage à Fontainebleau, les trois musiciens se sont vus réserver une véritable standing ovation avec des rangs entiers de spectateurs debout.
Ce n’est que justice !

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