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Rhoda Scott Lady All Stars en concert au Festival Django Reinhardt

© Photo Y.P. -

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Retour à la case départ  pour celle qui en 1967 traversa pour la première fois de sa vie l’Océan atlantique, pour venir s’installer à Fontainebleau suivre au conservatoire américain les cours d’une certaine Nadia Boulanger.

Pour ce premier temps fort du Festival Django-Reinhardt, Rhoda Scott, la demoiselle de 83 ans, est toujours aussi impressionnante de virtuosité et de technique.


Celle qui commença sa carrière à huit ans dans les petites églises du New Jersey tire toujours autant de sons vibrants et lumineux de son orgue Hammond B3.

Elle sait comme personne tirer le meilleur des possibilités techniques de l’instrument.

Le toucher de la grande dame est d’une incroyable précision, que ce soit dans les délicats déliés mélodiques, ou les puissants accords caractéristiques, magnifiés par le rotor de la cabine Leslie.

Il y a quelque chose de félin dans sa façon de caresser les touches des deux claviers, avec délicatesse et sensualité, sans oublier des « coups de pattes » enfiévrés qui ravissent les aficionados.

Et puis, bien entendu « la marque de fabrique » de l’immense musicienne : les pieds nus qui assurent les lignes de basses, les walkin bass elles aussi phénoménales. Pas besoin de contrebassiste dans le groupe !

Tout en nuances, en délicatesse et en finesse, Miss Scott est une nouvelle fois, encore, toujours aussi impressionnante.

Et drôle. Ses interventions au micro avec son délicieux accent, pour présenter les titres interprétés ou ses camarades de jeu déclenchent les rires du public.

Elle n’est pas seule sur la scène Django, Rhoda Scott.

A ses côtés, le groupe féminin Lady All Stars, même si « pour montrer que nous ne sommes pas sexistes » nous dira la patronne, Julien Alour sera le seul musicien du concert.

Un groupe composé des toutes meilleures spécialistes dans leur domaine.

Ananda Brandao et Julie Saury siègent chacune derrière leurs toms et cymbales, Céline Bonacina est au saxophone baryton, Sophie Alour au ténor. Jeanne Michard et Lisa Cat-Bero sont au sax alto.

Plus Julien Alour, donc, la trompette et au bugle.


Dès le premier morceau, un magnifique sentiment de cohésion musicale va se dégager.

Un sentiment de puissance, à la fois intense et paradoxalement délicate, avec City of the rising sun, une composition de Melle Cat-Bero qui va immédiatement donner au public des fourmillements dans les jambes.
Pour groover, les deux batteuses groovent !
Avec deux batteries, le rythme et la pulsation sont on ne peut plus fougueux et profonds !



Le quintet de soufflantes et soufflant impressionne par l’osmose qui saute dès les premières notes aux oreilles.
Le somptueux arrangement des cuivres nous prouve que la saxophoniste est également une compositrice inspirée.

De très grands moments musicaux nous attendent.

Dans Escapade, signé de la trompettiste Airelle Besson, qui n’est pas ce soir sur scène avec ses petits camarades, Julien Alour prend son premier solo de la soirée, intense et lumineux.
Le passage de la partie swinguée à la pulsation sur le fond des quatre temps de la mesure ravit les connaisseurs.

Les saxophonistes ne seront pas en reste, chacune prenant dans la soirée et à son tour la parole musicale.


Ce sera notamment le cas de Sophie Alour, dans le titre d’Anne Pacéo Les châteaux de sable.
La musicienne une nouvelle fois ravit le public, utilisant toutes les possibilités du ténor, que ce soit dans les graves ou les notes très aigües.

Aux moments les plus intenses, Sophie Alour nous prouve en plissant des yeux la grande difficulté de certains passages joués.

Elle allie une immense et irréprochable virtuosité technique à une grande sensibilité de tous les instants.
Les notes se succèdent rapidement, certes, mais jamais la technique n’est là uniquement pour la technique. Son discours musical, clair, concis, limpide et souvent bouleversant procure beaucoup d’émotions.


Il faut noter que c’est Melle Brandao, avec ses mailloches qui débute ce morceau, magnifiant le lyrisme onirique voulu par la compositrice. (Anne Pacéo qui le lendemain viendra d’ailleurs présenter ici même sur scène son nouvel album S.H..A.M.A.N.E.S.)

Céline Bonacina ne sera pas en reste avec son baryton qui démarre souvent les morceaux les plus funks, avec des motifs répétitifs dans les ultra-graves, imprimant un rythme inflexible et musclé, comme par exemple dans R&R.

Et puis les deux saxophonistes alto nous démontreront également tout leur talent.
Jeanne Michard jouait hier pour la première fois avec le groupe, et nous de comprendre aisément pourquoi elle a été choisie. (Elle était déj
à venue nous enchanter avec son propre groupe au Théâtre de Fontainebleau, voici quelques mois.)

Spécialiste française incontestée de l’alto, avec des musiciens comme Pierrick Pedron ou Géraldine Laurent, Lisa Cat-Bero nous démontre s’il en était encore besoin tout son talent et tout son savoir-faire, jamais gratuits, au service du plus grand lyrisme.


Nous aurons également la chance d’entendre une composition de Julie Saury, Laissez-moi (Rhoda Scott nous expliquera le pourquoi du titre…)
Cette valse swing nous procurera bien des émotions. Le très beau thème sera notamment interprété par Julien Alour au bugle doré.

La technique de Julie Saury impressionne les batteurs amateurs dans le public !

Et puis voici l’organique et viscéral I wanna move, dans lequel les deux batteuses se livreront a un sidérant chase, un solo croisé. Tout le public est admiratif !

Durant tous ces moments individuels, Rhoda Scott suit du regard les différents protagonistes qui s’expriment. Un regard souvent admiratif.
Et en effet, on ne peut que l’être...
Rhoda Scott, comme une grande sœur qui aurait pris sous son aile ses cadettes et cadet.

Tout au long du spectacle, les musiciens
nous montrent leur plaisir de jouer ensemble, avec un respect tout à fait palpable les uns envers les autres.
On dit parfois que le musiciens de jazz semblent s’ennuyer sur scène, ici, c’est vraiment tout le contraire. Tous s’amusent !

Une véritable ovation saluera l’octet, dès les dernières notes envolées.
Quoi de plus normal et de plus mérité !
Rhoda Scott et sa petite troupe auront enchanté tous les festivaliers, dont beaucoup dansaient devant la scène.

Merci pour tout, Miss Scott ! Encore et toujours ! 

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