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Robinson Khoury en concert à l'Astrada / Jazz in Marciac

© Photo Y.P. -

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Robinson Khoury en concert à l'Astrada / Jazz in Marciac

Le plateau et la coulisse réunis !

Quand délicatesse et subtilité se retrouvent sur la scène de l’Astrada, pour un concert mémorable de l’un des meilleurs trombo
nistes hexagonaux, je veux bien entendu parler de Robinson Khoury.

Celui que l’on a retrouvé ces temps-ci au sein de multiples projets jazzistiques, comme par exemple le très récent Meva Festa de Laurent Coulondre (cf lien ici même), ou l’an passé le MP 85 de Michel Portal, celui-ci nous présentait son dernier album en date Broken Lines.
Faut-il rappeler qu’un précédent l’avait couronné aux Victoires du jazz « révélation de l’année ? »

Les lignes brisées, donc.

Parce que le jazz n’est pas seulement fait que de grilles austères et convenues , c’est aussi des chemins de traverse, des sentiers qui permettent de vous perdre dans des voyages intérieurs.

Le jazz de Robinson Khoury nous emmène loin, dans des paysages sonores et musicaux souvent éthérés, oniriques, parfois luxuriants.
Des paysages toujours passionnants, où rien n’est jamais gratuit ou en trompe-l’oeil.
Un jazz à la fois personnel et lyrique.

Tout commence avec Réminiscences.
Une remarquable entrée en matière, avec une ambiance toute feutrée, où les notes du trombone aux effets réverbérés captivent les spectateurs de la salle.
Sur scène, il n’est pas seul, puisque à ses côtés, se retrouvent les talentueux Pierre Tereygeol à la guitare et à la voix, Mark Priore au piano, Etienne Renard à la contrebasse et Elie Martin-Charrière à la batterie.

Tous le rejoignent à la voix pour former un chœur aux harmonies envoûtantes, pour un hommage à Benjamin Britten, dont le tromboniste nous avoue avoir chanté une partie de son répertoire, enfant.

Kubism suit, le premier titre de l’album.
Distancing from reality, un hommage
ensuite à la solitude positive, celle qui permet de découvrir une intériorité personnelle et d’explorer d’autres chemins en soi.

Ce qui frappe dans la musique de Robinson Khoury, ce sont les contrastes et les couleurs générées par les différents instruments.
Au son rond, suave, feutré du trombone, répondent les notes cristallines de la guitare
acoustique (sur laquelle le guitariste pose divers objets, comme par exemple une petite boîte à musique, une kalimba, ou encore une feuille de papier coincée dans les cordes.)

Quant à Mark Priore au piano, il nous prouve lui aussi sa virtuosité sans jamais tomber dans le cliché ou l’ennui.


Robinson Khoury chante lui aussi, (on sent évidemment une technique vocale remarquable), et peut s’accompagner en se frappant sur le torse, comme dans Earth and Space, une chanson présentée avec beaucoup d’humour comme tellurique et spatiale.

Humour également, avec ce titre au cours duquel nous nous retrouvons dans une impression de free jazz évoquant un « Paris panoramique », un free légèrement caricaturé pour notre plus grand plaisir.
C’est le morceau Circled Blocks.

La façon dont joue le tromboniste est assez fascinante.
Arc-bouté sur ses deux jambes, on a l’impression qu’il puise son énergie viscérale au plus profond. Témoin également de cette impression, ces gestes un peu brusques qui ponctuent certaines de ses phrases musicales ou les fins de certains morceaux.
Des fins
souvent étonnantes de par leur caractère vif et inattendu.

Les musiciens s’amusent sur scène, j’en veux pour preuve la jubilation qu’ils ont à interpréter de façon parlée une espèce de dialogue loufoque et ludique composé d’onomatopées, d’interjections et de répétition d’une même phrase.

Un qui va nous fasciner également, c’est le jeune Elie Martin-Charrière, qui va martyriser ses fûts et ses cymbales pour notre plus grand plaisir, pour un solo très technique et très puissant.
Pour autant, il est capable d’une grande sensibilité et d’un feeling
très habité.

C’est l’occasion de remarquer la grande sophistication des parties rythmiques de nombre de compositions, avec parfois des mesures composées, notamment à 7 temps.

Il serait hors de question de se quitter sans un rappel.
Une chanson d’amour dédiée à la chère, tendre
et bagnéraise de M. Khoury, au titre on ne peut plus signifiant : U and I .
Il chantera la plus grande partie de ce morceau lent un rien langoureux (forcément…), générant ainsi une grande émotion dans le public
en général et dans la belle famille présente pour l’occasion en particulier.

La majeure partie des spectateurs se lèvera pour saluer comme il se doit ce magnifique moment musical.
Un moment singulier, mémorable et fascinant !

© Photo Y.P. -

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