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Robin McKelle en concert au Duc des Lombards

© Photo Y.P. -

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Tout comme Ella, Robin, elle l’a !

Résumé des épisodes précédents.
En juin dernier, nous avions laissé Robin McKelle au festival Django Reinhardt, à Fontainebleau, pour un mémorable concert dans lequel elle revisitait des standards de la STAX, le mythique entreprise d’enregistrement et de distribution de disques Satellite Records, créée en 1958 à Memphis Tennessee par Jim STewart et sa sœur Estelle Axton.

La chanteuse américaine revient pour trois soirées au Duc des Lombards, afin de nous présenter son prochain album, Impressions of Ella, dont la sortie est prévue en juin prochain, un album consacré à une icône du jazz, l’immense Ella Fitzgerald.
Un retour aux sources, un retour aux fondamentaux.

Reprendre des chefs d’œuvre de la grande Ella n’est pas donné à tout le monde.
Beaucoup s’y sont essayé, sans grands résultats.
Il faut avoir une voix, une importante tessiture, une sacrée technique, une capacité à swinguer, à scatter, sans oublier une réelle présence sur scène et un vrai charisme.

Robin McKelle possède toutes ces qualités-là.
Pour autant, elle ne va pas se lancer dans une « imitation », un copier-coller de la grande dame.
Qui d’ailleurs pourrait se vanter d’imiter à la perfection l’unique Ella Fitzgerald, je vous le demande un peu ?
Et quel intérêt, d'ailleurs ?

Non. Tout en interprétant d’incontournables standards, Miss McKelle va se livrer à une passionnante appropriation toute personnelle.
La chanteuse propose ses propres versions de ces chansons éternelles, définitivement inscrites au patrimoine culturel de l’humanité.
Certes, nous retrouverons tout ce qui fait qu’on adore Ella, mais au cours de ce set, Robin McKelle nous fait comprendre combien elle a su ne pas tomber dans le piège.

La voix !
Une voix chaude, suave, sensuelle, qu’elle force beaucoup moins que dans le répertoire STAX, et pour cause, une voix avec un très léger petit souffle (qui conviendra parfaitement à la reprise de Embraceable you (la chanson des frères George et Ira Gershwin, certes popularisée par Billie Holiday mais reprise par Ella en 1959) !
Cette voix va impressionner durablement le public de connaisseurs du Duc, durant l’heure et demie que va durer le set.

Un set qui commence fort, très fort !
Something’s gotta give ! Rien que ça !
Et nous de comprendre que nous allons vivre un passionnant moment de jazz.
Pour swinguer, ça swingue !

Avec ses trois sidemen qui démontreront à de multiples reprises leur grand talent, les excellentissimes Jonathan Thomas au piano, Eric Wheeler à la contrebasse et l’autre Jonathan, Barber, à la batterie, la chanteuse enflamme dès les premières phrases musicales la salle.
Nous savons déjà que l’hommage sera réussi.

Avec Taking a chance on love, Miss McKelle entame un premier scat, caractéristique du style fitzgeraldien.
Quelle technique, quelle précision vocales, quel sens du phrasé inséré dans un swing profond, quelles finales éthérées !
C’est du grand art !

Voici venir Caravan, autre standard repris par Ella, que Miss Robin donne dans une version toute personnelle, un peu chaloupée, à l’ambiance très colorée.
La walkin’ bass de Mr Wheeler est jubilatoire !

Robin McKelle nous bouleverse avec donc sa version d’Embraceable You, avec lequel toute sa personnalité propre transparaît. C’est magnifique, lumineux !

Oh ! Desafinado !
Direction le Brésil, avec une rythmique très intéressante, un peu syncopée.
La contrebasse d’Eric Wheeler ne joue pas la traditionnelle boucle de la bossa-nova (fondamentale-quarte inférieure doublée, fa-do-do , fa-do-do, sol-do-do, etc.), mais des fondamentales doublées ( fa-fa, fa-fa, sol-sol, etc...) sur toute une mesure, ce qui se révèle très réussi.
Le public est aux anges.

Old Devil Moon, Lullaby of Birdland (« faster, faster !», plaisantera la chanteuse, en direction de ses musiciens)
Nous sommes invités à participer, avec nos petits moyens vocaux, et nous ne nous faisons pas prier !
Encore un phénoménal scat : Robin McKelle connaît son sujet !

Avec Head High, sa seule composition personnelle de la soirée, la demoiselle parle des femmes aux femmes.
Mes sœurs, gardez toujours la tête haute !
Le message passe à la perfection ! Reçu cinq sur cinq !

April in Paris plonge la salle dans un intense silence : comment ne pas être submergé par la beauté de cette nouvelle reprise par cette « amoureuse de Paris », comme elle se qualifiera, elle qui parle parfaitement le Français.
Un autre bouleversant moment musical.
Jonathan Barber se livre à un beau solo avec ses balais, à la fois percutant et intimiste.

La fin du set sera explosive avec l’enfiévré How high is the moon, un étonnant et très personnel I must have that man (pour présenter la chanson, elle plaisante dans la langue natale, c’est très drôle…). Le chase voix-drums est formidable.

Et puis ce sera pour terminer un hallucinant Hallelujah I love her so, qu’elle entrelarde d’extraits de Hit the road Jack, du même Ray Charles.
L’ambiance est à son climax, plus personne ne tient en place dans la salle. C’est un vrai délire !

Un tonnerre d’applaudissements salue le concert, avec une inévitable demande de rappel.
Ce sera l’emblématique, l’icônique, le légendaire A tisket, a tasket.

Le public est alors conscient d’avoir vécu un grand moment de jazz. On se précipite pour féliciter la chanteuse, très accessible, très disponible pour un petit mot à chacun.

Vivement juin prochain, avec la sortie de l’album, afin de retrouver cet hommage vibrant rendu à l’une des plus grandes chanteuses de jazz.
Miss Firzgerald, avec Robin Mc Kelle, votre héritage est entre de très bonnes mains !

Jonathan Thomas - © Photo Y.P. -

Jonathan Thomas - © Photo Y.P. -

Eric wheeler - © Photo Y.P. -

Eric wheeler - © Photo Y.P. -

© Jonathan Thomas - © Photo Y..P. -

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