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Philippe est allé interviewer Jean-Baptiste, William, Anton et les autres...

@Photo Creative Commons

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Philippe s’en est allé interviewer William, Jean-Baptiste, Anton, Georges et les tous les autres.
Monsieur Tesson est donc en compagnie de Shakespeare, Molière, Tchekhov, Feydeau, à qui il est en train de poser des questions dont hélas, nous ne connaîtrons jamais les réponses.

La première fois que j’ai osé aborder Philippe Tesson, ce fut pour le remercier.
Il haussa les sourcils, prenant un air étonné.
Oui, je le remerciai pour le magnifique papier qu’il avait consacré à son confrère Claude Cabannes, qui venait de décéder.

C’est peu de dire que Philippe Tesson et Claude Cabannes, alors éditorialiste à L’humanité, ne partageaient pas les mêmes opinions politiques.

Les échanges passionnés les opposant sur le petit écran, qui naguère proposait de vrais débats constructifs et éclairants, ces échanges furent les preuves de ces divergences.

Des divergences fondamentales qui jamais ne privèrent les deux hommes de se porter un mutuel respect, comme en témoignait ce papier merveilleux.
Là où ils sont, ils discutent inévitablement du bien-fondé du projet de réforme des retraites du gouvernement Borne.


Plus tard, dans une sorte d’inconscience qui me paraît encore aujourd’hui totalement démesurée, je lui ai proposé une interview radio, qu’il avait acceptée.
C’était en juin 2O17, à l’occasion du spectacle Colette et l’amour, qu’il avait concocté avec la passion que l’on sait, mettant en scène l’immense Judith Magre.

Croyez-moi, je n’en menais pas large.
Le grand journaliste répondit à mes questions avec l’érudition et la passion du théâtre que l’on sait.
Ce fut pour moi un merveilleux moment, inoubliable, à jamais gravé dans ma mémoire.
Tendre un micro à Philippe Tesson, dans son théâtre !
Il me remercia et j’ose l’avouer, me félicita « pour la pertinence de vos questions ».
Je n’étais pas peu fier…

Nous nous sommes croisés à maintes reprises, dans les théâtres parisiens, ici et là.
« - Bonjour M. Tesson
– Bonjour Yves.
 »
Sa voix unique, reconnaissable entre toutes résonne encore à mes oreilles.

Notre dernière rencontre date du 24 novembre dernier.
Hasard des placements à la Comédie Française, nous étions assis côte à côte au Vieux Colombier, pour la représentation de La reine des neiges, spectacle mis en scène par Johanna Boyé.
Je lui montrai le programme fourni par l’ouvreuse, et lui fis remarquer les photos « torses nus » des Comédiens français, et lui dit que Eric Ruf avait assurément décidé d’ouvrir un camp de nudistes.
Il avait ri.

Nous autres, modestes collègues-critiques de Philippe Tesson, nous ne le croiserons plus, un peu voûté, les lunettes sur le front, dans les travées des théâtres parisiens.
Nous n’échangerons plus nos points de vue.
Nous ne réagirons plus à ses papiers toujours si pertinents, même si parfois nous osions n’être pas tout à fait d’accord.
En revanche, nous penserons toujours à lui, nous attendant à le voir assis dans le même rang que nous.

Merci pour tout Monsieur Tesson.

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