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La dame blanche

© Photo Y.P. -

© Photo Y.P. -

Toi aussi, la peur tu connaîtras !


La peur de cette Dame blanche, qui hante le manoir d'Avenel, en pleine lande écossaise, au pays des Highlanders !


Tiré d'une histoire du célèbre Walter Scott, « l'inventeur » du roman historique, cet opéra créé en 1825, fut complètement oublié après avoir été le premier à être joué plus de mille fois à l'Opéra Comique.


Un opéra composé par François-Adrien Boieldieu, sur un livret d'Eugène Scribe, et que les amateurs de l'époque n'hésitaient pas à comparer aux plus belles œuvres de Rossini.
Un opéra qu'Olivier Mantéi a eu la bonne idée de remettre au goût du jour, en confiant la mise an scène à Pauline Bureau, qui avait déjà adapté salle Favart la Bohême de Puccini.

L'argument du livret est assez simple : Georges, un soldat amnésique et Julien, un jeune lord disparu (le fils des propriétaires du manoir en question), vont ne faire qu'une seule et même personne.
Le public le sait bien, ici, pas de suspens.
Anna, une jeune pupille restée au château en compagnie de la gouvernante Marguerite, ne va pas hésiter à se transformer en Dame blanche afin de contrecarrer les plans du fourbe intendant Gaveston désireux d'acquérir le château et hériter ainsi du titre nobiliaire.
Tout finira bien, Georges et Anna s'éprendront l'un de l'autre.

 

Pour la petite histoire, c'est une œuvre qu'Hergé connaissait bien : il en emprunta notamment la fin pour son Trésor de Rackham le Rouge, et en fit chanter l'un des airs principaux par Tintin dans le Crabe aux pinces d'or.
(Le costume d'Anna sur cette production, chandail bleu clair et col-claudine blanc, n'est d'ailleurs pas sans rappeler les codes-couleurs de la tenue du célèbre reporter...)


Pauline Bureau a bien compris que dans cette œuvre, ce n'était pas la résolution de la trame narrative qui comptait, mais bien les moyens d'y parvenir.
D'entrée de jeu, dès l'ouverture, nous verrons le fantôme, alors qu'il n'apparaît « en chair et en os » sur le plateau qu'au deuxième acte seulement.


La metteure en scène va judicieusement mêler le thème du fantastique-gothique à celui de l'enfance.
Le merveilleux sera le dénominateur commun de ces deux thèmes, avec des moments magiques, qui ne sont pas sans évoquer parfois le monde de Tim Burton.
Les enfants, petits ou grands, ce sont ceux qui sont capables de croire au Merveilleux.
L'enfance perdue, l'enfance retrouvée...

Elle a d'ailleurs fait appel au magicien Benoît Dattez pour régler toutes ces scènes d'illusions très réussies.

Décidément, et ce, pour nos plus grands bonheur et plaisir, il y a un style, une marque de fabrique Pauline Bureau.
A son habitude, elle utilise la video à très bon escient pour ouvrir la dramaturgie et la scénographie.
La lande, le ciel chargé, l'orage, d'étranges aurores boréales, des décors intérieurs du manoir sont représentés, grâce au talent graphique de Nathalie Cabrol.
Tout ceci est très subtil et fort délicat.

Nous pouvons constater cette fois-ci encore une dimension verticale dans le travail de la metteure en scène, où plusieurs niveaux accueillent les différentes péripéties dramaturgiques.

Melle Bureau a tout particulièrement peaufiné le personnage d'Anna.
Ce personnage principal est une jeune femme qui va se transformer devant nous, acquérir une autonomie, une réelle envergure, ainsi qu'une vraie féminité.
En Dame blanche au loup noir, (elle m'a fait penser à Fantômette), elle incarne sorte de super-héroïne, dotée de super-pouvoirs déclenchés par une baguette-cravache magique.

Anna et son Georges nous font rire également. Des petits moments burlesques, des gags subtils et furtifs parsèment les deux heures et demie de la représentation.

 

Photo de répétition

Anna, c'est la soprano Elsa Benoît, Georges est incarné par le ténor Philippe Talbot.
Les deux chanteurs vont rivaliser de virtuosité : il faut beaucoup de talent et de technique vocale pour aborder ces rôles.

Certains airs, très applaudis hier soir, n'ont en effet rien à envier à certains « tubes » rossiniens.
 

Le choix de ces deux chanteurs est très cohérent.

Le baryton Jérôme Boutillier incarne de bien belle façon l'intendant Gaveston. Il est drôle en « nouveau riche » voulant à tour prix devenir châtelain à la place du châtelain.
Hier, un fou-rire l'a pris, à la suite du bris de sa cravache. Menacer son vis-à-vis avec une cravache qui pend mollement vers le sol, ceci n'est guère évident. D'où l'éclat de rire ! C'était d'un comique !

De plus, j'ai beaucoup apprécié Yann Beuron, en chef de clan, et Sophie Marin-Degor interprétant la femme du chef.
Les deux sont en quelque sorte le pendant du couple principal.
Un couple déjà bien établi, comme pour montrer la voix au couple en devenir.

C'est le remarquable ensemble Les éléments qui a été choisi comme choeur, au sein de cette production. Là-encore, un choix judicieux.
Les choristes dégagent beaucoup d'homogénéité, de profondeur et de cohérence vocale.

Julien Leroy est à la baguette et dirige avec brio l'Orchestre National d'Ile-de-France.

Je n'aurai garde d'oublier de mentionner les somptueux costumes d'Alice Touvet, à base de différents tartans et autres accessoires vestimentaires écossais.
Les chanteurs en kilt portent-ils ce vêtement de façon traditionnelle ?
Ceci ne nous regarde pas !

Cet opéra méritait vraiment ce retour sous le feu des projecteurs de l'Opéra Comique.
On comprend pourquoi la place devant cette salle porte le nom du compositeur, François-Adrien Boieldieu.

Ne manquez donc pas de venir découvrir cette Dame blanche, dans la mise en scène réjouissante et toujours inspirée de Pauline Bureau.
Cette production est une nouvelle et épatante réussite.

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