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Jowee Omicil - Jazz au Théâtre de Fontainebleau

© Photo Y.P. -

© Photo Y.P. -

Un phénomène !
Jowee Omicil est un sacré phénomène !


Ou comment transformer un concert de jazz en une véritable fête, en une heure et demie de communion intense, luxuriante et débridée avec le public.


Ou comment la drôlerie, l'humour et la loufoquerie s'allient parfaitement à la virtuosité de ce musicien canadien, d'origine haïtienne, pour offrir aux spectateurs un concert étonnant et galvanisant, qui ne ressemble à aucun autre.


Un concert destiné à un but très précis : donner énormément de plaisir, certes, mais peut-être et surtout rendre au jazz son côté populaire, nous dira Mister Omicil.
« C'est ça, le jazz », nous fera-t-il répéter plusieurs fois.


BasH !
Tel est le cri de guerre de Jowee Omicil pour fédérer ses musiciens et son public.
Ce cri de guerre est le titre éponyme de son avant-dernier album. Une onomatopée qu'il va utiliser de nombreuses fois, et qu'il fera scander à plusieurs reprises par nous autres dans la salle.
(A certains moments, il me fera penser au chanteur Screamin' Jay Hawkins, à sa façon de « chauffer le public ».)

L'arrivée du multi-instrumentiste souffleur est presque surréaliste.
Le pas et la démarche nonchalants, il pénètre sur la scène, avec dans une main son sax ténor, et dans l'autre une espèce de sac de sport, duquel il va déballer tout son « fourbi ».
Un sax alto, deux soprano, une petite trompette, une clarinette...

Ne nous y trompons pas : sous ses airs de ne pas avoir l'air d'y toucher, Jowee Omicil est un virtuose. Un véritable virtuose très inspiré !
Sa bonhommie, sa volubilité, son humour ravageur ne doivent pas faire oublier son incroyable technique et son immense sensibilité.
Issu de la prestigieuse et renommée Berkley high school of music de Boston, et du Thelonius Monk Institute, le musicien est une sacrée pointure !

Tout au long de la soirée, nous allons comprendre les multiples influences de ce saxophoniste.
Des titres très variés vont se succéder.
Un véritable métissage culturel sera de mise.

Avec des clins d'oeil à Monk, à Ornette Coleman (dont une séquence free débridée, avec l'excellent batteur Arnaud Dolmen, qui va se déchaîner), des traits d'inspiration birdienne, deux doigts de musique classique et de comptines, avec des titres bebop ou hardbop mais aussi des pièces d'influence caribéennes, biguine, calypso chaloupées.

Tous les morceaux sont passionnants, très inspirés, jamais répétitifs, il se passe toujours quelque chose d'intéressant.

Jowee Omicil chante également. Et notamment une magnifique complainte, une mélopée sourde, intense, triste. Il l'interprète la tête en arrière. A la fin, lorsque il baisse la tête, nous nous rendons compte qu'il a pleuré.

Le souffleur est entouré d'un quatuor d'excellents musiciens.

Deux pianistes, assis côte à côte, le guadeloupéen Jonathan Jurion et le californien Randy Kerber se partagent le Steinway ans Sons, le Wurlitzer électrique et le piano numérique Nordlead Stage 3.
Là aussi, beaucoup de virtuosité et de technique instrumentale au service des thèmes énoncés par le soliste.

A la basse aux cordes de couleur, le camerounais aux pieds nus Jendah Manga délivre imperturbablement une bien belle assise rythmique avec son compère batteur lui aussi très inspiré Arnaud Dolmen.
(Je vous recommande au passage très chaudement le dernier album d'Arnaud Dolmen, un album intitulé Tonbé Levé.)

Tout au long du concert, Jowee Omicil, pince-sans-rire, un rien provocateur, s'adressera en anglais et en français (il s'auto-traduit...) aux spectateurs, de façon souvent hilarante pour nous faire chanter, pour nous faire participer de façon active à cette fête du jazz.
Il descendra d'ailleurs dans la salle afin d'être au plus près du public.

Sur scène, tous s'amusent également beaucoup.
La présentation des musiciens donnera d'ailleurs lieu à nombre de fou-rires.
Comme on est loin de ces sets où les jazzmen semblent s'ennuyer !
Ici, l'important, c'est le partage, l'échange, la communion par le filtre de la musique jazz.

A la fin du concert, la salle entière se lève, pour une standing ovation amplement méritée.
Un concert et un artiste vraiment uniques en leurs genres !

 

Bash ! basH ! Double basH ! Triple basH !

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