Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Le GROô en concert à l'Astrada / Festival Jazz in Marciac

© Photo Y.P. -

© Photo Y.P. -

Une leçon !
Ces douze très jeunes musiciens et leur directeur musical nous ont donné une leçon de cohésion, d’enthousiasme, de joie de jouer.
Et de talent musical ! Surtout !

Un concert auquel certains « professionnels de la profession » feraient bien d’assister, pour revenir de temps en temps aux fondamentaux.
Des musiciens jouent ensemble, bien, très bien, avec envie et passion, afin de donner du bonheur et du plaisir aux spectateurs venus les écouter.

Ces douze jeunes gens sont les membres du du GROô, le Grand Orchestre Jazz Régional d’Occitanie, créé en 2017, à l’initiative du réseau OcciJazz, dans le cadre d’un projet d’accompagnement à la professionnalisation de jeunes musiciens et musiciennes jazz d’Occitanie.

Et ce, dans une phase de transition entre la dernière année d’étude (la dernière année de 3ème cycle de différents conservatoires à rayonnement départemental ou régional, au cours de laquelle les étudiants sélectionnées sont accompagnés pendant un an et demi) et le monde professionnel.
Au cours de cette année et demie, Trois étapes prévues:
- la
participation à des master classes
- des ateliers de pratique collective
- la restitution du travail de composition lors de concerts en public.

C’est donc dans ce cadre de restitution de fin d’études que ces douze musiciens étaient réunis à l’Astrada pour nous faire écouter ce dont ils sont capables.

Après Fred Pallem et Ève Risser, c’est au tour de David Haudrechy, fondateur du grand format INITIATIVE H de diriger cet orchestre, avec pour cette édition 2023 une rétrospective des œuvres composées durant ces six dernières années pour les différentes promotions du GROô.

Ce qui va primer cette après-midi, c’est cette magnifique impression de cohésion et d’addition d’individualités talentueuses (je persiste et je signe), au service d’un ensemble et d’une indéniable et très belle pâte sonore.

Durant presque une heure et demie, ces jeunes vont nous démontrer à la fois leur technique et virtuosité respective, mais ils vont également nous prouver leur capacité à jouer ensemble, au service d’un seul et même propos musical.

La plupart des morceaux seront articulés autour de trois pôles : la section rythmique, la section vents et une voix (celle de Lucie Revel).
Cette voix, ces vocalises souvent dans les extrêmes aigus, sera traitée comme un instrument à part entière, et non comme une ligne mélodique faite de paroles qui viendrait se superposer sur la section rythmique.
En ce sens, j’ai retrouvé une démarche à la Magma. La voix vient s’additionner aux autres musiciens pour former des blocs d’accords harmoniques ou des clusters plus ou moins dissonants.
La « masse sonore » générée ainsi est particulièrement intéressante, avec ces vocalises qui réussissent à proposer à la fois un tout et une subtile opposition avec le restant des instrumentistes : comme une ambivalence.

Souvent éthérée, la voix de Mademoiselle Revel confère aux compositions un caractère presque onirique. Parfois, elle va jusqu’à pousser des sortes de cris. L’effet est à la fois étonnant et très réussi.

Le jazz de ces douze-là est résolument contemporain.
Ici, nous sommes dans des contrées musicales et artistiques exigeantes, mais jamais ennuyeuses ou ennuyantes. Ce qui se passe sur le plateau est toujours séduisant, avec des mesures souvent à quatre temps, mais parfois qui se complexifient comme celle à sept temps qui procure une sorte de déséquilibre épatant.

Pour groover, ça groove.

A la batterie, Théo Lévis imprime un rythme au fond du temps. La technique est là, palpable et évidente, la section rythmique avec à la basse Olivier Solana, le percussionniste Sacha Partouche et les deux guitaristes Maxime Primois et Théo Saïd, cette section rythmique imprime une sacrée pulsation !

La section vents peut donc s’appuyer sur cette rythmique pour développer les différents thèmes et
se lancer dans des solos qui n’ont rien à envier aux musiciens professionnels.
Il me faut nommer les différents protagonistes de cette belle section :
Cécile Fort à flûte, Lucie Vigier, aux clarinette et clarinette basse, Lucien Bonnefoi à la trompette, Cyril de Plainval, aux saxophones soprano / alto, Romain Ludéritz, saxophones alto / tenor, et Sacha Lourties au trombone.
Chacun chacune sera très applaudi(e) à son tour.

Il faut noter une reprise durant ce concert, à savoir PARIS, de Moondog.

© Photo Y.P. -

© Photo Y.P. -

Au synthétiseur Moog, le « chef » David Haudrechy a parfaitement su engager un travail de subtiles nuances, et de canalisation des énergies respectives.
Ici, il règne une vraie osmose entre tous, et l’on sent bien (au risque de me répéter) que tous sont au service d’un seul et même objectif.

Avec ces arrangements sophistiqués et exigeants, aux breaks réjouissants et vivifiants, il signe une vraie réussite en terme de direction musicale.

Il me faut revenir sur le dernier morceau, au cours duquel tous les instrumentistes vont tous délaisser leur instrument au profit de leur voix.
S’élève alors un profond et magnifique tissus vocal d’une grande intensité faisant penser à certaines œuvres vocales de Philip Glass.
C’est bouleversant !

Une véritable ovation vient saluer ce concert. 
Non pas parce que ces musiciens sont très jeunes.
Tout simplement parce que ces musiciens nous ont proposé une heure et demie passionnante et enthousiasmante.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article