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Congé spatial en concert à Jazz in Marciac

© Photo Y.P. -

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A un c’est bien, à deux, c’est mieux !
Et croyez-moi, on n’a pas fini d’entendre parler de ces deux-là !

Ces deux-là, ce sont les duettistes du groupe Congé Spatial.
Etienne Manchon au piano, au piano Rhodes, aux effets et à la composition.
Pierre Lapprand au saxophone ténor, aux effets et à la composition. (Je l’avais croisé au Nice Jazz Festival, au Théâtre de Verdure, aux côtés de Yessaï Karapetian.)

Ces deux jeunes musiciens se sont trouvés, eux qui sont déjà lauréats du 7ème tremplin-Jazz de Billère.
Leur duo est une petite merveille de cohérence, d’imagination créatrice, de rigueur d’écriture, de style et de virtuosité d’exécution.

Oui, avec Congé spatial, impossible de ne pas se laisser dériver dans leur galaxie faite de quadrants mélodiques et de parsecs harmoniques passionnants.

Nous allons très vite nous en rendre compte, et ce, dès les premiers instants du concert.
Le premier morceau, Solarium.
Le saxophoniste lance ses effets électroniques.
Un bourdon grave se fait entendre, suivi par des sons étranges, bidouillés par ses soins, qui nous embarquent dans un voyage à la fois étrange, onirique et épique.

Les notes du saxophones rejoignent ces sons, suivies par celles d’Etienne Manchon, au piano Rhodes lui aussi passé par des filtres électroniques et une bonne dose de saturation.

Le propos musical est résolument tourné vers une contemporanéité qui lorgnerait néanmoins parfois vers un style et un jazz post-bop assumé.

Berlin Express sera enchaîné. Un train qui roule vers la capitale allemande, dans un groove un peu techno, étrange lui aussi, mais profond et intense.

Et nous de comprendre que nous avons affaire à deux musiciens particulièrement inspirés.
Les thèmes, les improvisations seront fort intéressants, à la fois ancrés dans une tradition et un aspect novateur.
Leur univers musical et sonore est unique et totalement balisé. Rien n'est gratuit ni laissé au hasard.
Il est impossible de ne pas s’intéresser à ce qui se passe sur le plateau.

Les interactions entre les deux artistes seront très précises.

Comme des larrons-spationautes en foire, l’articulation de leurs interventions respectives est tout à fait subtile et maîtrisée.

Dans Chaussettes on the floor, la progression à partir de deux cellules mélodiques, deux ostinati entêtants, cette progression sera imparable de tension et de force stylistiques.

Le tout pour aboutir au réjouissant Vigipirate des Caraïbes, à l’introduction très forte.
Un titre qui va dépoter !

La pulsation, le rythme s’accélèrent, la technique, la vélocité des deux instrumentistes nous est démontrée de façon manifeste.
Oui, ils jouent vite et bien, mais sans jamais pour autant tomber dans la facilité ou des effets de mode.

Tout ce qui sera joué le sera pour des raisons bien précises, dans un langage musical élaboré et de façon assumée.

Un hommage, maintenant. Kuti.
Fela Kuti.
Rendre hommage à la musique de ce compositeur nigérian, et à ses prises de positions politiques.
Le groove sera très dansant, comme un afro-beat qui dirait son nom, afro-beat inventé justement par Fela Kuti.

Etienne Manchon pince les cordes de son piano, et imite ainsi la kora africaine, une boucle rythmique s’installe, puis l’improvisation de Pierre Lapprand sera on ne peut plus musclée.
La composition est très exigeante en terme de mise en place et d’interprétation.
Quelle vitalité, quelle énergie !

Voici qu’arrive La boiteuse.
Une valse rapide et elle aussi un peu surréaliste, dans un esprit musette.
Le saxo ténor remplace l’accordéon, alors que le piano entreprend l’assise rythmique populaire de la composition.
Des grands moments de silence entrelardent le discours musical, comme pour mieux nous faire apprécier la qualité de la composition.
Ce titre est passionnant et sera chaleureusement applaudi.

Ùn rappel au titre bizarre, CCHHHRRRR.

Une belle ballade toute en sérénité qui va évoluer dans une direction un peu hypnotique, lancinante, avec une alternance de moments doux ou plus rugueux.
Les spectateurs ne s’y trompent pas, qui réservent des applaudissements nourris aux deux « astradonautes ».

En octobre, les deux compères entreront en studio pour enregistrer leur premier album, devant sortir au printemps prochain.
Je suis certain que ce premier opus retiendra toute l’attention des chroniqueurs spécialisés, et que les récompenses en tous genres pleuvront.

On parie ?

En tout cas, retenez bien le nom de ces deux talentueux musiciens : Etienne Manchon et Pierre Lapprand !

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