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Antonio Farao en concert au Duc des Lombards

Antonio Farao - © Photo Y.P. -

Antonio Farao - © Photo Y.P. -

© Photo Y.P. -

© Photo Y.P. -

Forza Italia !
Ma che virtuoso, questo tizio con il berretto ei begli occhiali scuri !


Antonio Farao, l’un des plus talentueux représentants de l’école de jazz pianistique italienne (avec à mon sens Enrico Pieranunzi et Giovanni Mirabassi) a posé ses valises et ses notes sur la scène du Duc des Lombards pour deux soirées.

Hier soir, pour le premier des quatre sets parisiens, c’est en compagnie de Philippe Aerts à la contrebasse et Benjamin Henocq à la batterie qu’il a pongé la mythique salle parisienne dans une véritable félicité.

La virtuosité, oui, l’impressionnante technique, certes, mais toujours au service d’un lyrisme jamais pris en défaut.
Oui, Antonio Farao joue vite, très vite même. Mais le nombre de notes à la seconde ne nous fait jamais passer à côté de l’essentiel : l’émotion et un sentiment de grâce jamais démenti.

J’en veux pour preuve le premier titre du set, un arrangement personnel de I love you, de Cole Porter.
Il signore Farao met les points sur les i. Immédiatement.
Dans un bop endiablé, comme pour prouver aux rares spectateurs dans la salle qui ne le connaîtraient pas de quoi il est capable, il nous ravit avec certes un swing qualifié parfois à juste titre de déroutant, un swing aux accords ardus en plein milieu d’une hallucinante montée plus ou moins chromatique dont il a le secret, mais surtout cette impression de grande sensibilité même dans la plus torride des vélocités. 

Chez Farao, rien n’est gratuit, rien n’est fortuit.
Toute cette vélocité et cette technique hallucinante sont au service d’une grâce mélodique et harmonique jamais démentie.
Toute la salle retient déjà son souffle, déjà persuadée de vivre un grand moment musical.

Le deuxième morceau sera une très belle ballade, qui nous prouve à quel point ce musicien est un pianiste solaire, radieux, alliant le soleil de la méditerranée à celui d’un autre sud, celui de contrées plus tropicales.
Comment ne pas être ébloui par cette joie qui transpire dans ce thème et ce rythme qui flirte avec la bossa nova.
Le toucher délicat, subtil
du pianiste convient alors parfaitement à ce thème posé sur une boucle harmonique et rythmique de peu d’accords, mais dont les changements modaux renforcent cette impression d’équilibre et de plénitude.

Steven Steps to heaven, d’un certain Miles Davis.
Là encore, virtuosité et sensibilité. La main gauche du pianiste provoque l’admiration des connaisseurs dans la salle.

Antonio Farao a chaud. Il passe sa main sur le front en riant…
Retour au calme, donc, avec Free man, un titre qui commence avec le seul piano. Un rythme ternaire, en l’air..
Les notes éthérées s’envolent dans les hauteurs du Duc. C’est très beau.
Les deux compères le rejoignent pour conclure le morceau et pour le titre suivant Domi.

Domi, c’est une ballade qui renoue avec ce sentiment de plénitude.
Benjamin Henocq s’est emparé de ses balais.

Black inside, extrait de l’album éponyme, enregistré avec Ira Coleman et Jefff Watts en 1998. L’année où il remportait le prestigieux Concours Martial Solal à Paris.
Un swing plutôt lent, qui soudain s’enfièvre. Le tempo est presque doublé.
Les trois musiciens s’en donnent à cœur joie, le public ressent pleinement cette fièvre rythmique.
Philippe Aerts monte et descend à toute allure sa main gauche sur la touche de sa contrebasse.
La jeu au pouce est impressionnant.
Benjamin Henocq impressionne également derrière ses fûts et ses cymbales, avec un jeu très délié, lui aussi tout en subtilité.

La ballade suivant est de celles qui s’écoutent les yeux fermés. Syrian Children, me semble-t-il, qui figurait sur sa playlist à Marciac en 2O19.
Un titre « dédié à tous ceux qui souffrent dans le monde », nous dira Antonio Farao.
Le piano. Seul.
J’ai ressenti des influences à la Fauré ou à la Poulenc. Le pianiste a étudié les grands classiques français, c’est évident.
Là encore, la salle retient son souffle.

Et puis le dernier morceau. Qui va témoigner de l’éclectisme du compositeur Farao.
Theme for Bond.
Retour vers des contrées ensoleillées, de celles où son héros préféré va sauver le monde de la tyrannie en smoking et en sirotant des vodka-martinis à la cuiller et pas au shaker.
Une ambiance très boléro, très rumba, avec une vraie tournerie mélodique et rythmique, ponctuée de temps à autre par un break jubilatoire de six notes ascendantes.
On a envie d’accompagner les trois compères avec des maracas ou un guiro.
Là encore Philippe Aerts nous démontre lui aussi sa grande technique à la contrebasse avec un solo très mélodique, avec beaucoup de sensibilité dans la façon de poser les notes.

Philippe Aerts - © Photo Y.P. -

Philippe Aerts - © Photo Y.P. -

Benjamin Henocq - © Photo Y.P. -

Benjamin Henocq - © Photo Y.P. -

Il faudra se quitter, le deuxième set prévu juste à la suite ne laissant pas le temps pour un rappel.

Antonio Farao, avec cette nouvelle venue au Duc des Lombards a une nouvelle fois démontré pourquoi un certain Herbie Hancock ne tarit pas d’éloges sur lui.
Un concert mémorable !

Antonio Farao - © Photo Y.P. -

Antonio Farao - © Photo Y.P. -

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