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Madrigal festin

© Photo Y.P. -

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Enfin un spectacle qui peut se vanter d’être à la fois tarte et au bout du rouleau ! (A pâtisserie, le rouleau…)

Bienvenue dans l’appart de Lili et Ariane, deux colocs, deux potes, deux copines.

Ce soir, ce sera soirée pyjama, à papoter, à évoquer leurs amours en cours ou passées, et puis à cuisiner. Aussi.

Au menu du soir, une tarte est prévue.
Dans la série « c’est fou tout de même ce que l’on peut trouver de nos jours dans un étui rigide de violoncelle », Ariane en sort trois gros oignons (Allium cepa) et un beau poireau (Allium ampeloprasum).
Oui, parce que j’ai oublié de vous préciser que Lili et Ariane sont aussi musiciennes et apprenties cuisinières.

Nous l’allons très rapidement constater !

 

Lili Aymonino et Ariane Issartel nous ont concocté un petit bijou de spectacle musical, l’un de ces moments qui allient grâce, beauté musicale, intelligence du propos et humour.

Durant un peu plus d’heure, elle vont plonger les spectateurs de la Piccola Scala dans le ravissement le plus total.

 

L’idée première de ce spectacle est née d’une interrogation tout à fait légitime.
Cette question est à la fois simple et redoutable : qu’est-ce qu’un récital de musique, de nos jours ?

 

Une question qui débouche sur bien d’autres :
Quelle forme proposer aujourd’hui à un public lambda, qui n’a pas forcément tous les codes exigés dans les grandes salles dédiées à cet exercice ?
Comment démocratiser l’accès à un répertoire, et d’ailleurs quel répertoire proposer ?

Comment lier entre elles les différentes pièces qui seront interprétées ?

Mesdemoiselles Aymonino et Issartel nous proposent donc leurs réponses à ces questions-là.

Cette tarte sera le prétexte, le « liant » pour que la sauce musicale prenne.

Les deux complices sont deux grandes musiciennes, deux artistes au grand talent qui lyrique, qui instrumental.

Lili Aymonino est une jeune soprano au timbre clair et velouté, pouvant faire preuve d’une grande puissance et de délicats pianissimi.

La technique vocale est bien là, irréprochable et totalement maîtrisée.

Très à l’aise dans le répertoire baroque, elle vient également de faire ses débuts à l’opéra de Tours, dans La caravane du Caire, de André Grétry, mis en scène par Marshall Pynkoski.


Ariane Issartel est quant à elle une excellente violoncelliste.
Que ce soit à l’archet (même sur le cordier…) ou en pizzicati, elle aussi possède une parfaite maîtrise technique, qu’elle allie à beaucoup de sensibilité.
Beaucoup de grâce émane de son jeu et de son interprétation des différents extraits que nous allons écouter.
Elle est aussi metteure en scène de la Compagnie des Xylophages, axant son travail sur la relation entre la musique et le texte.
C’est exactement cette relation que les deux demoiselles vont aborder pour nous.

Une subtile trame dramaturgique va permettre à ce spectacle d’exister.
Ici, il sera question de mémoire de ce que l’on a déjà joué ou chanté, de ce que l’on a entendu ici et là.
Un prétexte pour nous proposer un répertoire très varié, très éclectique.
Nous seront notamment jouées des pièces de Monteverdi, Britten, Bartok, Ravel, un doigt de Bizet, ou encore une épatante version de Greensleeves, la chanson anglaise pour une dame aux vertes manches.

 

Répertoire éclectique, écrivais-je…
Lili Aymonino interprétera une magnifique chanson berbère, à la fois triste, douce et par moments d’une force quasi sauvage, procurant de délicieux frissons aux spectateurs.

Et puis, n’oublions pas ABBA !

Oui oui, ABBA ! Le groupe suédois.
Les deux musiciennes possèdent une sacré vis comica, une irrésistible force comique.

Nous allons beaucoup rire, en les entendant évoquer tel ou tel artiste pop contemporain, à la suite d’un trait musical particulier.


Un hilarant moment nous attend, celui où la chanteuse, armée d’un cul-de-poule métallique et une cuillère, se met en tête d’interpréter une parodie de pièce ultra-contemporaine, très absconse et on ne peut plus hermétique.
Fou-rire garanti.

Autre moment fort, l’histoire chantée d’Amalia, une jeune héroïne d’un conte musical russe et dont les demoiselles imaginent la transformation en redoutable entrepreneuse capitaliste. Là aussi, c’est très drôle !

La charme opère durant ces quelque soixante minutes : le propos fonctionne on ne peut mieux, l'entente entre les deux est évidente, nous sommes suspendus aux dires, la voix et au jeu des deux amies, le tout dans un délicieux univers, fait de musique « dite classique » mise à portée de tous et d’un humour totalement assumé.

 

Personne ne s’y trompe, puisque dès le premier salut, les « bravo » fusent ! Et votre serviteur n’a pas laissé sa part au chat.

Le spectacle de Lili Aymonino et Ariane Issartel est de ceux qui se dégustent avec délectation, pour petits et grands gourmands de très belles choses.
C’est remarquable ! C’est brillant !

Et sinon, la tarte, me demandez-vous ? Délicieuse, je vous remercie.

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