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I was sitting on my patio this guy appeared I thought I was hallucinating

I was sitting on my patio this guy appeared I thought I was hallucinating

Mais quelqu’un va-t-il répondre !?
Un téléphone à cadran sonne, pourtant le combiné est décroché...

Quarante-quatre ans.
Voici presque un quart de siècle, Robert Wilson créait ce spectacle, accompagné sur le plateau par sa complice Lucinda Childs.

Un spectacle qui n’a pas pris une ride.


Ici, à l’Espace Cardin, il s’agit avant tout d’une affaire de transmission.

L’un des plus prolifiques et protéiformes créateurs contemporains transmet sa créature-création pour nous embarquer dans des interstices spatio-temporels, dans lesquels les artistes seront les traits-d’union.

Quarante-quatre ans...

Toute la salle reconnaît la patte du grand Bob, avec notamment le travail si particulier sur les lumières.
Le lointain comme un grand écran translucide derrière lequel des projecteurs engendrent des fonds aux couleurs souvent pastels et aux subtils dégradés.
Un style inimitable, identifiable entre tous.

Et puis des personnages.
En l’occurence, deux.
Etranges, décalés, provocateurs, drôles, en furie, minaudant, déclamant, susurrant, qui nous renvoient à notre propre existence, comme des portraits stylisés de notre propre humanité.
Des marionnettes humaines, en quelque sorte.

Ces deux-là ne se rencontreront jamais.
Et pour cause…

L’homme en noir et la femme en blanc se succéderont pour nous dire le même monologue, dans des versions différents, propres à chacun.

 

Le titre de la pièce est la première phrase du texte.
Ce type qui apparaît au narrateur assis dans son patio, nous ne le verrons jamais.

Le texte est un flot de phrases qui pourraient constituer des tirades de non-sens, un surréaliste cadavre exquis ou encore des moments piochés dans un défilé de rêves mis bout à bout.

Un texte onirique, une logorrhée, une mélopée aux multiples nuances et tonalités.

Il ne faut pas forcément chercher à trouver un sens précis à ces collages textuels.
Non, il faut se laisser porter et ballotter par les mots, il faut naviguer sur cette mer littéraire, il faut se laisser submerger par cette marée littéraire.

Le texte étant rédigé en anglais, une traduction simultanée s’affiche, mais l’on s’en affranchit vite.
Ce qui compte ici, c’est la musique et la mélodie des mots.

Sans oublier la chorégraphie de ces mots. Des moments pratiquement dansés émaillent cette heure et demie.

C’est Christopher Nell qui s’y colle en premier, reprenant le rôle et l’apparence du personnage créé par Wilson en personne.

Costume noir, grand manteau flottant assorti, cheveux de jais gominés, maquillage blafard qui renverra les teintes des différents projecteurs, lèvres et ongles noirs…

Cet être étrange en noir interpelle.
D’autant que le comédien possède un nez aquilin assez marqué, ce qui lui donne une fois maquillé et grimé une apparence toute particulière.

Comme un faucon crécerelle surveillant la plaine à la recherche de pauvres et malchanceux mulots.

Autant le dire tout de suite, il réalise tout comme sa camarade Julie Shanahan qu’il précède, une sacrée performance. C’est le genre même de texte difficile, délicat à appréhender et à s’approprier.
Un texte fait de chausses-trappes comme s’il en pleuvait.

 

Mademoiselle Shanahan, elle, est l’être en blanc.
Même style de maquillage et de perruques.
On comprend immédiatement l’effet recherché, deux faces complémentaires, une opposition en miroir. Deux côtés d’une même figure. Un yin et un yang dramaturgique.

Les deux comédiens sont admirables et fascinants. Il faut se laisser happer ou bercer par leur subtile interprétation du texte
, il faut se laisser porter par la musique de Bach, Lully, Schubert ou Michael Glasso.

Au cours du spectacle, une phrase a attiré mon attention : « Le temps, c’est le paramètre qui s’acharne contre nous. »

Sauf contre les spectacles de Robert Wilson.

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