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Quand je serai un homme

© Photo Y.P. -

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Homme, sweet homme…

En 1971, Michel Polnareff nous l’assurait : « Je suis un homme, je suis un homme, quoi de plus naturel, en somme... »

Mais au fait, c’est si naturel que ça, d’être un homme ?
Voilà une bonne question !

C’est en tout cas celle que s’est posée Catherine Hauseux, dans le cadre d’un diptyque passionnant autour de la transmission et d’une réflexion sur le vécu, les spécificités, les interrogations des femmes et des hommes.

Ce soir, j’assistais au second volet, consacré donc au sexe que l’on a longtemps dit et cru fort !

Qu’est-ce que c’est un homme ?
Qui sont ces mâles contemporains ? Que ressentent-ils ?
Comment se définissent-ils ?
Comment vivent-ils leur masculinité ?

Voilà quelques-une des interrogations qui vont être évoquées devant nous.

Avec d’arriver sur la scène, ce spectacle a dû être écrit.

Catherine Hauseux a donc été interroger des hommes, dans les villes où elle était en résidence artistique.
Elle a recueilli des témoignages.
Des hommes se racontent, tentent de se définir, évoquent leurs rapports avec les femmes.

La démarche est quasi sociologique.
Mais voilà... De la socio au théâtre, il y a un fossé.
Il était en effet hors de question pour l’auteure de « simplement » lire ces témoignages, il fallait les mettre en voix, certes, mais aussi en corps, en gestes.
Nous sommes bien au théâtre, pas dans un amphi de fac.

Elle entre sur scène, Catherine Hauseux, et à partir d’une situation vécue, qui va tout déclencher. Une situation-problème, pour employer un terme à la mode chez les pédagogues.

Elle sera bientôt rejointe par Stéphane Daurat qui va interpréter, jouer, incarner ces témoignages.
Il sera tour à tour un homme en couple bien installé, un retraité, un type en instance de divorce, un jeune de trente ans, un prof habillé de noir, etc…

Des personnages qui existent, et qui vont à nouveau prendre vie sur le plateau grâce au talent du comédien.

La vérité ! Troublante, palpable, bouleversante, sans fard ni artifice.
Stéphane Daurat l’incarne, cette vérité-là. Et de quelle façon !

Son jeu, d’une justesse phénoménale et absolue, fait en sorte que nous les avons vraiment devant nous, ces hommes-là, plongés dans leurs contradictions, leurs faiblesses, leurs forces, leurs contradictions et leurs divers questionnements.
Tour à tour touchant, drôle, bouleversant ou d'assez mauvaise foi, il EST ces personnages.

L’égalité H/F, la « mâlitude », la masculinité, la paternité, le partage des tâches, le rôle dans l’éducation des enfants, la transmission du nom patrimonial, l’homophobie, voici quelques-uns des sujets qui sont abordés via la restitution de ces témoignages.

Melle Hauseux, elle, joue le rôle de la narratrice-candide, qui intervient parfois pour questionner et pour pousser dans leurs retranchements les différents personnages.

On le comprendra aisément, ce type de spectacle est très risqué.
Le grand danger étant de tomber dans la caricature la plus nauséabonde.

Ici, il n’en est absolument rien.
Ce qui se joue devant nous, c’est la réalité, c’est la vie, c’est notre humanité. Purement et simplement.
Les deux comédiens font en sorte que nous la prenions en pleine face, cette réalité-là !

Et bien entendu, chaque homme présent à l’Essaion ne peut s’empêcher de se situer, par rapport à ce qui nous est raconté et montré : où en sommes-nous, nous-mêmes, face à ces questions essentielles ?

Oui, ce magnifique moment de théâtre nous force à prendre acte de notre propre conception du genre.
C’est là l’une de ses grandes forces.

La dramaturgie et la scénographie sont pleinement au service de cette Vérité, avec l’utilisation de judicieux accessoires, un bande-son discrète, tout comme les subtiles projections vidéo.

Vous l’aurez compris, je vous engage vivement à assister à ce spectacle passionnant.
C’est bien simple : c'est une réussite totale.

Demain, ce sera au tour des femmes ! A suivre...

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