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[REPRISE] On purge bébé

© Photo Y.P.

© Photo Y.P.

Un autre spectacle incontournable de cet automne/hiver compliqué...
Ce spectacle sera rejoué aux dates suivantes, toujours au Théâtre de l'Atelier :

- samedi 19 décembre à 17H
- dimanche 20 décembre à 15H
- mardi 22 décembre à 19H
- mercredi 23 décembre à 19H
- vendredi 25 décembre à 17H
- samedi 26 décembre à 17H
- dimanche 27 décembre à 15H
- mardi 29 décembre à 19H
- samedi 2 janvier à 17H
- dimanche 3 janvier à 15H

Qu'on se le dise !
Voici ce que j'écrivais avant le reconfinement.
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Le pot de faïence et le seau de tôle émaillée.
Bastien et Julie.
Les Follavoine dans l'une des scènes de ménage les plus célèbres et les plus longues du théâtre français.

En 1910, le grand Georges vient de se séparer de sa femme. Il vit et mène grand train à l'hôtel Maxim's où il a réservé une chambre à l'année...
Sa vision du monde change, et notamment celle de la bourgeoisie dont il va s'appliquer à décrire la médiocrité, notamment grâce au thème ancestral du cocu.

Emeline Bayart a donc eu l'excellente idée de s'emparer à bras le corps et de l'un des derniers vaudevilles de l'auteur.

Il y a décidément une patte, une méthode, un style Bayart.
Elle qui enchanta dernièrement les spectateurs caf-conc' Le Kibélé et surtout ceux de l'Opéra-Comique, celle-ci nous a concocté un mini-récital émaillant la pièce fait quelques chansons quasiment contemporaines de Feydeau. (Le fidèle Manuel Peskine est toujours au piano !)

Des titres que retrouvent pour leur plus grand bonheur les fans de la comédienne-chanteuse-metteure en scène.
C'est ainsi que nous retrouverons par exemple Proserpine, Je n'aurais pas dû, Si je puis m'exprimer ainsi, Ca n'vaut pas la Tour Eiffel, ou encore Le fiacre.

Ces chansons collent admirablement avec le texte de l'auteur, d'autant qu'avec la même incroyable force comique, la même hilarante vis comica, Melle Bayart enchaîne répliques de la pièce et paroles des chansons. (Elle n'est pas la seule à chanter, je vous laisse découvrir...)

Mais quelle énergie se dégage de cette entreprise artistique !

Quelle mécanique infernale et bien huilée, quelle puissance de jeu, quel tourbillon vont s'emparer du plateau de l'Atelier !

Voilà comment monter un Feydeau ! Voilà comment faire hurler de rire un public ! Voilà comment plonger une salle entière dans le plus grand bonheur.

Sa composition de cette femme qui a érigé la mauvaise foi en art de vivre, sa composition est magnifique.
En déshabillé, les bas qui tombent sur les chevilles, les cheveux en bataille avec quelques bigoudis, avec ses ruptures, ses regards, sa voix qui passe de l'aigu cristallin au rauque très grave en un instant, la comédienne est absolument drôlissime.

Oui, je l'écris une nouvelle fois, oui je me répète : je retrouve à chacune de ses compositions la phénoménale puissance à faire rire de Jacqueline Maillan.
Comme La Maillan, Melle Bayart a cette faculté et ce talent rares de déclencher en une fraction de secondes les rires voire les fou-rires des spectateurs en outrant subitement la gestuelle, la voix ou les mimiques.

Elle n'est pas seule sur scène. A ses côtés, se démène une troupe aux petits oignons.

Avec une perruque très années 1970, Eric Prat a un petit côté Jean le Poulain.
Lui aussi a un sacré abattage, un sacré talent comique. Il nous réserve de grands moments.
Lui aussi sait faire monter la sauce.

Il n'est pas donné à tout le monde d'interpréter un personnage principal dans un vaudeville feydolien.
Eric Prat parvient sans peine à nous faire croire à ce type qui est en permanence au bord de la catastrophe, et qui se démène dans un maelström qu'il a contribué à engendrer.

Le duo Bayart-Prat est redoutable et formidable d'efficacité.

Un autre qui ne donne pas sa part au chat, c'est Manuel Le Lièvre, qui avait déjà joué avec Emeline Bayart au Poche-Montparnasse, sous la direction de Jean-Louis Benoit.

Son Adhéaume Chouilloux est épatant de drôlerie. C'est une sorte de Bouzin que nous avons devant nous. L'une de ses scènes confine au surréalisme le plus hilarant.

Coup de chapeau appuyé également à Valentine Alaqui, dans un double rôle.
La jeune comédienne interprète la naïve employée de maison, et surtout le rôle de Toto, le tyrannique enfant-roi du couple Follavoine.

Melle Alaqui parvient à en faire une sorte de lutin-troll virevoltant, sautant, bondissant partout, lui conférant une belle ambivalence : cet enfant de 7 ans est à la fois attachant et repoussant.
Une très belle composition.

Thomas Ribière et Delphine Lacheteau incarnent quant à eux le couple Truchet de bien belle manière.

Emeline Bayart signe ici l'une des grandes réussites théâtrales de cet automne.
Voici un spectacle réglé au millimètre, avec une précision diaboliquement efficace, qui déchaîne les rires de la salle entière.
Une salle qui applaudit en cadence et à tout rompre, ovationnant grâce à de nombreux bravi les comédiens.

Feydeau peut décidément dormir sur ses deux oreilles !

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