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Gros œuvre - Saison 2

© Photo Y.P. -

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Le singe d’une nuit d’hiver, et quand Mathilde est (presque) revenue…

Le carrelage collectif est de retour au théâtre des Déchargeurs.
Le carrelage collectif, c’est une entreprise de gros-œuvre théâtral, une boîte de six ouvriers laborantins-théâtreux qui nous emmènent sur le chantier de la gloire, pour nous proposer des expériences dramaturgiques inédites.

Tout comme la saison passée, la démarche de ce sextet de carreleurs textuels est de nous confronter en quatre soirées à la tentative de création d’une œuvre collective, une saison durant laquelle chaque membre du groupe est tour à tour auteur, comédien, metteur en scène ou encore technicien.

Une expérience qui chaque troisième lundi du mois va présenter deux personnages qui ne se rencontreront pas, pour deux monologues successifs durant chacun à peu près une demi-heure.

Selon l’admirable science arithmétique qui veut que trois fois deux égale le plus souvent six, ce seront donc au final six personnages qui finiront par se retrouver au cours d’une quatrième et dernière soirée.

Il est à noter que la démarche artistique du collectif est basée sur une autre contrainte : l’auteur d’un texte n’est ni son interprète, ni son metteur en scène.

Hier soir, pour les troisième et quatrième personnages, c’étaient donc Barthélémy Maymat et Pascal Césari qui s’y collaient.

Le premier fait une entrée tonitruante dans la petite salle de la Bohême, reprenant les codes du stand-up : musique assourdissante, lumières qui suivent le rythme, salut individuel et check de mains au public du premier rang.

Le personnage incarné par Ba
rthélémy Maymat est devant nous dans une démarche quasi-pédagogique : ce type en jeans, baskets et en bras de chemise va nous apprendre à parler aux gens, à créer de la confiance et de l’empathie.
« On est là pour apprendre ! », nous martèle ce garçon !

Et quoi de mieux qu’une anecdote personnelle pour illustrer le propos : lui, lui qui nous parle, lui qui est en train de nous délivrer la bonne parole, lui qui se livre, celui- a rencontré Philippe Risoli en personne.
Oui, vous avez bien lui : le présentateur de l’émission Le juste prix,
le chanteur de la magnifique et inoubliable chanson Cuitas les bananas, et en tout cas le héros de la maman du personnage !

Rencontre avec une star, avec un vrai gorille ! (
J’en viens enfin au singe de mon chapeau d’article du jour…)
De fil en aiguille cette rencontre sera le prétexte à bien des digressions toutes plus drôles les unes que les autres.

Barthélémy Maymat sait tenir son public. Très souvent désopilant, tonitruant, il n’hésite pas à apostropher les spectateurs. C’est ainsi que votre serviteur sera invité à changer de logiciel, de mind-set : la confiance et l’empathie, ça se mérite, et ça n’est pas donné à tout le monde !

Cette première demi-heure nous procure beaucoup de rires, de fou-rires même, le comédien no
us livre une prestation très haute en couleurs qui fait fonctionner nos zygomatiques à plein régime.

Dans un tout autre registre, voici Pascal Césari, qui descend tout doucement, presque timidement l’escalier qui mène à la petite scène.

Comme un personnage hésitant, une petite chose, avec un carré qui le fait ressembler un peu à l’humoriste Paul Mirabel.

Lui va poser le décor dramaturgique en quelques mots « 
On aurait qu’à dire que ce serait une histoire… »
On dirait qu’on ferait ci, on dirait qu’on ferait ça : les mots du monde de l’enfance, ceux que l’on prononce pour
faire en sorte que tout puisse arriver…

Deux enfants. Le narrateur et Mathilde.
A l’école Michel Legrand. A Cherbourg. Forcément…
Il pleut. Forcément aussi…


Et le jeu du traquenard, ce jeu où l’on doit savoir si l’autre ment, savoir si par exemple si Daniel Cohn-Bendit aurait pu avouer devant vous qu’il avait « une gueule de con ».

Nous allons là encore beaucoup rire, mais d’une autre façon que celle du premier monologue.
Ici, ce sont les situations surréalistes qui vont nous amuser, ces deux enfants qui reprennent à leur compte les mots, les tournures de phrases contemporains, avec cette emphase très à la mode, très pompeuse et finalement très vide de sens.

Le décalage créé par ces deux enfants-adultes est savoureux. Ici, les minots fument...
Le comédien, pince sans rire, détaille les tenants et les aboutissants de leurs rencontres, tout au long d’une vie.
La dernière de ces rencontres sera à la fois très drôle et fort émouvante.
Nous voici confronté à un paradoxe temporel.
Ce texte est d’une grande qualité littéraire et dramaturgique.

Voici donc ces deux personnages qui se retrouveront en compagnie des quatre autres, issus des deux autres soirées.
La prochaine aura lieu le lundi 16 janvier prochain, toujours aux Déchargeurs.

Il ne restera alors plus aux membres du Carrelage collectif d’écrire le texte final.


Il faut saluer comme elle le mérite cette démarche artistique, ce théâtre en mouvement qui se crée devant nous.
Ces jeunes gens
nous plongent dans un processus de création fort intéressant, à la fois original, drôle et qui ne peut laisser personne indifférent.
Je suis ressorti des Déchargeurs totalement conquis !

© Photo Y.P. -

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