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OVNI

© Photo Y.P. -

© Photo Y.P. -

L’OVNI, please, l’OVNI…
Ou dix personnages en quête de hauteur…

Tout commence par une adresse sonore en voix off de l’auteur, Ivan Viripaev, à destination certes de l’équipe artistique du spectacle, mais surtout à la nôtre, nous autres les spectateurs.
Il nous explique la genèse du projet et le processus de son écriture.

Au départ, ce devait être un film.

Une sorte de grand documentaire dans lequel Viripaev devait mettre en avant le témoignage de personnes ayant eu un contact avec des extra-terrestres.

Pour ce faire, il est allé rencontrer l’un de ses amis, un oligarque russe (qui aurait pensé que l’auteur des Enivrés avait un pote milliardaire en roubles et en dollars…) pour financer ses rencontres autour du vaste monde avec quatorze de ces humains ayant rencontré des aliens.


Las ! La production de ce film a capoté, et il a été contraint de se rabattre sur le medium théâtre pour éviter que « tout ce matériau se perde ».
C’est ainsi que malheur des uns va faire le bonheur des autres.

 

Nous allons donc voir devant nous des personnages qui vont nous raconter leur rencontre du troisième type, et les conséquences pour eux-même ou leur entourage de ce qu’ils ont vécu.

 

Emilie, Thomas, Nick, Hilde, Robert, Jennifer, Matthew, Dieter et Joanna vont nous narrer leur expérience, chacun face à une une caméra imaginaire devant laquelle ils s’épanchent dans une quasi-démarche de confession, détaillant par le menu les faits et les implications spirituelles, philosophiques de leur aventure hors du commun.

Au fond, tous vont nous dire peu près la même chose, ce qui va finir par nous interloquer (ce fut mon cas)  : tous ont le sentiment de se connecter avec une espèce de force, de communier avec soi-même et avec l’univers dans son entièreté, indéchiffrable, énigmatique.

Etrange...

 

Eleonore Joncquez a parfaitement su éviter le « piège » de cette pièce : tous ces personnages défilent devant nous, un par un pour raconter.
Il faut donc éviter de créer un sentiment de monotonie ou d’ennui. Il faut à chaque fois remettre le couvert pour retrouver le spectateur.
La metteure en scène a réussi à nous passionner de bout en bout de ces deux heures « et neuf minutes », comme précisait le célèbre Didier devant la salle Copi après avoir agité sa clochette.

A l’arrivée des spectateurs, le plateau est nu. Un rideau en lames de tissus entoure les trois murs de la cage de scène.

C’est sur ces pans de tissus que seront projetées des séquences video à base d’étoiles, d’images astronomiques et de représentations très SF d’une gigantesque porte d’un vaisseau spatial, un peu comme dans Star Wars…

On comprend alors aisément le parti-pris : passer du grand tout à ce qu’il y a de plus intime dans la parole des raconteurs.

C’est par ces lames de tissus que pénétreront les cinq comédiens qui incarneront les personnages.
Chacun apportera son petit matériel, à savoir un meuble représentatif et ses accessoires, le tout monté sur roulette.
Vont donc s’accumuler des petits espaces, disséminés sur le plateau. Une dimension poétique émane de tout ceci.

 

Tous vont s’en donner à cœur joie.
Eleonore Joncquez en personne sera une Jennifer très exubérante et extravertie, dispensant à qui mieux mieux des « eeuuuuh » à la fin de ses mots, riant pour un oui pour un non.

Elle est très drôle.

Patrick Pineau sera un épatant Irlandais bourru et débonnaire, ayant découvert pour l’occasion Facebook.
Lui aussi nous tire beaucoup de rires, son bonnet vissé sur la tête, se dépêchant de tout raconter avant que sa femme ne rentre.

 

Coralie Russier quant à elle interprète notamment une toute jeune femme, une adulescente qui commence la série de témoignages.
Armée d’un bâton « stick lèvres nutrition » qu’elle utilise de nombreuses fois, elle témoignera elle aussi de façon souvent humoristique.

Les personnages interprétés par Vincent Joncquez et Grégoire Didelot, eux, nous parleront assez souvent de beuh, d’herbe ou de cocaïne.

Tous nous dépeignent parfaitement cette communauté humaine, cet assemblage de constituants d’un tout réunis par un ou plusieurs points communs.

Des séquences de musique électro assurent les transitions, avec parfois de jolis moments chorégraphiés. Un personnage seul ou le groupe esquissent des petites danses très réussies.

 

Et puis voici le dernier personnage, lui aussi incarné par Grégoire Didelot.

L’oligarque russe.

Il va tout nous révéler, nous dire pourquoi il n’a finalement pas financé le projet de l’auteur. Je n’en dis évidemment pas plus.


Ce faisant, nous allons comprendre.


Va alors se dérouler une vertigineuse mise en abyme : l’essentiel de tout ça est que nous puissions comprendre que la réalité existe, au-delà de l’auteur, de la metteure en scène, du texte, des comédiens.

Au delà des spectateurs, même.

Une réalité unique que nous percevrons alors.

On l’aura compris, Ivan Viripaev nous a tissé à sa manière un vibrant hommage au théâtre, qu'Eléonore Joncquez a transformé en un bien beau spectacle auquel il faut assister !

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