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Palace sur scène

© Photo Y.P. -

© Photo Y.P. -

Un jour, je l'ai eue !
Comme elle était attendue, cette adaptation théâtrale de la cultissime série TV diffusée à partir d'octobre 1988 sur le Canal+ de la grande époque ! (Un programme inspiré naguère par la série italienne Grand Hôtel, créée par Alessio Gorla et diffusée en 1985 et 1986 sur Canale 5).


« Palace, la vie en première classe,
Palace, moins de stress, plus de strass... 
»


Jean-Michel Ribes (qui en novembre 2017 avait annoncé le « scoop » (je le cite) de ce spectacle à mon micro, ici-même), lui et Jean-Marie Gourio ont donc adapté ce moment de patrimoine télévisuel et culturel, que l'on considérait à l'époque, à tort ou à raison, comme du théâtre à la télévision.

La boucle est bouclée.


Au Théâtre de Paris, les spectateurs « nostalgiques » des années 80 sont donc aux anges.


Nous retrouvons pour notre plus grand bonheur tous les codes, tous les décors, les génériques, les jingles visuels, toutes les séquences, et surtout les textes que Topor, Gébé, Wolinski, Rollin, Ribes et quelques-autres mitonnèrent à l'époque. (Certains passages ont été « modernisés », avec notamment des références au changement climatique ou au problème des migrants.)
Sans oublier les célébrissimes « Brèves de comptoirs » collectées par Gourio. (« La belote, c'est comme le bridge, mais en plus sale... »)


Une époque qui a bien changé.
Palace, c'était avant tout une charge contre l'argent-roi, la richesse folle et démesurée, sans oublier le quant-à-soi d'un très petit nombre d'ultra-privilégiés.
Je ne suis pas certain, de nos jours, que l'argent à outrance représente toujours une telle horreur au point d'en faire une caricature !
Beaucoup de décomplexion est passée depuis.

Y compris de la part d'un certain président de la république à la voyante Patek Philippe au poignet. Mais je m'égare...


Un autre principe du Palace télévisuel original était de faire dire des « horreurs », ou tout du moins des textes très décalés à d'immenses comédiens comme Jacqueline Maillan, Jean Carmet, Jacques Sereys et Michel Duchaussoy, de la Comédie Française.
Aujourd'hui, une importante troupe de comédiens « neufs », certes connus des aficionados du théâtre, reprend le flambeau.

Et de la plus belle des manières.
Tous donnent sans compter, avec parfois des références assumées.
Impossible de ne pas penser à Valérie Lemercier lorsque Joséphine de Meaux incarne de façon impayable Lady Palace.
Impossible de ne pas songer à Eva Darlan en voyant Anne-Elodie Sorlin interpréter « la charmante Thalie ».
Tout ceci est très réussi.

La plupart incarnent plusieurs rôles, Alexie Ribes jouant pas moins de sept personnages.

Christian Pereira en homme aux clefs d'or taciturne est formidable, Rodolphe Sand a d'épatantes intonations à la Serge Bagdassarian, du Français, Philippe Magnan et Philippe Vieux m'ont enchanté.

Ainsi que trois comédiens en particulier.

Tout d'abord, Eric Verdin, que j'avais adoré la saison passée dans la reprise de Dieu habite Düsseldorf, au Lucernaire.
Ici, il est une nouvelle fois magnifique et tire des spectateurs quantité de rires, notamment dans son rôle époustouflant d'un client impatient de partouzer.

Et puis deux jeunes comédiens, dont c'est la première prestation sur un plateau de théâtre, ont retenu toute mon attention, en Zip et Zap, les deux jeunes grooms : Mikaël Halimi et Simon Parmentier.
Retenez bien leur nom.
Et souvenez-vous que Valérie Lemercier était également une toute jeune débutante, à l'époque.

Ce Palace moderne est donc une grosse production, avec énormément de moyens.

Combien de théâtres privés peuvent se vanter de mettre en scène sur leur plateau vingt-et-un comédiens, sans compter des danseurs, des costumes multiples et somptueux, d'importants changements de décors à vue ?
Nous ne voyons évidemment pas l'envers de ces décors, mais il doit y régner une belle activité. (Maquilleuses, coiffeuses, costumières, techniciens, etc, etc...)

Un petit détail m'a intrigué.
En 1988, dans la série, certaines demoiselles étaient en « très petite tenue ». Je me souviens notamment d'une scène de douche entièrement nue (c'est logique, finalement...), avec poitrine et fessier on ne peut plus apparents.
Hier, sur le plateau, une actrice était certes dénudée mais en culotte couleur chair et cachant ses seins avec les mains.
Signe des temps ?

Au sortir de ces deux heures, j'ai eu le sentiment de rajeunir en me replongeant dans une espèce de madeleine de Proust télévisuelle. (Je vous assure que j'ai eu des frissons en entendant les percussions des bongos, le coup de sifflet et le trait de cuivres du début du générique !)
Du nanan !
Ce Palace 2019 sur scène ravit les inconditionnels venus en masse et permet aux plus jeunes spectateurs de découvrir l'univers de la fin des années 80.
Ce spectacle est promis à un très bel avenir.

Et je ne peux m'empêcher ici d'avoir une pensée émue pour Marcel Philippot. (Dont le rôle originel est judicieusement tenu aujourd'hui par une femme, l'excellente Karina Marimon, tellement ce que faisait Marcel était unique !)
« Appelez-moi le Directeur ! »

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