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Les méritants

© Photo Y.P. -

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Zombie or not zombie ?

Ca devait fatalement arriver !
La BD et la série éponyme Walking Dead sont devenues réalité : les morts-vivants ont envahi notre planète.
Toute ? Non !
Un petit Comité composé d’irréductibles humains résiste encore et toujours à l’horrible envahisseur !
Un Comité dont les membres nous prennent sacrément à partie. (Le procédé fonctionne à la perfection, et permet d’installer le propos.)

Tel est le point de départ de cette percutante et très intelligente farce sociale et sociétale écrite et mise en scène par Julien Guyomard, qui nous confronte dans un premier temps à l’acceptation de l’Autre.

En effet, ces survivants vont découvrir que ces Zombies ne sont pas ceux qu’ils pensaient être.
Certes, ils ont boulotté quelques humains, par ci par là, mais enfin, quoi, il faut bien se sustenter un peu, même lorsqu’on est mort.

Stupéfiante découverte, même : ces morts sont en effet tout prêts à vivre en harmonie qu’ils voudraient parfaite avec les vivants.

Une fois intégré ce postulat, les membres du Comité vont développer toute une théorie pour « accepter » ces nouveaux-venus dans leur micro-société : une théorie basée sur le concept du mérite.

Vous l’aurez évidemment compris, Julien Guyomard nous renvoie à notre étrange société, que l’on dit pourtant moderne, dans laquelle ce mérite est hissé au rang de vertu cardinale.

Le mérite, qui fait que nos relations avec nos concitoyens sont souvent faussées, selon des normes complètement artificielles.
Qu’est-ce que le mérite, qui décide qu’une personne est méritante ou pas, à qui profite le mérite, le mérite reflète-t-il vraiment le degré d’aboutissement d’une société qui se veut à tort parfaitement égalitaire ?

Le message va nous être délivré de façon lumineuse et magistrale, dans une succession de scènes plus abouties et réussies les unes que les autres.
Et surtout toutes teintées d’un humour noir ô combien ravageur !

Cet humour va nous renvoyer en permanence la pertinence de la problématique.

Plusieurs directions ont été abordées, concernant le parti pris très humoristique de cette comédie.
Nous avons tout un côté qui séduira les amateurs de calembours, avec le nom des morts-vivants : j’ai adoré faire la connaissance de Zombie-Dule, ou de Zombie-Bendum. (Je vous laisse découvrir tous les autres…)

Des scènes formidables de drôlerie et en même temps nous renvoyant à moult problématiques actuelles vont fortement nous interpeller.
Un débat politique, avec au préalable des affiches détournant des slogans sarko-macronistes de façon drôlissime : la salle entière réagit au quart de tour en éclatant de rire !

Une confrontation de deux « spécialistes », dont une intervenante zombie qui va chercher à tout prix à mettre en nom sur son état, à se définir par rapport aux normes sociétales en vigueur.
On pense évidemment à certains représentants de minorités actuelles cherchant absolument à s’auto- qualifier de façon pédante et très ridicule.

Et puis j’ai absolument adoré un entretien d’embauche : un zombie « ré-humanisé », revenu dans le camp des vivants, va tenter de refermer la porte après lui, se montrant dans une novlangue technocratique très à la mode plus royaliste que le roi.
Combien en connait-on, de ces personnes issues de l’immigration qui refusent toute nouvelle arrivée migratoire sur notre sol. Le concept de « Je referme la porte derrière moi ! »

Les sept irréprochables comédiennes et comédiens incarnent qui un humain, qui un mort, parfois les deux, se changeant très rapidement en coulisse.
Avec des lentilles de contact étranges, des perruques irrésistibles, ils nous font également beaucoup rire. (Ah cette perruque blonde filasse qui m’a beaucoup amusé ! )

La scénographie est particulièrement réussie, avec plusieurs niveaux, permettant de jouer sur un axe vertical.
Des panneaux mobiles permettent de façon judicieuse de faire et défaire des espaces propices aux différentes scènes.
Un vélo aura une grande (et lumineuse importance), mais là encore, je vous laisse découvrir.

Coup de chapeau également à Thomas Watteau qui signe une belle création sonore à base de respirations et de souffles angoissants.

Au final, la démonstration est tout à fait convaincante, tant sur le fond que sur la forme.
Ces deux heures passionnantes nous interpellent vraiment, nous renvoyant en permanence à notre vécu quasi-quotidien.
Un théâtre de fiction qui nous parle brillamment de notre monde actuel.

Ne passez pas à côté de ces Méritants, à la Tempête !
Vous les méritez !

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