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Je serai un géant

© Photo Y.P. -

© Photo Y.P. -

Quand le théâtre nous parle de cinéma.
Quand Jean-Philippe Bêche nous évoque brillamment un mythe, une icône du 7ème art.

L'auteur-comédien-metteur en scène poursuit avec « Je serai un géant » sa plongée dans le monde du cinéma américain.
Après avoir publié en 2019 « Tony et Marylin », il va cette fois-ci faire revivre un certain James Byron Dean, plus connu sans son deuxième prénom.

Nous allons retrouver au début de la pièce le comédien de 20 ans à New-York.

Dans une remarquable première tirade évoquant de façon magistrale Big Apple, (il faut comme moi y être allé pour apprécier pleinement toute la saveur de cette magnifique description), Dean nous explique pourquoi il a quitté précipitamment Hollywood, et pourquoi il se retrouve sur la côte Est.

Nous n’allons pas tarder à nous apercevoir qu’il n’est pas seul.
Nous nous trouvons en effet dans le petit loft « miteux » de Dizzy.
Elizabeth Ann Sheridan, 22 ans, danseuse dans un cabaret de son état.

Cette jeune femme a vraiment existé.
Les deux ont vécu ensemble et ont eu une relation qui a duré un peu plus d’une année.

Dans cette pièce, les deux personnages en attendent un troisième, qui lui aussi a réellement vécu.
Il s’agit de Rogers Brackett, 35 ans, directeur financier d'une agence de publicité et producteur de shows radiophoniques.

Dizzy est nerveuse .
Elle n’ignore rien de la bisexualité de son chéri, et sait parfaitement que celui-ci a eu une liaison avec le mystérieux Brackett, qui est devenu son mentor.

On imagine bien le beau parti-pris dramaturgique de la confrontation de ces trois personnages.

Une confrontation qui va permettre à l’auteur de dresser un superbe portrait psychologique de son héros.

Nous allons entendre de sa bouche même les blessures de l’enfance et de la prime jeunesse, les déboires survenus à Hollywood.
Nous allons entendre les motivations, les envies, les désirs, l’ambition du jeune comédien.

Jean-Philippe Bêche parvient à nous faire comprendre de façon limpide la vision du métier d’acteur qu’a son héros.

Bien entendu, pas besoin d’être grand clerc pour comprendre que l’auteur partage complètement le point de vue de son personnage.
« Ce que je veux… C’est trouver ma vérité ! Saisir la pleine signification de la vie. Il n’y a que moi qui puisse la trouver. Je ne veux pas jouer, je veux que ça résonne dans mon âme et dans mon froc. Je dois pouvoir tout oser ! »

Dans un style vif, aux phrases courtes, parfois très courtes, qui se suivent à toute allure, l’auteur nous fait saisir l’urgence, les cassures, les fragilités, les fulgurances de son héros.

Oui, l’urgence.
Comme s’il savait…
Qu’il n’y avait pas une minute à perdre.

L’autre grand propos de ce texte est de nous confronter à notre propre image, celle que nous pouvons avoir de cette icône fauchée en pleine jeunesse, et plus précisément à l’image de rebelle que peut nous évoquer James Dean.

Une image de révolte irrépressible qui va marquer les générations de spectateurs à venir.

De ce point de vue également, cette pièce à trois personnages est une indéniable réussite.

Une autre merveilleuse scène évoque une virée à moto.
James Dean a embarqué derrière lui Elia Kazan.
Et moi de me demander si Jean-Philippe Bêche n'aurait pas tout simplement inventé une machine à remonter le temps et l'espace pour nous raconter si bien et si fort cette scène-là.
Magistral !

En refermant la dernière page de ce très beau texte, on ne peut qu’avoir un certain nombre d’envies.
Tout d’abord, se replonger dans la vie et la carrière de James Dean, revoir ses différents films, relire ses biographies.

Certes.

Mais surtout, assister à la première de cette future pièce !
Et voir « en chair et en os » ces trois beaux personnages, dans la mise en scène que ne manquera pas d'en réaliser l’auteur.

A n’en pas douter, nous devrions en reparler très prochainement !

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