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Les passagers de l'aube

© Photo Y.P. -

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Même si pour bien des Inuits et autres habitants des contrées polaires, la seule polémique vraiment valable est la Polémique Victor, la controverse dont va nous entretenir l'auteure et metteure en scène Violaine Arsac, cette controverse-là est passionnante.

Nous allons plonger dans le monde des EMI, les Expériences de Mort Imminente, à savoir l'ensemble de « visions » et de « sensations » consécutives à une mort clinique, avec forcément le « retour à la vie » associé pour pouvoir raconter tout ceci.

Les EMI, mythes, affabulations, tromperies ou réalité avérée par les médecins et les chercheurs ?
Tel est le dilemme qui va se poser à certains personnages de cette pièce qui va habilement et subtilement mêler le domaine scientifique et une belle histoire d'amour.
Il y avait là un beau challenge, Eros et Thanatos réunis, que Violaine Arsac a parfaitement relevé.

Dans un style alerte, très contemporain, ponctué de formules drôles qui font mouche, (les comptables et les amateurs de FTBC se régalent), elle parvient sans peine à nous captiver, d'autant que ce qu'elle nous raconte provient d'impressionnantes recherches en la matière.
Tout ce qu'on va nous affirmer sera véridique.

Noé est un interne, promis à un bel avenir de neuro-chirurgien, follement amoureux d'Alix, sa compagne.
De fil en aiguille (si je peux m'exprimer ainsi...), il va se trouver confronté à ces phénomènes, ce qui va faire vaciller ses certitudes, et finalement chambouler son existence.

Bien entendu, un beau ressort dramaturgique va se greffer sur tout ceci, et je défie quiconque de ne pas avoir le ventre et le cœur qui se serrent quand....
Mais bien entendu, ne comptez pas sur moi pour dévoiler le dernier acte de la pièce.

La mise en scène de l'auteur est elle aussi enlevée, précise, s'appuyant sur la judicieuse scénographie de Caroline Mexme, une scénographie onstituée de blocs de couleur bleue se transformant en permanence en différents meubles ou objets, manipulés par les comédiens eux-mêmes.

Ce qui compte ici, c'est la distance entre les personnages.
Ou comment traduire et matérialiser sur un plateau les éloignements et les rapprochements des personnages, qu'ils soient physiques, ou « métaphysiques ».
Tout ceci est millimétré, avec de vrais parti-pris.

Des scènes très chorégraphiées par Olivier Bénard, de vrais et bien jolis ballets, viennent approfondir davantage cet aspect du travail dramaturgique.

Quatre comédiens irréprochables vont interpréter neuf personnages, en sachant que Grégory Corre « n'est que » Noé, et Florence Coste « n'est que » Alix.

J'ai retrouvé avec un grand plaisir Mathilde Moulinat et Nicolas Taffin, dont j'avais beaucoup aimé l'une de leurs précédentes pièces, « Pigments ».

Nous ne sommes jamais perdus, grâce à des transitions très habiles, avec changements de costumes et de coiffures rapides, ainsi bien entendu que le talent des comédiens.

Je vous avoue que j'ai beaucoup aimé le Professeur Mercier, interprété par Nicolas Taffin, qui moi, m'a fait penser à un certain médecin très médiatique à la voix grave et aux cheveux et parfois la barbe poivre et sel. N'est-ce pas Marina ?

 

Durant ces quatre vingt cinq minutes, il est impossible de lâcher les comédiens.
Tout d'abord parce qu'ils déploient beaucoup de talent, et parce ce qu'ils nous disent nous interpelle profondément.
Il y a là un vrai sujet, rarement traité au théâtre. (Au cinéma, des films comme « L'expérience interdite », de Joël Schumacher ou encore « Au-delà » de Clint Eastwood ont abordé ce domaine.)

Je suis ressorti du Théâtre 13 en étant troublé et en me promettant d'approfondir tout ceci...

Je me garderai bien de passer sous silence de travail important du créateur-lumières Stéphane Baquet, qui va notamment permettre de créer des transparences dont je ne peux approndir la teneur, sous peine là-aussi de déflorer la fin de la pièce.

Et puis, le clin d'œil musical de Stéphane Corbin est une nouvelle fois très réussi.

Je vous conseille donc d'aller assister à une représentation de ce spectacle, d'une part pour passer un excellent moment, et puis également pour venir partager le sentiment troublant qui s'empare de tous les spectateurs.

 

Et s'il y avait vraiment quelque chose après l'encéphalogramme plat ?

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