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Vive Bouchon

© Photo Y.P. -

© Photo Y.P. -

Je n'irai pas par quatre chemins : Yvan Le Bolloch' fait partie des comédiens figurant en bonne place dans mon panthéon personnel.
Celui qui campa dans la série que l'on sait un prodigieux commercial à la Xantia légendaire et aux célèbres costumes Rémi Garenne, celui-ci me lirait l'annuaire inversé des entrepreneurs de pompes funèbres de la Seine-et-Marne qu'il me plongerait dans la plus grande des félicités...


Yvan Le Bolloch' est de plus un vrai Citoyen, aux positions politiques à la fois marquées et humanistes. (J'aurai d'ailleurs l'occasion de revenir sur cet engagement en fin de papier...)
Tout ceci pour vous dire combien j'avais hâte de le retrouver sur scène !


J'ai eu la bonne surprise de découvrir sur le plateau du mythique théâtre du Splendid une farce, une pochade assez désopilante, avec beaucoup plus de fond qu'il n'y paraît !
Une comédie qui fait fonctionner les zygomatiques du public.


Le Maire de Bouchon, ce village on ne peut plus perdu dans la France on ne peut plus profonde (on aura compris que les amateurs de trous perdus se régalent), ce Maire, afin de cacher ses escroqueries aux subventions européennes, décide de sortir de l'Europe, justement. Il ira même jusqu'à demander l'indépendance internationale de Bouchon.


Jean Dell et Gérald Sibleyras, les auteurs de cette comédie, ont réussi à faire rire en parlant du désenclavement des territoires,  de la désertification des campagnes, de l'exode rural, de la fermeture des services publics, ou encore du poids de la bureaucratie internationale ...
Faire rire, certes, mais pour mieux dénoncer tout ceci.


Si ça fonctionne ? Pleinement.
Un quatuor de comédiens aguerris et drôles campent des personnages très hauts en couleurs.
Le Bolloch', donc, en édile prêt à tout, met sa très grande vis comica au service de ce Jules Mandrin. Quel abattage, quel engagement, quelle vitalité ! (il faudra simplement qu'il veille à mettre la couleur bleue de son écharpe tricolore du côté de son cou, et non pas le rouge... Il n'est « que » Maire, pas Député. Moi, si je peux rendre service....)
Ses ruptures, ses regards, sa gestuelle parfois dégingandée, ses intonations faussement outrées, sa façon d'interpréter la plus grande des mauvaises fois, tout ceci m'a une nouvelle fois enchanté !

Nathalie Corré est une secrétaire de Mairie à la fois fleur bleue, ancienne majorette, prête à tout pour épauler son patron.

Elle aussi est très drôle, notamment lors de ses confrontations avec une certaine porte-fenêtre.

Sébastien Pierre est le « petit » frère du Maire, toujours au CM1 et pour cause (je n'en dis pas plus...), Julien Cafaro incarne un fonctionnaire-inspecteur de la Commission européenne qui tient énormément à sa carte de cantine.
Eux aussi sont parfaits et ne ménagent pas non plus leur peine.

Le texte de la pièce comporte quelques fulgurances à la fois surréalistes et quasi « audiardesques », comme notamment la phrase définitive concernant les vaccins et la faim, ou encore la guerre mondiale et l'ennui du service concerné. (Je n'en dirai pas plus, vous n'avez qu'à aller au Splendid...)


J'ai ri aux mésaventures loufoques de ces quatre-là. Il y a un côté « Branquignols », là-dedans.

On sent une vraie complicité entre les comédiens. (Certains débuts de fou-rires ne trompent personne).

Eric Laugérias signe une mise en scène sans aucun temps mort. Ca n'arrête pas, ça pulse, ça déménage.
Nous sommes vraiment dans le registre de la comédie loufoque.
Les noirs-plateaux sont judicieusement utilisés pour diffuser des versions à la fois « massacrées » et jubilatoires de l'hymne européen (par moment ça doit vraiment « piquer » les oreilles de feu Ludwig van Beethoven, là où il est...) ou bien des flashes d'info .

Cette comédie provoque donc beaucoup de rires dans la salle. Les spectateurs venus s'amuser et oublier leurs soucis quotidiens durant une heure et demi ne boudent pas leur plaisir.
N'est-ce pas aussi l'une des fonctions du théâtre que de procurer ce plaisir et cette bonne humeur ?
On rit, avec en filigrane, de vrais problèmes de sociétés, je me répète.


Et oui, et c'est mon cas, on peut adorer Eschyle, Sophocle, Shakespeare, Molière, Tchekhov, Brecht, Ionesco, Koltès, j'en passe et non des moindres, et rire sincèrement aux aventures de ces Bouchonnais-là...

Ah ! J'allais oublier...
Aux saluts, Yvan Le Bolloch' dédie cette pièce à Daniel Cueff, le Maire de Langouët, qui vient d'être jugé voici trois semaines pour avoir pris un arrêté interdisant l'utilisation des pesticides à moins de 150 mètres des habitations.
Le Bolloch', un Citoyen engagé et humaniste, vous dis-je !

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M
On n'a qu'une envie après avoir lu l'article: VOIR LA PIECE. Venez vite à Saint-Etienne ou Saint-Chamond !! Nos zygomatiques nous démangent et nos mains s'entraînent pour vous applaudir.
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Y
Vous ferez la bise à Yvan de ma part ! :-)))))