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Hiroshima mon amour

© Photo Y.P. -

© Photo Y.P. -

Il était une fois deux voix.
Deux voix, incandescentes, profondes, habitées, deux voix reconnaissables entre toutes.
De ces voix qui vous fascinent et vous hypnotisent littéralement.


Fanny Ardant. Sur scène.
Gérard Depardieu. Off


Deux mélodies orales, subtiles, brûlantes, bouleversantes.


Un dialogue entre une femme qui voudrait oublier son passé et son amant qui lui pose des questions, lui permettant de raconter, de dire, de révéler sa terrible histoire.


Cette pièce est l'adaptation théâtrale du scénario écrit par Marguerite Duras pour le film éponyme d'Alain Resnais, dans lequel une actrice française va participer à un film sur la tragédie d'Hiroshima tombe amoureuse d'un Japonais.
Nous allons assister à une difficile et poignante recherche mémorielle.


On connaît bien entendu ce thème récurrent dans l'œuvre de Duras, qui mêle la nécessité de se souvenir du passé et un autre besoin, celui de dissimuler la vérité.

Ce fragile équilibre sur la corde raide du temps qui passe va trouver ici son climax.


Le passé de cette femme est douloureux. Une tragique histoire d'amour. A Nevers, en 1944, âgée de 18 ans, la jeune fille d'alors s'était éprise d'un Allemand. Celui-ci fut abattu par des résistants.
Elle, elle fut tondue à la Libération, ses parents l'enfermèrent dans leur cave.


Fanny Ardant est cette femme entre ces deux villes, ces deux époques et ces deux histoires d'amour.
Autant l'écrire tout de suite, elle nous livre une grande leçon de théâtre.


Nous sommes bien au-delà de l'incarnation d'un personnage, tellement est est cette femme brisée qui tente de se reconstruire par le biais de la libération de la parole et du souvenir.

Dans une mise en scène épurée au maximum par Bertrand Marcos, (un seul fauteuil noir côté cour), elle irradie le plateau qui en devient brûlant.
Durant cinquante minutes, elle transforme les mots de Duras en un intense et long poème en prose au lyrisme brut. Une terrible oaristys contemporaine.

Le dialogue des deux voix fonctionne à merveille, celle dans l'éther étant tout aussi présente que celle de l'immense comédienne.

« -Tu n'as rien vu à Hiroshima !

- J'ai tout vu. Tout ! »
Nous aussi, nous avons vu.
Nous avons assisté à un très grand moment de théâtre.
Une leçon, vous dis-je !

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