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Voyage en Amérique

(c) Photo Y.P. -

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Bonne surprise dans ma boîte aux lettres, la semaine dernière, moi qui suis un inconditionnel du compositeur Jacques Offenbach.


Les éditions Le Castor Astral viennent de rééditer (d'ailleurs j'ignore si l'ouvrage avait été un jour édité) les notes de voyage que le « Petit Mozart des Champs-Elysées » réalisa en 1876 aux Etats-Unis. Ce recueil d'impressions constituera sa seule œuvre littéraire.


Oui, l'auteur des Contes d'Hoffmann s'est rendu au pays de l'Oncle Sam, criblé de dettes qu'il était, pour une tournée de concerts, de New-York à Philadelphie.
Ces quatre mois ne sont évidemment pas la partie de la carrière du compositeur la plus célèbre ni la plus mise en avant.


C'est en véritable star qu'Offenbach sera accueilli.

Lui qui quand même n'était pas d'un fol enthousiasme à l'idée de ce périple, change vite d'avis lorsqu'il s'aperçoit du chaleureux accueil qui lui est réservé. (Une énorme banderole « Welcome Offenbach » ornera même le balcon de sa chambre d'hôtel.)


Dans ces notes de voyage, Jacques Offenbach posant un regard de sociologue et de quasi anthropologue, va d'étonnement en étonnement.


Le ton est alerte, vif et malicieux. On comprend très vite qu'il se considère en terra peut-être pas totalement incognita, mais en tout cas dans un pays plein d'incroyables surprises et d'étonnantes découvertes.


Son hôtel situé sur la Cinquième avenue, le fascine : rendez-vous compte, dans chaque chambre on trouve « un endroit mystérieux que les initiales W.C. désigneront suffisamment » !


Le principe du menu gastronomique au choix le ravit : au lieu d'un menu du jour imposé, il peut choisir parmi quatre-vingts, trois ou quatre plats principaux !


La rue new-yorkaise est également pour lui un vrai sujet de curiosité.
Quant aux théâtres !
Là-bas, « un directeur a le droit de faire deux ou trois fois faillite ; il n'est pas déconsidéré pour si peu. Plus il fait de plongeons, plus il revient sur l'eau. »
Le paradis, on vous dit !


Mais parfois, le musicien s'indigne.
Une vraie réflexion politique et sociétale émane également de ces observations.
Offenbach nous exprime sa colère en nous rappelant que les « Nègres » ont été certes émancipés, mais d'une étrange façon. « Les bons noirs sont libres, archilibres. Vous allez voir comment : les cars et autres voitures publiques leur sont interdits. Dans les théâtres, il ne sont admis sous aucun prétexte. Et ils ne sont reçus dans les restaurants qu'à condition de servir. »
Et de dénoncer également ces hôtels où les juifs sont exclus.


La publicité (qu'il appelle la réclame ), les courses, la presse, les corporations lui procurent également moult sujets d'étonnement.


Un humour parfois assez féroce se dégage souvent.
Ainsi, il nous présente une harpiste, mademoiselle Esmeralda Cervantes, qui a beaucoup de talents, mais un seul tort : celui de présenter tous ses titres sur sa carte de visite.
Et de recopier les vingt-et-unes lignes de la carte en question.

 

Ces deux-cent-six pages, en comptant la préface de Pierre Brévignon, constituent une véritable plongée dans un monde étrange aux yeux du compositeur.
Un témoignage sur la vie états-unienne de cette fin de XIXème siècle.

A son retour en France, Jacques Offenbach a-t-il songé à composer une opérette intitulée « La vie américaine » ?
L'histoire ne nous le dit pas.

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Voyage en Amérique
Collection "Les inattendus"
ISBN : 979-10-278-0158-9
Prix TTC : 14 €

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