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Mémoires d'un tricheur

(c) Photo Y.P. -

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C'est l'histoire d'un homme qui a très vite compris que pour réussir dans la vie, il fallait tricher.
En effet, à l'âge de dix ans, il a vu onze membres de sa famille décimés par une omelette aux champignons vénéneux.
Lui en réchappa, privé de dîner qu'il était pour avoir volé dans la caisse du magasin familial pour s'acheter des billes.
Dès lors, à quoi bon être honnête, je vous le demande un peu ?


Voici donc le début du roman (le seul) écrit par Sacha Guitry.
Eric-Emmanuel Schmitt, l'auteur à succès par ailleurs directeur artistique du théâtre Rive-Gauche a décidé d'adapter et de mettre en scène cette œuvre.


La pièce commence, mais au grand étonnement des spectateurs, ce ne sera pas par du théâtre.
C'est une séquence cinématographique qui ouvre le spectacle.

Du ciné à l'ancienne, en noir et blanc, avec des rayures sur la bobine et les indispensables cartons intermédiaires.
Le maître à la voix traînante apparaît, incarné et imité par Olivier Lejeune, qui va présenter son compère sur scène Sylvain Katan, ainsi que toute l'équipe technique, au moyen de moult facéties.


Puis, la pièce commence véritablement.
Olivier Lejeune, donc, est ce tricheur qui raconte sa vie passée dans un lieu que nous ignorons. Nous ne savons pas où se déroule l'action. Quelques indices sonores nous laisseront présager qu'il est sur son lieu de travail.


Le comédien, pendant une heure et vingt minutes va dérouler impeccablement un long texte.
L'homme a du métier ainsi qu'une sacrée présence scénique.

Il est brillant, spirituel, élégant, charismatique au possible.


Aucune difficulté à le suivre évoquer ses aventures et les péripéties arrivées dans les villes d'eau (ou pas) en général, et dans leur casino en particulier.


L'esprit Guitry est là, la verve, la légère emphase, l'humour parfois grinçant un rien désabusé, rien ne manque.

 

Et pourtant, Lejeune fait du Lejeune, à la différence du petit film du début.
Eric-Emmanuel Schmitt lui a évidemment demandé de ne pas singer Sacha.


Le metteur en scène a confié tous les autres rôles masculins ou féminins à Sylvain Katan qui bien souvent va déclencher des salves nourries de rire !
Il est vraiment drôle, changeant en permanence de costumes et de couvre-chefs. (J'avais beaucoup apprécié ce comédien la saison passée dans le Cabaret Liberté, mis en scène par Charlotte Rondelez au Poche-Montparnasse.)


Nous saurons évidemment à la fin de la pièce où se déroule l'action.
Ayant voulu arrêter de tricher, notre héros, désormais « rangé des affaires » ne peut s'empêcher de mettre en place un système destiné à forcer le hasard.
Un hasard à qui Guitry avait d'ailleurs dédié son roman.
Tricheur un jour, tricheur toujours ?

Ces Mémoires d'un tricheur laissent une très belle impression. C'est un spectacle délicat, qui se déguste avec gourmandise, à la différence de certaines omelettes aux champignons.

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