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Louise Weber dite La Goulue

(c) Photo Y.P. -

(c) Photo Y.P. -

L'un des nombreux bienfaits du théâtre est aussi de nous faire aller à la rencontre de personnages connus et dont paradoxalement vous ignorez à peu près tout.


Je vous avoue que telle était ma situation personnelle vis-à-vis de Louise Weber.
Bon. La Goulue, le désossé, le Moulin-Rouge, Lautrec...
Et c'était tout ce que m'inspirait cette figure de la troisième république.


Les deux Delphine, Delphine Gustau l'auteure et Delphine Grandsart la metteure-en-scène interprète ont entrepris de dépasser les images toutes faites que l'on peut avoir.


La Goulue, c'est bien autre chose que les clichés évoqués plus haut.
Au delà d'être durant un moment de sa vie une vraie star, la Goulue était avant tout une femme.
Libre.


C'est ce que va nous faire formidablement comprendre Melle Grandsart.
Cette liberté revendiquée et assumée transpirera tout au long du spectacle.
Liberté face à l'ordre moral.
Liberté vis-à-vis des hommes.
Liberté pécuniaire, aussi.


C'est Mathieu Michard qui accueille les spectateurs, avec son accordéon. Il joue un air triste et nostalgique, que seul cet instrument peut nous proposer.


La comédienne quant à elle va arriver sur scène par la salle, une allumette qui se consume à la main, une fois le noir tombé.
C'est un personnage de vieille femme très réussi qu'elle nous propose tout d'abord.


Elle va se présenter, va évoquer sa gloire passée, son rapport à l'alcool, le décès d'un enfant.
Nous savons immédiatement que nous ne découvrirons pas une vie facile.


La comédienne est totalement dans son personnage.
Par petites touches, elle va évoquer des moments de vie tumultueuse, dont l'épisode du Moulin Rouge n'aura été qu'une toute petite partie.


Des instants drôles, très drôles, mais également émouvants, tristes, dramatiques, même.


Delphine Grandsart ne fera pas que raconter. Elle chantera, et de très belle façon des goualantes, bien entendu, avec un accent parisien prononcé.

Des chansons réalistes évoquant le malaise social, la difficulté d'exister en tant que femme, la difficulté d'exister tout court.


Pour évoquer le rapport aux hommes, l'actrice n'hésitera pas à s'adresser à la salle.
Mieux, elle descendra dans la fosse aux lions.
Je ne vous en dis pas plus, la scène est irrésistible de drôlerie. Un spectateur se souviendra longtemps de sa venue au théâtre de la Contrescarpe.

Bien entendu, ce que Melle Grandsart nous donne à voir, ce n'est pas simplement un « biopic » si réussi fût-il.


C'est avant tout une peinture humaine destinée à nous faire réfléchir sur notre positionnement personnel par rapport aux revendications, provocations et engagements moraux de cette femme, qui nous fera voir son caleçon brodé d'un cœur sur les fesses.
 

Il s'agit avant tout d'un spectacle militant, au sens noble du terme.
 

Un spectacle concernant la condition féminine.
Un spectacle qui ne peut laisser personne indifférent.
Un spectacle dans lequel s'est totalement investie Delphine Grandsart.

 

On ne monte pas une pièce consacrée à cette femme par hasard.
A la toute fin, la comédienne pleure. Je n'en étais pas très loin non plus...

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