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Cabaret liberté !

(c) Photo Y.P. -

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La liberté est-elle compatible avec la poésie et l'humour ?
L'utopie est-elle soluble dans la chanson et la magie ?

 

Non, les deux interrogations ci-dessous ne sont pas des sujets du bac philo 2017 qui auraient fuité du tout nouveau bureau de Jean-Michel Blanquer, rue de Grenelle.
Non.


Il s'agit en quelques mots de la philosophie générale de ce « Cabaret-Liberté », conçu et mis en scène par Charlotte Rondelez.


Pour notre plus grand plaisir, le « petit » Poche-Montparnasse  s'est transformé en véritable cabaret.
Un cabaret, avec quatre comédiens-chanteurs-magiciens et un pianiste.


Pendant deux heures, ce quintet de choc va nous faire réfléchir sur le concept de liberté et va faire vaciller nos certitudes en matière d'utopie libertaire.


Mais pas n'importe comment !
Charlotte Rondelez a eu la bonne idée d'inviter sur scène différents chanteurs, tels que Vian, Brassens, Higelin, Brel, Vissotsky, Derbenev, différents écrivains comme Breton, Devos, Courteline, Mirbeau, Roorda, Voltaire et d'autres, afin de nous confronter à leurs visions humoristiques, impertinentes, poétiques.


Devant nous, Céline Espérin, Melle Rondelez herself, Sylvain Katan, Pierre Val, accompagnés au piano par l'excellent Vadim Sher, ne ménagent pas leur peine pour nous proposer deux heures originales, deux heures poétiques, deux heures militantes aussi, deux heures qui filent sans que l'on s'en aperçoive.


Les chansons sont bien entendu choisies en fonction du thème, et sont interprétées de très belle manière par les quatre chanteurs.
On se régalera de la « Java des chaussettes à clou », de « Mourir pour des idées » ou encore d'une somptueuse version des « Bourgeois » du grand Jacques.
Les voix sont justes, très justes. Une vraie cohérence vocale se dégage de tout ça.

Mention spéciale à Céline Espérin qui régale véritablement l'auditoire avec sa magnifique interprétation de « Youkali » de Kurt Weill. Elle est alors bouleversante.


Les textes poétiques sont également eux aussi fort judicieusement choisis.
Les « Scrupules » de Mirbeau, et l'« Article 330 » de Courteline sont irrésistibles.
Ces textes sont dits, certes, mais ils sont bien entendu mis en scène et interprétés de façon subtile et tout à fait convaincante.


Des textes et des sketches concoctés par la petite troupe viennent ponctuer le spectacle.
J'ai tout particulièrement apprécié la « Titrisation ou les boîtes de chocolat ».
Durant cet intermède, les cinq nous expliquent l'économie et le rôle des banques au moyen de... bonbons au chocolat.

Je n'en dirai évidemment pas plus, mais nul doute que les études à l'ESSEC de la metteure en scène, avec spécialisation en finance et en droit, nul doute que ces études-là ont servi, au moins pour ce spectacle.


Charlotte Rondelez exécute également des tours de magie, dont un qui lui permet de nous expliquer de façon on ne peut plus imagée et imparable le rôle des femmes dans nos sociétés modernes...

Là encore, je vous laisse découvrir.
 

Il ne faut pas passer non plus sous silence la belle capacité qu'ont les protagonistes de ce cabaret à improviser et à interagir avec la salle. Les spectateurs, assis à leur table, participent, s'expriment, commentent ce qu'ils voient.

C'est parfois drôlissime, n'est-ce pas Margaret ?


Au final, c'est un spectacle tout à fait étonnant, détonnant et décapant qui a le grand mérite de mettre en abyme nos propres certitudes.
Un spectacle plein d'humour, d'émotion et de poésie.
Et par les temps qui courent...

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