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Les misérables

(c) Photo Y.P. -

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Peut-on adapter et mettre en scène au théâtre, et ce, en une heure et trente minutes Les Misérables, le roman-épopée de Victor Hugo ?
Peut-on réussir cette gageure ?


J'avoue que j'étais très curieux de pouvoir répondre à cette question, et quelque peu dubitatif, je ne vous le cacherai pas.


Et bien, la réponse est tout à fait positive.
Manon Montel a gagné haut la main son pari. L'esprit du grand Victor est bien là.
Ce fut un véritable plaisir de retrouver les Valjean, Thénardier, Javert, et consorts, et les voir «en chair et en os ».
Un peu comme si l'on retrouvait des vieux amis perdus de vue.


D'ailleurs, on ne devrait jamais trop s'éloigner de cette fresque romanesque, tellement les enjeux sociétaux sont hélas encore actuels.


Manon Montel a su conserver la moelle de cette saga réaliste.
Ici, c'est Mme Thénardier qui sera le fil conducteur de ces quatre-vingt dix minutes. C'est elle qui assurera les liaisons narratives entre les différentes scènes.

Claire Faurot l'interprète de façon très juste. Elle chante également en s'accompagnant de son accordéon. (Avec une très belle version de « Dans ma rue » d'Edith Piaf, qui colle tout à fait au contexte.


La metteure en scène a resserré la pièce sur les personnages de Jean Valjean, bien entendu, mais aussi de Fantine, qu'elle interprète de façon tout à fait convaincante (elle jouera également Gavroche), et sur l'histoire d'amour entre Cosette et Marius.


Pourquoi pas. Le choix est judicieux, l'essentiel étant, je le répète, que l'esprit hugolien soit présent.
Pour tout décor, des bancs et des ballots ficelés qui serviront tour à tour de chaises, de tables et de lits. Pas besoin d'autre chose : le texte, la mise en scène et les comédiens suffiront.

 

Pour interpréter le bagnard devenu maire (combien sommes-nous, au passage, à souhaiter qu'à notre époque, on puisse connaître parfois des destins inverses...), elle a choisi un comédien que j'avais quitté l'après-midi dans le rôle de Sganarelle-médecin malgré lui, au théâtre Michel.


A ma grande surprise, j'ai retrouvé le soir-même au Lucernaire Stéphane Dauch.
De sa voix de baryton-basse, avec une incroyable présence, il incarne le forçat au grand cœur.
Et de quelle façon !
Il est réellement bouleversant, sans pathos inutile ni afféterie, vraiment touchant, sans trop en faire.
On est complètement pris par son jeu. Il réussit à rendre complètement crédibles la rédemption et la grande bonté de son personnage.


Il faut mentionner également la belle performance de Jean-Christophe Frèche dans le rôle de l'inspecteur Javert.
Lui aussi est parfait en policier inflexible, glacial, bras armé d'une caste sociale.


Je ne voudrais pas non plus passer sous silence les jeunes Léo Paget et Cécile Génovèse en Marius et Cosette eux-aussi totalement convaincants.
Dov Cohen, Anatole de Bodinat, Antoine Guiraud et François Pérache sont aussi de l'aventure, eux aussi nous embarquant dans ce souffle épique.


C'est un très beau moment de théâtre que nous proposent Melle Montel et ses comédiens.


Tous parviennent remarquablement à nous plonger dans l'univers du père Hugo, dans cette gigantesque et vertigineuse fresque mêlant la description d'une impitoyable et implacable société et le destin d'hommes et de femmes qui en subissent les affres.
Une vraie réussite.

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