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Le songe d'une nuit d'été

(c) Photo Y.P. (J'ai flouté volontairement deux éléments pour ne pas spoiler la fin du spectacle.) -

(c) Photo Y.P. (J'ai flouté volontairement deux éléments pour ne pas spoiler la fin du spectacle.) -

Comment dire...
Ce sentiment que vous venez de voir « le Songe d'une nuit d'été » de votre vie.

Et que tous les autres (et il y en a eu...) n'étaient que des tentatives, des brouillons.


Cette impression que Lisa Wurmser, la metteure en scène a réussi à retrouver la grâce, la poésie et la beauté originelles du théâtre shakespearien.


Oui, ce Songe est bouleversant.

 

Comme si, même avec les technologies modernes du spectacle, nous avions remonté le temps et nous étions revenus à la création de la pièce, à la volonté et aux parti-pris du grand William.


En sept mot comme en cent, je me suis surpris à penser :  « Voilà, ça ne peut pas être autrement ! ».

 

Lisa Wurmser a su exprimer la profonde humanité de cette pièce.


Oui, c'est avant tout une pièce qui parle d'amour.
L'être humain y est confronté au plus noble des sentiments. L'amour.
Alors, oui, bien entendu, d'autres thèmes sont là : la révolte de la jeunesse face au père et à l'ordre établi, la notion de libre-arbitre, l'accession à la liberté, etc, etc...
Mais l'amour. Surtout l'amour.


Certains parti-pris de la metteure en scène sont lumineux. Purement et simplement lumineux.


La grande réussite est d'avoir su proposer une mise en scène, certes exigeante, mais avant tout simple.
Une simplicité réelle, sans chichis, sans subterfuges, qui fait que tout coule de source. (Je ne doute pas que pour arriver à cette impression de simplicité, il faut énormément de talent et de travail...)


Le décor, mi-fête foraine, mi-cirque, très fellinien dans l'esprit, convient parfaitement à la pièce.


Le Puck de Melle Wurmser est vraiment étonnant et enthousiasmant.
C'est le compositeur et musicien Laurent Petitgand qui s'y colle.
En dandy-rocker anglais entièrement de noir vêtu, (j'ai pensé à David Bowie), une magnifique guitare électrique en permanence en bandoulière (il joue (très bien) en live, grâce à un émetteur HF), il n'est pas seulement le bouffon dont se contentent trop de metteurs en scène.


Non. C'est bien plus que ça !
Son maquillage partageant son visage en deux annonce d'entrée la couleur du rôle souhaitée par Shakespeare.
C'est un personnage complexe, ambivalent, toujours entre deux eaux, toujours sur le fil.
Le comédien excelle dans ce rôle rendu très ardu par la volonté de Lisa Wurmser.

Elle a demandé beaucoup, et l'a obtenu.

Riche idée, ce Puck musicien : Shakespeare s'adresse également à l'oreille, pour reprendre les mots de Lisa Wurmser dans sa note d'intention.


Autre idée formidable : l'utilisation de marionnettes lors de la mise en abyme finale. (Ah ! Le théâtre dans le théâtre...)
Derrière leur petit castelet, les comédiens manipulent de façon experte et hilarante des living-puppets, créées par Pascale Blaison. Je ne vous en dirai pas plus, fou-rires garantis. C'est grandiose et délirant !


Toute la troupe est dans un état de grâce.
Christian Lucas, en Bottom transformé en âne (qui ressemble furieusement à celui de Shrek), Christian Lucas donc, est formidable de drôlerie. (le gag le concernant, alors qu'il est dans une baignoire, est désopilant...)


Le Thésée de John Arnold est épatant de majesté et de grandeur. M. Arnold est également très bon en Obéron parfois dépassé par les événements.

Marie Micla en Hyppolita très érotisée, Flore Lefebvre des Noëttes en Quince (clin d'oeil : le metteur en scène des quatre artisans apprentis-comédiens est elle aussi une metteure en scène), Jade Fortineau en Héléna et Yoanna Marilleaud en Hermia sont toutes parfaites.
Tour comme les garçons sont eux-aussi épatants : l'excellent Adil Laboudi (qui tire bien des rires à la salle), Léo Grange, qui connaît les différentes significations du mot lune, très à l'aise sur une grosse boule, et sans oublier Gilles Nicolas en père d'Hermia et en Thisbé irrésistible.

Un sentiment de grande organicité règne en permanence.
Les acteurs se courent après, s'attrapent, se portent, se poussent à terre, se font tomber. On est parfois dans la farce, dans un théâtre de tréteaux.
Tout ceci est physique, on ne fait pas semblant, pas de demi-mesure, on y va, on se donne, on se lâche.
C'est également sensuel, voire érotique. L'amour certes, mais sous sa forme charnelle, également...

Ces deux heures dix sont un enchantement, un ravissement permanent.
Une véritable féérie.
Un aller simple direction l'essentiel du théâtre.
On n'a vraiment pas envie du retour...

La Tempête nous gâte.
En même temps qu'y est programmé le grandiose Timon d'Athènes de Cyril le Grix, Lisa Wurmser nous donne une véritable leçon de théâtre.


Mieux. Une leçon de bonheur.

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Après la représentation, Lisa Wurmser a répondu à mes questions.
L'Interview web-radio sera diffusée ici même dans les jours qui viennent.

 

Le songe d'une nuit d'été
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