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Les fourberies de Scapin

(c) Photo Y.P. -

(c) Photo Y.P. -

Voulez-vous voir un Scapin décoiffant, décapant, hilarant ?

Voulez-vous découvrir une relecture musicale et très visuelle de ces Fourberies, ce chef-d'oeuvre de feu le très regretté M. Poquelin ?

Venez donc applaudir sans réserve aucune cette mise en scène survitaminée d'Emmanuel Besnault, servie au mieux par cinq jeunes et épatants comédiens : Benoît Gruel, Schemci Lauth, Geoffrey Rouge-Carrassat, Deniz Turkmen et Manuel Le Velly.

Ces six-là nous proposent une version totalement nouvelle de ce classique des classiques.

Emmanuel Besnault nous emmène donc à Naples, sur une musique originale Gypsy qui illustre parfaitement l'action de la pièce : guitare, derbouka, castagnettes, tambourin et tambour nous plongent dans une ambiance propice au déroulement de la pièce et au caractère des personnages.

Autre parti-pris imparable : nous avons devant les yeux et les oreilles une mise-en-scène mi-Commedia Dell'Arte mi-cartoon à la Tex Avery.
Et ce mélange fonctionne à la perfection : le public rit aux éclats, participe pleinement et en redemande.

Je ne vous dévoilerai pas le déroulé de la fameuse scène du sac, mais cette scène-là est une vraie trouvaille d'invention dramaturgique et scénographique.
Il faudra attendre longtemps pour qu'on puisse faire mieux et plus original !

Un autre aspect réjouissant de cette production nous saute aux yeux : le décor et la scénographie.
Nous sommes en présence d'éléments en bois qui se transforment ingénieusement, tour à tour murs, portes ou plan incliné générateur de bien des galipettes et autres pirouettes physiques.
Tout ceci est bien entendu vecteur de bien des situations et autres gags désopilants.

Tout comme l'utilisation de grandes toiles et de gros cordages, qui génèrent également de beaux et désopilants  moments visuels.
Ce sont d'ailleurs ces toiles qui permettent aux acteurs d'incarner de façon irrésistible plusieurs personnages.

Ces cinq et talentueux jeunes comédiens font partie de la Compagnie de l'éternel été. (Quel joli nom!)

C'est évident : ils se connaissent bien, s'aiment et jouent ensemble depuis longtemps, comme de vrais copains peuvent s'amuser ensemble.
Quand ils ne parlent pas, ou n'ont rien à jouer sur scène, il faut les voir regarder leurs camarades.
Il y a plus que le métier, il y a l'envie de soutenir les amis, de les suivre des yeux et de les apprécier.

Dans ce théâtre de tréteaux, dans cette farce digne parfois de Bip-Bip et du coyote, cette complicité, cette entente, cette évidente appartenance à une communauté humaine sont les conditions sine qua non pour que la mayonnaise prenne.
Et ici, comme elle prend au delà de toute espérance, cette mayonnaise-là !

Il faut d'ailleurs noter que cette impression de troupe interprétant ce type de théâtre, comme pouvaient le faire Molière et ses comédiens, cette impression est renforcée par le fait que tous à la fin vont démonter le décor pour laisser rapidement place à la pièce qui suit.

Ensemble. Encore et toujours ensemble.

Tous ne ménagent par leur peine, tous courent, sautent et virevoltent sur la scène, enchaînant les situations avec précision, dans une énergie communicative et enthousiaste. (Je ne sais combien de calories les cinq brûlent chaque soir, mais ce doit être quelque chose !)

Un vrai régal vous dis-je !

Cette soirée au Lucernaire fait partie de ces moments qu'on trouve vraiment trop courts, ces instants précieux et finalement assez rares qui vous transportent et qui renforcent un peu plus encore votre passion du théâtre.

A nouveau, et comme c'est réjouissant, il faut remercier ces jeunes gens qui font vivre et entretiennent le répertoire, le mythe et la flamme !

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Dans les jours qui suivent, je vous proposerai une interview webradio du metteur en scène Emmanuel Besnault qui détaillera tous ses parti-pris.

Les fourberies de Scapin
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