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La nuit des rois

(c) Photo Y.P. -

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Remarquable ! Enthousiasmant !
Ce que j'ai vu hier au Funambule Théâtre relève vraiment de ces deux qualificatifs !


Mais qu'il est jouissif et réconfortant de découvrir une bande de six très jeunes comédiens qui s'approprie de cette belle façon Shakespeare !


Oui, ces gamins ne se sont pas laissé impressionner et ont osé prendre le grand Will à bras le corps, l'adapter (de quinze personnages, on passe notamment à six), et le bousculer à bon escient tout en gardant le sens et le propos de cette comédie.
Car oui, c'est une comédie, car oui, on doit faire rire et rire avec cette pièce !


Sur le plateau, en quatre-vingts minutes, ces six-là nous restituent de façon magistrale l'esprit, la fougue, mais aussi l'émotion, la poésie et le génie shakespeariens. C'est gonflé, mais ça fonctionne parfaitement.

 

L'histoire, on la connaît.
Deux jumeaux hétérozygotes, Viola et Sébastien, séparés sur les côtes d'Illyrie par un naufrage à la suite d'une tempête, croient chacun qu'ils sont le seul ou la seule à avoir survécu à la tourmente.
Les voici chez le Duc Orsino, amoureux de la belle comtesse Olivia.
Une Olivia qui elle est amoureuse de Viola déguisée en homme, qui elle même est éprise d'Orsino.
Vous suivie cette chaîne du triangle amoureux ?
Suite à bien des quiproquos, tout finira pour le mieux ! Ouf !


(J'en profite pour rappeler qu'à l'époque élisabéthaine, les filles n'ayant pas le droit de monter sur les tréteaux, l'enjeu principal de la pièce était pour un comédien de jouer déguisé le rôle d'une une fille elle-même déguisée en homme. Une sacrée mise en abyme trans-genre...)


Ne nous y trompons pas : si cette version de la compagnie Les lendemains d'hier m'a enthousiasmé, c'est certes en partie à cause de la fraîcheur, de la candeur, de la jeunesse qui se dégage de tout ça, mais c'est avant tout parce que les six comédiens sont excellents, chacun dans leur registre !


Benoît Facerias, qui joue et qui met surtout en scène, a su insuffler un vent de folie contagieuse sur tout ceci. Ca pulse, ça vibre, ça déménage, c'est enlevé, c'est par moment très émouvant, ça n'est jamais ennuyeux.
On rit, on s'amuse, on participe aussi à l'action. Si si !


Très peu de moyens techniques sont mis en œuvre. Quelques ampoules, un cadre métallique symbolisant une geôle, et ça suffit. (Mais voici que j'allais oublier des jarretières croisées ainsi qu'un collant jaune...)
Le texte et les comédiens se suffisent bien à eux-mêmes.


Quatre comédiens se répartissent tous les rôles masculins, avec notamment Pierre Boulben en bouffon virevoltant, bondissant, changeant de voix, jouant fort bien de la trompette, apostrophant le public. Il est épatant !


Malvolio l'intendant épris de sa patronne Olivia est incarné de bien belle façon par Arnaud Raboutet. Qu'est-ce qu'il m'a fait rire avec ses décalages, ses ruptures et ses soupirs enamourés !


Et puis les deux comédiennes. Joséphine Thoby est une servante Maria espiègle, enjôleuse, toujours juste, toujours vraie. Une très belle interprétation.


Et puis, j'ai fait une vraie découverte en la personne de Céline Laugier.
Voici une comédienne absolument épatante, et ce, dans bien des registres.
En « meneuse de jeu », canotier sur la tête, (elle résume et fait avancer l'action. Il a fallu élaguer...), elle est parfaite de drôlerie, d'humour et de naturel.
Puis, en comtesse Olivia, elle m'a époustouflé.
Elle a une vraie capacité à incarner ce très beau personnage doté de beaucoup de texte.
J'ai totalement cru à son Olivia, qu'elle soit amoureuse, en colère, repoussant les avances de Malvolio, ironique ou encore passionnée.
La comédienne dégage beaucoup d'émotion et de charisme. En permanence, se dégage de son jeu une vraie justesse.
Je suis quasiment certain qu'une très belle carrière l'attend !

Il me reste à vous préciser que cette comédie est également musicale avec des emprunts à un chanteur célèbre originaire d'Astaffort, à Bobby Lapointe et au groupe Chanson Plus Bifluorée.

Ne manquez surtout pas cette remarquable version de la Nuit des rois !
Courez toutes affaires cessantes au Funambule théâtre.
Dépêchez-vous, il ne vous reste que jusqu'au 14 mars.

Je regrette vraiment de n'avoir pu y aller avant !

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