27 Septembre 2025
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De l’importance de l’adverbe presque…
Le spectacle C’est mort (ou presque) est un spectacle foisonnant de vie.
Un spectacle musical fascinant !
De l’importance également des rayons des bonnes librairies.
C’est en effet devant un présentoir que Joachim Latarjet est tombé par hasard sur le livre éponyme du poète-écrivain Charles Pennequin.
Un ouvrage à nul autre pareil.
Une révélation ! Pour l’auteur-compositeur-multi instrumentiste-interprète, ce sera l’occasion de relier textes et musique électronique à base de loops et de samples.
Charles Pennequin a été gendarme durant dix-huit ans.
Après, il a changé de tactique, et est devenu poète-écrivain.
Ce livre, c’est un besoin vital de se moquer de la mort, mais aussi de raconter le passé, la famille, l’enfance dans le nord, mais aussi la vie de ceux qu’il englobe dans le terme de « l’armée noire », celle des petites gens, du populo.
Immédiatement, le style de l’auteur a séduit le musicien.
L’écriture de Charmes Pennequin procède en effet de répétitions, de spirales, d’effets de « ressort », des sortes d’écholalies réjouissantes, dans des phrases longues, sans ponctuation.
Avec Sylvain Maurice, Joachim Latarjet a donc été séduit par ces textes, lui qui aime les ostinatos, les effets d’itérations musicales et autres « ritournelles », pour reprendre son propre terme.
Nous allons nous en rendre compte très rapidement, dans cette magnifique petite salle au deuxième étage du théâtre de L’Athénée.
Une forêt de micros occupe la scène, tout autout d’un siège capitoné.
Différents instruments attendent leur interprète, ainsi qu’un ordinateur et un tout petit clavier-maître.
Une pulsation sourde débute le spectacle, dès le musicien installé. Qu’il a déclenchée au pied, grâce à une pédale constituée de multiples déclencheurs.
Dans une première pièce, nous allons comprendre le mécanisme littéraire.
La répétition, que les différentes boucles rythmiques pré-enregistrées ou fabriquées en temps réel nous font bien assimiler.
Ici, l’élaboration des pièces musicales est intimement dictée par les phrases, les mots, le style de l’auteur Pennequin.
Durant toutes ces quelque cinquante minutes, ce sera le principal fil conducteur du spectacle.
Messieurs Latarjet et Maurice ont pleinement réussi à « adapter » ces extraits du bouquin, à caler les textes et la musique, tuilant mots et notes.
Le chanteur les scande, ces mots, les exprime dans toute leur puissance évocatrice, dans toute leur force.
Pour ce faire, il a à sa disposition plusieurs microphones, chacun aboutissant à un traitement numérique particulier de sa voix.
Vocoder, harmonizer, delay, j’en passe et des meilleurs.
(Un coup de chapeau à l’ingénieur du son Tom Ménigaut. Là aussi, de la très belle ouvrage!)
Nous sommes alors très rapidement conscients de la dimension poétique de l’œuvre, qui cohabite avec un humour noir parfois assez féroce.
Multi-instumentiste, donc, M. Latarjet.
Nous allons constater tous les talents musicaux d’interprète du musicien.
Il alternera le jeu à la guitare électrique, à la basse, mais aussi au blaglama, une sorte de petit bouzouki.
Mais c’est au trombone et au tuba contrebasse qu’il va nous impressionner.
Véritable virtuose du trombone, il se lance avec ou sans sourdine dans des lignes de notes, des improvisations complexes et parfaitement maîtrisées.
Son tuba provoque des rires, en raison de sa taille, à chaque fois qu’il s’en saisit.
Mais ça n’est pas tout !
Comme si ça ne suffisait pas, Joachim Latarjet pilote en direct son ordinateur, par le biais du logiciel Live Ableton.
Il enregistre ses propres samples, notamment des lignes de basse au tuba, ou des motifs mélodiques au trombone ou à la voix, en utilisant son pédalier.
C’est une vraie difficulté que de gérer le tout en même temps.
Un gros travail de production a évidemment été réalisé en amont.
Pour autant, cet aspect technique est au service du propos artistique, à savoir faire siens les mots de l’auteurs.
Ce spectacle est de ceux qui se mettent entièrement au service d’un auteur.
Durant cette petite heure, qui passe beaucoup trop vite, nous mesurons comment et de quelle très belle manière l’écriture de Charles Pannequin a été mise en valeur et en lumière.
Ne manquez pas ce petit bijou poético-musical, électro-instrumental et numérico-littéraire.
Fascinant, vous dis-je !
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Inspiré par le Pamphlet contre la mort du poète Charles Pennequin, l'auteur-compositeur et musicien Joachim Latarjet propose... ,date:23/09/2025-04/10/2025
https://www.athenee-theatre.com/saison/spectacle/cest-mort-ou-presque.htm