[Reprise] Ceci n'est pas une religion

En ces temps de rentrée théâtrale, voici une reprise qu'il vous faut absolument découvrir (ou re-découvrir...)
A La Villette, Elodie Emery, qui pour son travail journalistique est devenue finaliste du prestigieux prix Albert-Londres, et a reçu le prix SCAM (dont fait partie votre humble serviteur) de l’investigation au festival FIGRA 2023, Elodie Emery a mis en scène son enquête concernant les des dérives sexuelles au sein des temples bouddhistes, notamment en France.
C'est un seul en scène qui bouscule les codes du genres au service d'un passionnant propos.
Voici ce que j'écrivais en mars dernier.
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L’Oréal, parce qu’elle ne le veut plus.

On n’imagine pas combien le fait de quitter la multinationale du cosmétique, lorsqu’on y bosse dur en tant que jeune collaboratrice au marketing, on n’imagine pas combien ce fait peut changer votre vie.

Bon, alors au début, c’est dur… Dépression, chômage, etc, etc.
Et puis, une idée vous vient, en l’occurrence celle de créer un blog qui propose à ses lecteurs-lectrices de tester notamment des propositions de stages de développement personnel.

Ce blog attirant l’œil de rédacteur en chef du journal Marianne, vous voilà devenue journaliste, profitant de la trêve estivale pour mener l’enquête sur ce besoin actuel de développement à la fois personnel et spirituel, avec des officines dirigées par de pseudo gourous à la recherche de vrais gogos afin de s’engraisser sur leur dos.

Et vous de vous retrouver à enquêter sur des dérives sexuelles au sein des temples bouddhistes, notamment en France.
Et vous de devenir finaliste du prestigieux prix Albert-Londres, et vous de recevoir le prix SCAM (dont fait partie votre humble serviteur) de l’investigation au festival FIGRA 2023.

Voici en quelques lignes l’incroyable et pourtant bien réel parcours d’Elodie Emery, qui a eu la bonne idée, avec les journalistes de Live Magazine, de transposer cette vie et surtout cette enquête pour la scène.
Elle a bénéficié du soutien de La Ferme du Buisson où le spectacle a été créé en novembre dernier.

Mademoiselle Emery n’est pas une comédienne. Du moins, c’est elle qui le dit !
Elle annonce immédiatement la couleur sur scène : la preuve, à jardin, se trouve un pupitre, avec quelques feuilles de notes. Ce sera le seul accessoire de cette entreprise artistique, si l’on excepte un écran de retour pour suivre en direct les projections vidéos dont nous reparlerons.

Pour autant, nous allons assister à un véritable spectacle, un « reality one-woman show », un seul en scène du réel, comme définit elle-même son « bébé » dramaturgique.
Cette réalité, ce réel, c’est donc son expérience et son remarquable travail d’investigation qu’elle nous raconte, qu’elle nous interprète, même.

Elle se plante devant nous, et commence à raconter. A se raconter.
Son écriture est vive, acérée, très journalistique. Sujet, verbe, complément.
Mais cette écriture-là va droit au but, fait mouche à tous les coups.

Pince sans rire, elle possède une réelle vis comica, et grâce à un humour grinçant, et un vrai sens de l’autodérision, elle nous attire dans ses filets pour ne plus nous lâcher.

Au fond, il va être ici question de bonheur.
Ce bonheur que tout un chacun espère trouver, de façon parfois étrange, ce bonheur auquel on tente d’accéder par des voies ou des chemins souvent tortueux.
Des moyens que nos sociétés que l’on dit modernes nous proposent, et que bien souvent par désespoir, on met en œuvre, tentant le tout pour le tout.

Et puis, il sera question d’investigation.
La vraie, celle qui fait honneur au métier de Journaliste. Nous allons en avoir une vraie démonstration. Il existe encore de jeunes gens qui bossent convenablement !

Elodie Emery nous parle d’une religion qui n’est pas une religion. Le bouddhisme.
Le titre du spectacle ne laisse planer aucun doute : pour la majeure partie des bouddhistes, et même dans l’inconscient collectif, il ne s’agit pas d’un culte, au même titre que le christianisme, l’islam, la religion juive, l’hindouisme.
Au mieux une philosophie, au pire, une secte qui aurait réussi.

En tout cas, ce qu’elle va découvrir dans un temple du sud de la France « dirigé » par Sogyal Rinpoché, dans le sud de la France, ceci va nous glacer.
Cet homme est auteur d’abus sexuels, de viols, auprès de jeunes disciples féminines, obligées de se plier à ses atroces volontés.

Pire, elle démontre que les autorités bouddhistes savaient.
A commencer par Mathieu Ricard, figure française du mouvement, et bien entendu le Dalaï Lama lui-même qui aura le culot (oui oui.…) de bloquer Elodie Emery sur What’s app !

Nous autres spectateurs sommes évidemment horrifiés par ce que nous apprenons.
En ce sens, ce spectacle est de ce point de vue très édifiant et très salutaire.

Les vidéo-projections, donc.
Celles-ci participent pleinement à la dimension spectacle de ce seul-en-scène.
C’est malin, c’est très bien fait, c’est souvent très drôle, et ce côté visuel est un complément parfait du propos narré par la comédienne-journaliste. (Car oui, je persiste et je signe : elle est aussi une comédienne ! )

Une comédienne qu’il faudra absolument aller voir, dans ce seul-en-scène pas comme les autres, qui bouscule les codes du genre, au profit d’un propos passionnant.

Une tournée est en préparation, ainsi que des dates à l’automne prochain à la Villette.
Vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas !

Elodie Emery | La Villette 25/26

Élodie Emery, journaliste de son état, prête sa plume hilarante à ce " seule en scène du réel ", où elle nous raconte, documents et auto-dérision à l'appui...

https://www.lavillette.com/manifestations/elodie-emery-ceci-nest-pas-une-religion-25-26/