28 Juillet 2025
Je pourrai dire : « j’y étais » !
Oui, en ce dimanche 27 juillet 2025, dernier jour du Nice Jazz Festival, j’ai eu l’immense chance, tout comme les spectateurs du Théâtre de Verdure, de découvrir une jeune chanteuse qui revient aux fondamentaux du jazz.
Un jazz vocal de tradition, celui des grandes aînées, les héroïnes, les divas du swing, qu’elle s’approprie de façon tout à fait brillante et personnelle.
Elle, c’est une héritière !
Ekep Nkwelle a 26 ans.
C’est la plus jeune membre du prestigieux big band de Wynton Marsalis au jazz Lincoln Center, composés des meilleurs musiciens d’ensemble américains.
Voici deux ans, elle a été honorée par la prestigieuse Juilliard Career Advancement Grant, au cours de sa prestation au célèbre et incontournable « Tiny Desk » de NPR, la National Public Radio, la radio américaine de service public, où elle a présenté son propre arrangement de Timeless Portraits & Dreams de Geri Allen.
Elle a déjà chanté en compagnie de Kenny Barron, Dianne Reeves, ou encore Emmet Cohen.
Je vous laisse le temps de relire cette carte de visite…
Une voix ! Et quelle voix !
De celles qui vous font frissonner.
Miss Nkwelle va nous enchanter de son timbre clair, rond, velouté et suave, et de sa tessiture impressionnante.
La maîtrise technique est évidemment et irréprochable, et témoigne d’un apprentissage des plus pointus.
Elle monte haut, très haut, en étant capable d’aborder des intervalles impressionnants.
Dans les graves, ceux qui vous donnent des frissons, un léger psithurisme, un tout léger souffle se fait entendre, donnant une couleur très délicate au timbre.
Ses nuances sont merveilleuses, étant capable de passer du plus puissant fortissimo aux plus doux murmures.
Ici, il est hors de question de céder à la facilité.
Ici, pas besoin d’effets de mode, ou de trucages destinés à tromper son monde. Elle chante, sans jamais forcer inutilement, sans growl, toujours avec une grande clarté dans le phrasé et les modulations.
La chanteuse maîtrise parfaitement son sujet.
Elle s’approprie parfaitement de grands standards, sans jamais tenter à imiter qui que ce soit.
De grands moments nous attendent.
Ce sera le cas avec une magnifique et très émouvante version de la chanson His eyes is on the Sparrow, d’Abbey Lincoln.
Un moment de grâce qui provoque un impressionnant dans les travées.
Le public général et votre serviteur en particulier retenons notre souffle.
Elle enchaîne avec une appropriation merveilleuse de Bird alone, qu’avait chanté une certaine Betty Carter, dans le même arrangement, ici même au Festival de Nice, aux Arènes du Cimiez.
Les plus anciens apprécient l’hommage…
Son Come Sunday, écrit par Duke Ellington, nous bouleversera…
I believe that sun and moon up in the sky
When the day is gray
I know it, clouds passing by… Come Sunday...
Trois musiciens très talentueux jouent avec elle.
De jeunes artistes, qui démontrent encore et toujours la vitalité et l’excellence des écoles de jazz américaines.
Au piano, Julius Rodriguez nous bluffe avec son toucher et sa grande sensibilité.
Ses duos avec la chanteuse sont remarquables de lyrisme.
A la contrebasse, Daryl Hall et TBC aux drums nous emmènent dans des swings des plus jubilatoires, avec une pulsation millimétrée, ainsi que des breaks réjouissants.
Dans quelques mois, Ekep Nkwelle va entrer en studio pour enregistrer son premier album.
Nul doute qu’il sera le premier d’une longue discographie, émaillant une brillante carrière.
La chanteuse ne manquera pas de remercier sa famille (la maman et le tonton sont dans le public), pour lui avoir prouvé qu’elle était capable de devenir musicienne.
C’est un passage très émouvant du concert. On sent une réelle émotion, non feinte, de la part de la jeune artiste.
Le quatuor sera ovationné, après cette heure qui aura marqué cette nouvelle édition du plus ancien festival français de jazz.
Oui, j’y étais, aux débuts de Mademoiselle Nkwelle, pour sa première tournée internationale à son nom.
Une chance et un privilège !
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Nb : Ekep Nkwelle sera en concert au Duc des Lombards ce mardi et ce mercredi.
Il reste quelques places. Qu’on se le dise, si vous êtes en région parisienne...