24 Juin 2025
Black is beautiful !
C’est en effet dans une tenue noire quasi identique que les trois compères pénètrent sur le plateau.
Un peu comme les musiciens d’une grande formation classique.
Sauf que durant une heure, nous allons assister à un concert qui est tout sauf « classique ».
En effet, nous allons assister à un concert d’un jazz à la fois passionnant et exigeant, un jazz à la fois solaire et éthéré, un jazz d’une luxuriance minimaliste, ou d’un minimalisme luxuriant… Au choix.
Rémi Panossian au piano, Maxime Delporte à la basse et Frédéric Petitprez, un trio qui cultive l’oxymore revendiqué et les contrastes réjouissants.
Ces trois-là se connaissent très bien.
Faut-il rappeler qu’ils sont potes d’enfance, et qu’ils jouent ensemble depuis maintenant un peu plus de quinze ans ?
A leur actif, quelque mille concerts de par le vaste monde, à savoir une cinquantaine de pays.
L’une des valeurs les plus sûres du jazz français à l’Etranger.
Faut-il donc s’étonner qu’ils aient choisi d’enregistrer leur tout nouvel album en Corée ? (Du sud, la Corée, bien évidemment…)
La parution de ce huitième opus, intitulé 88888888 aura lieu fin août prochain.
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Durant un peu plus d’une heure des plus réjouissantes, nous allons écouter des titres tirés de ce très prochain album, ainsi que d’autres issus de la précédente discographie, comme par exemple Monkey Chicken.
Et nous de nous laisser happer par les thèmes délicats et les grooves puissants.
Ici, tout est souvent question de progressions subtiles.
A partir de mélodies jouées par le « patron » au piano, presque des ritournelles parfois minimalistes au bon sens du terme et que nous pourrions chantonner nous aussi, tout se transforme en une pâte sonore digne d’une lave incandescente.
La basse et la batterie rentrent en jeu, dans un groove binaire, au fond du temps.
Ce jazz ne relève pas du « chabadada ».
Non, ici, pas de ternaire. Il est bien question de mesures à quatre temps à la pulsation rythmique à la fois précise, dense, « implacable ».
Un jazz contemporain, un jazz finalement assez rare en France, « terre de traditions... ».
Ces progression évoquées un peu plus haut procurent bien des frissons jubilatoires, partant de contrées parfois mélancoliques ou plus joyeuses, pour arriver sur des terrains telluriques ou en fusion. Il faut alors se laisser emporter sans réserve par ces fulgurances rythmiques.
Les trois musiciens sont de sacrés techniciens de leur instrument respectif.
Oui, pour jouer, ça joue, comme dirait ma boulangère.
On ne peut qu’être ravi par la virtuosité de Rémi Panossian, avec son toucher à la fois délicat et puissant.
Dans ses solos, les notes s’envolent en volutes aériennes, que ce soit au piano demi-queue Yamaha ou au piano numérique Roland.
Le tout devient on ne peut plus intéressant lorsque il s’agit de jouer en même temps la mélodie et l’accompagnement. Rémi Panossian délivre alors une cascade de notes dont on se dit que toutes sont essentielles et mûrement réfléchies, alors que les deux autres assurent la rythmique.
La « mayonnaise » prend à chaque fois, et nous nous laissons embarquer sur ces fleuves musicaux, ces torrents espiègles ou ces fleuves majestueux de sérénité.
Le bassiste et le batteur vont eux aussi nous prouver leur virtuosité, sans pour autant « en mettre partout » (J’ai décidé de laisser beaucoup parler ma boulangère…)
Les deux musiciens nous ravissent eux aussi.
Notamment par leurs breaks spectaculaires, qui tiennent lieu de respiration dans un discours parfois intense mais jamais ennuyteux.
Là encore, ces cassures ryhtmiques nous font elles aussi frissonner. Tout ceci est jubilatoire.
On mesure dans ces passages rythmiques ardus la complicité qui règne entre les trois, et le bonheur qu’ils ont de jouer encore et toujours ensemble.
De larges plages en solo leur sont réservées, comme par exemple celle où Férédérix Petitprez se sert d’un archet pour tirer de ses cymbales des sons étranges, cristallins et poétiques.
Le crin fait vibrer le cuivre. Et nous avec, par la même occasion.
Au cours du dernier titre joué, une longue suite musicale très structurée, à l’écriture particulièrement fine et subtile, Rémi Panossian se lance dans un solo qui n’est pas sans rappeler Philip Glass ou Steve Reich, les « papes » de la musique itérative.
Des cellules mélodiques rapides sont répétées, avec des micro-variations, ce qui produit la richesse de cette musique qui elle aussi nous séduit complètement.
Au final, les trois musiciens seront très applaudis.
Le public du La défense Jazz Festival étant conscient, tout comme votre serviteur, d’avoir assisté à un remarquable moment musical.
Un moment de jazz original, exigeant et passionnant, n’en finis-je pas de vous répéter !
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88888888 - Remi Panossian | Official Website
NEW ! New album release ! 88888888 COMING SOON ! Remi Panossian (piano) Maxime Delporte (bass) Frédéric Petitprez (drums) ORDER THE ALBUM OnTour ! Facebook Instagram Youtube Spotify DISCOGRAPHY Show
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La Défense Jazz Festival - Département des Hauts-de-Seine
La Défense Jazz Festival revient du 23 au 29 juin 2025 sur le Parvis de La Défense. Une programmation exceptionnelle attend les festivaliers !