Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Le bémol

© Photo Y.P. -

© Photo Y.P. -

En avant la musique !
Et quelle musique !


 

La classique, la « grande », celle où une note, une seule, peut démolir une carrière !
Cette note, c’est un Si bémol, que le violoniste virtuose Philippe Malakian joue en plein concert.
Hélas, c’est un Si bien bécarre, un Si naturel, un Si qui n’a rien demandé à personne, que le célébrissime chef d’orchestre Antoine Villemin attendait.

Pour le maestro, ce « canard » majuscule pourrait avoir une conséquence catastrophique : le prestigieux prix international récompensant le musicien de l'année, l’équivalent des Oscars à Hollywood, ce prix pourrait bien lui échapper. (Et au passage le chèque de un million d’euros qui va avec…)

Ce Si bémol, a-t-il été joué par erreur ou bien intentionnellement ?
Pour le Chef, le doute n’est pas permis, le violoniste a sciemment planté la fin de l’œuvre. Pour lui nuire.
La mécanique dramaturgique peut s’enclencher.

Cyril Massarotto a écrit une comédie drôle et amusante, génératrice de bien des quiproquos, une pièce qui aurait pu être diffusée dans la mythique émission « Au théâtre ce soir », ce qui sous mon traitement de texte est un vrai et sincère compliment.
Une pièce qui nous présente deux personnages très hauts en couleurs, un duo épatant qui va nous faire passer une heure et demie délicieuse.

Une comédie qui nous parle d’Amitié. Avec un grand A.
Car oui, l’amitié est le vrai sujet de la pièce.
Peut-on sacrifier l’amitié sur l’autel de la réussite ? Vous avez une heure et demi, semble nous questionner l’auteur…
Vous avez dit deux amis ? Vraiment ?

Ces deux-là, ces deux grands musiciens, se connaissent bien. Et pour cause. Ils ont grandi ensemble, ils ont étudié ensemble, ils sont amis et presque frères.
L’un habite au-dessus de l’autre. (Nous apprendrons pourquoi ces deux-là se retrouvent à un palier de différence...)

Pour autant, leurs deux caractères sont diamétralement opposés.
L’un, le maestro, est caractériel, paranoïaque, lâche, égocentrique, acariâtre… N’en jetez plus, la coupe est pleine…
L’autre, le soliste est lunaire, presque lunatique, altruiste, profondément sympathique.

C’est bien ce contraste qui va générer quantité de situations singulières et drôlatiques.

© Photo Théâtre des Variétés

Anne Bouvier est à la manœuvre !
La metteure-en-scène, que nous avions laissée avec la grande réussite que l’on sait, la pièce Le journal, la metteure-en-scène donc, nous démontre une nouvelle fois, encore et toujours, son savoir-faire et son art de la direction d’acteurs.

Ici règne une véritable mécanique de précision. Comme une horloge à engrenages des mieux réglées.
A tel point, et c’est véritablement une constante chez Mademoiselle Bouvier, que sa mise en scène se fait purement et simplement oublier.
Comme si devant nous, tout allait de soi, tout coulait de source…
Tout ceci est millimétré, avec une précision digne des meilleurs vaudevilles. Un vaudeville qui traiterait de l’amitié et non pas de l'amour.

Pascal Légitimus et Lionel Abelanski nous régalent une nouvelle fois de leur vis comica.
Les deux comédiens, dirigés de main de maîtresse, ont su placer leur curseur à son exacte position.
Leur opposition est toute en subtilité, et l’évolution de leur relation est interprétée de façon à la fois pertinente et toute en finesse.
De la très belle ouvrage.

Le reste de la petite troupe est à l’avenant.

L’auteur, dans un souci de symétrie dramaturgique, a imaginé un autre duo.
Celui interprété par Anne Parillaud et Anne-Sophie Girard.
La première en grande bourgeoise adepte de la boisson, la seconde en influence ésotérique, campent ces deux personnages avec beaucoup d’intensité et d’humour.

Et puis le troisième duo de cette entreprise artistique.
Solay campe un traiteur italien, à la faconde toute méridionale.
Un autre habitué des colonnes de ce site, Bertrand Mounier, joue quant à lui le rôle d’un luthier chargé notamment de … (Non, vous n’en saurez pas plus.)
Les deux comédiens ne laissent pas leur part au chat, et nous tirent eux aussi bien des rires.

Et puis comment ne pas évoquer la belle scénographie, qui nous permet de passer en un instant de l’appartement du dessous à celui du dessus, et réciproquement...

Vous l’aurez compris, avec ce bémol, on passe un excellent moment de détente et de bonne humeur.
Ou comment oublier tous les soucis de la vie quotidienne durant quatre-vingt-dix minutes !
Foncez en toute confiance aux Variétés.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article