5 Juin 2025
Il et elles l’évitent.
Il lévite.
A jardin, trois excellents musicien et musiciennes.
A cour, comment dire……
Un type en toque de fourrure, qui apparaît on ne sait finalement pas trop comment, et qui se met à léviter, à défier la pesanteur terrestre, à adopter des postures et des positions impossibles à tenir pour le commun des mortels, qui fait bouger par sa seule pensée des bouteilles…
Si si, c’est comme je vous l’dis !
Il y a quelque chose qui cloche, non ?
Les membres de la Compagnie des Clous nous proposent un brillant spectacle, à la fois ancré dans le réel et dans l’invisible.
Comme une dimension palpable, avec ce trio très talentueux, et une dimension immatérielle avec cet homme mystérieux dont nous ne saurons que peu de choses.
Au fond, ici, on est prié de se demander ce qui est visible ou non, et ce qui existe ou pas malgré nous.
On nous demande de croire, et de s’assurer que nos croyances sont bien réelles, si vous me passez l’oxymore approximatif…
Croire au talent musical des artistes à jardin, c’est assez facile, et ce dès les premières mesures.
Croire à ce que nous voyons à cour, c’est plus compliqué, et pourtant, il faut se laisser attirer par cet homme, le laisser nous prendre dans ses filets.
Un homme en jogging immaculé, qui va évoluer devant les trois murs traditionnels du théâtre entièrement recouverts d’une espèce d’immense filet de camouflage blanc.
D’ailleurs, lorsque l’on pénètre dans la magnifique salle de La Comète, à Châlons-en-Champagne, tout ce blanc nous pose une première interrogation.
Ce spectacle pourrait très bien en constituer deux.
Ce qui est fascinant, c’est bien que deux mondes se télescopent, sans jamais se rencontrer (ou très peu), et pourtant, un sentiment d’unité règne en permanence.
Deux musiciennes, un musicien, donc.
Lola Calvet est à la guitare, au chant, aux petites percussions, Elisa Trébouville chante elle aussi, joue de l’accordéon et d’une étrange petite machine à faire des sons dignes d’un vieux poste à galène quand on cherchait une fréquence, et Camille Perrin est aux percussions, à la basse, au chant et à la clarinette basse.
Ces trois-là vont nous enchanter, de par le répertoire multiple et varié, en plusieurs langues. Chantant souvent en close-harmony, une technique vocale assez difficile, chacune et chacun prenant à tour de rôle la lumière, les trois multi-instrumentistes nous ravissent.
Des chansons traditionnelles aux mélodies orientales ou d’Europe de l’Est, une très belle composition d’un poète américain mise en musique par Mademoiselle Calvet, des tubes internationaux revisités comme Funky Town, ou encore cette dernière chanson à la mesure asymétrique de cinq temps, tout ceci est brillamment orchestré, avec de somptueux arrangements.
J’ai été particulièrement impressionné par le jeu à la clarinette basse de Camille Perrin, qui est un véritable virtuose de l’instrument.
Comme on serait tentés de ne regarder que ces trois là, afin de mieux apprécier ce qu’il et elles nous offrent.
Seulement voilà, Rémi Luchez est là .
Lui, c’est l’artiste circassien, qui va nous embarquer dans son monde surréaliste, mais tellement réel.
Surtout, surtout, il faut se laisser porter par ce que nous voyons. D’ailleurs, il n’y a aucun trucage, aucune aide extérieure, aucun dispositif.
Cet homme sait voler, sait pratiquement toucher le sol, comme Michaël Jackson mais en plus penché encore, sait faire des trucs incroyables avec une boule de bowling, j’en passe et non des moindres.
Et puis, cet homme sait nous faire rire, beaucoup rire, sans jamais rien dire.
Par sa gestuelle, ses trouvailles corporelles, par sa capacité à nous subjuguer en nous donnant à voir l’impossible et l’invisible, Rémi Luchez nous étonne, nous sidère et nous amuse. Beaucoup.
Son personnage sait-il qu’il est sur scène ?
Sait-il qu’il est devant nous ?
Quel est son rapport au public, d’ailleurs, lui qui va saluer le mur au lieu du public. (Ce salut final est assurément le plus drôle qu’il m’ait été donné de voir, et croyez-moi, j’en ai vu quelques-uns, des saluts finaux.
Hier, c’était la première de ce spectacle.
Nous avons réservé une ovation des plus sonores aux quatre artistes. Les « Bravo ! » fusaient, donc ceux de votre serviteur.
Ce spectacle est de ceux qui subjuguent toute une salle, et qui transporte les spectateurs ailleurs, on ne sait pas trop où, dans un monde où les certitudes sont finalement assez relatives…
Dans nos sociétés matérialistes contemporaines, ces moments sont de plus en plus rares ! Il faut en profiter pleinement.
Association Des Clous - Spectacle vivant / cirque
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