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Le roi Lear, seul en scène

© Photo Y.P. -

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Lire l’ire et le délire de Lear !

Voici l’alléchant programme autour duquel l’inénarrable Jean-Paul Farré nous avait donné rendez-vous, hier après-midi au Théâtre de la huchette.

Et ce pour une lecture de son tout prochain spectacle, centré sur ce personnage à la fois icônique et mythique du patrimoine dramaturgique mondial : le Roi Lear.

Le Roi Lear ? Son Roi Lear !
Ou comment, dans un style qui n’appartient qu’à lui, de sa voix reconnaissable entre toutes et à travers une jubilatoire, truculente, drôlissime appropriation de la pièce du grand William, comment ce fou merveilleux qu’est Jean-Paul Farré nous propose un magnifique chant d’amour au théât
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© Photo Y.P.


Tout commence au lointain, avec ce comédien qui vient poser son sac de voyage à l’avant scène, et se plante devant nous.
Tout peut démarrer. Tout peut arriver. Nous allons voir et entendre ce que nous allons voir et entendre.
Avec une première interrogation, et surtout, une première réponse :
La question : Quand interpréter le Roi Lear ?
La réponse : Ni trop tôt, ni trop tard !

M. Farré va donc nous lire le texte de son prochain spectacle.
Cette lecture est dirigée par quelqu’un qui le connaît bien et qui a beaucoup travaillé avec lui, quelqu’un que les fidèles de ce site connaissent bien, je parle évidemment d’Ivan Morane.
On se souvient par exemple de leur travail en commun dans Le pavé dans la Marne, ou encore sur le spectacle La fontaine à fabules, mis en scène par Bénédicte Nécaille.

Ici, le comédien va nous dire sa propre vision du chef d’œuvre shakespearien.
Avec ce ton qui n’appartient qu’à lui.
Avec son écriture percutante, drôle au possible, avec cette folie burlesque intrinsèque, cette dérision mais également auto-dérision, avec cette capacité à tirer des situations tragiques des moments irrésistiblement drôles, le comédien va nous ravir, encore et toujours.

Nous continuons avec des statistiques concernant la pièce et des considérations assez matérialistes mais très drôles concernant le budget pour monter une telle pièce, avec autant de personnages, de lieux, de décors.
Nous rions beaucoup ! Le décalage est épatant.

© Photo Y.P.


Voici ensuite le pitch, avec parfois des citations shakespeariennes, agrémentées de commentaires : « je reconnais que cette phrase n’est pas des plus claires ». Et toc, William, prends-ça dans les dents !

Analyse burlesque de la pièce, réflexions très spirituelles sur les personnages (le comte de Kent a dû se réveiller dans son britannique tombeau…), questionnements quant à la démarche dramaturgique, tout ceci passe à la moulinette de l’auteur.

Jean-Paul Farré n’hésite pas à relever les incongruités, ainsi que les erreurs contenues dans le texte : ses silences, ses ruptures, ses adresses au public pour nous prendre à témoin, tout ceci fonctionne à la perfection.
Et nous de nous dire que finalement, le comédien a parfaitement raison !

Un autre aspect des plus réussis du texte de ce seul en scène est la perception du métier de comédien, par le prisme de ce personnage emblématique.
Sous couvert d’un humour et d’une dérision perceptibles en permanence, Jean-Paul Farré nous livre ses très fines réflexions quant à ce métier étrange, qui consiste à jouer quelqu’un d’autre devant des gens qui ont payé pour assister à ça.

Et puis, comment pourrait-il en être autrement, le comédien ne peut s’empêcher de faire le clown.
Comment ne pas imaginer une Cordelia obèse dans les bras d’un frêle Lear, lorsqu’il nous parle du poids des deux comédiens respectifs.
La scène est d’un comique assumé !

Tout comme les différentes versions de la célèbrissime scène de la tempête que Jean-Paul Farré va jouer et rejouer, par le biais de différentes traductions, juché ou assis à califourchon sur le trône et couronne de pâtissier sur la tête !
Là encore, même le texte à la main, le comédien est hilarant !

© Photo Y.P.

Et puis, pour ceux qui n’auraient que peu de temps à consacrer à Shakeaspere, nous sont rappelés les quatre moments finalement vraiment importants de la pièce. Le raccourci est épatant et toujours aussi drôle.

La fin du spectacle sera toute en émotion, parce que le temps du rire doit côtoyer en permanence celui du sentiment qui vous bouleverse. Nous verrons alors deux Jean-Paul !

Au final, le comédien-auteur-lecteur sera très applaudi, après ce véritable et magnifique hommage au théâtre et au métier de comédien.

Je ne manquerai pas de vous annoncer la création de ce spectacle, dès qu’il sera produit et monté ici ou là.

D’ici là, vous pouvez retrouver Jean-Paul Farré aux côtés d’Emeline Bayart et Luc Tremblais dans la reprise du formidable spectacle Tchekhov à la folie, mis en scène par Jean-Louis Benoît au Poche Montparnasse.
Nous en reparlerons dans très peu de temps.

© Photo Y.P.

 

© Photo Y.P.

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