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Bachar Mar-Khalifé joue Christophe au Festival Fragile du Théâtre Zingaro

© Photo Y.P. -

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Bachar chez Bartabas !

Bachar Mar-Khalifé avait installé pour deux soirées son Steinway & Sons ainsi que son clavier numérique microtonal oriental sur la piste circulaire du Théâtre Zingaro.
Dans le cadre du Festival Fragile, il était question pour le musicien de jazz de proposer un concert-hommage intimiste, avec au programme une relecture des chansons de Christophe.

Si, sur le papier, le propos pouvait paraître étonnant, nous allons très vite nous rendre compte qu’entre le musicien franco-libanais et l’auteur-compositeur d’origine italienne, une fraternité musicale méditerranéenne constituera une sorte de dénominateur commun.

Au fond, leurs deux familles ont dû toutes deux un jour s’expatrier, quitter qui le Liban, qui l’Italie, deux pays terres d’émigrations, que ces voyages forcés sans retour soient dus à la guerre ou à la misère économique.

Nous avions laissé Bachar Mar-Khalifé au Théâtre de Fontainebleau, dans le cadre du Festival Jazz au Théâtre, en novembre 2021, accompagné du bassiste et contrebassiste Aleksander Angelov et du batteur et percussionniste Dogan Poyraz.
C’est dans cette même formation que nous le retrouvons sur la piste circassienne du Fort d'Aubervilliers. L’homme est fidèle en amitié et en musique !

© Photo Y.P. -

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Le trio s’avance dans un très beau contrejour bleu, et chacun s’installe derrière son ou ses instruments.
Tout commence avec Les paradis perdus.

Immédiatement, le charme opère.
Le piano, seul, réverbéré, la voix aigüe, un peu erraillée, à l’accent du sud nous plongent dans un dépaysement total, dans un monde un peu étrange.

L’homme sait installer une ambiance.
Sous la grande structure en bois, un climat éthéré, onirique presque, s’installe.
Les mots de Christophe trouvent une résonnance toute en subtilité.
Ici, il s’agit d’une réelle et très pertinente appropriation de la part du pianiste, qui nous propose sa lecture de ces chansons qu’il fait siennes. Il était hors de question de proposer un copié-collé qui aurait éét de toute façon illusoire.

Emporte-moi, La dolce Vita
Bachar Mar-Khalifé reprend souvent son style particulier, qui repose sur un dispositif d’ostinato, à savoir une boucle musicale d’accords qui reviennent de multiples fois, comme de lancinantes mélopées et complaintes.
Le format chanson permet parfaitement à cette approche de fonctionner.

Autre particularité stylistique du musicien : la progression qui emmène un motif harmonique relativement simple vers la dimension de la transe électro.
Ce sera notamment le cas pour les deux titres enchaînés Tangerine et Minuit Boulevard.

Tout commence en douceur.
La suavité de la voix, l’effleurement des cymbales et des cordes de la basse pour terminer sur une pulsation de braise, avec les trois musiciens qui se déchaînent.
Le pianiste martèle son clavier en accords de plus en plus puissants, le batteur martyrise ses cymbales et ses fûts, le bassiste fait rugir ses notes toniques fondamentales.
Le public ne s’y trompe pas. De nombreux spectateurs se lèveront pour danser, ne pouvant rester assis derrière les charmantes petites tables qui parsèment les gradins.

Le pianiste se plongera également dans les entrailles de son piano, soit pour étouffer la résonance des cordes, soit pour les pincer directement, conférant à son propos un son d’instrument oriental.
Ce sera le cas pour la version elle aussi passionnante de Ferber endormi.

Voici Les mots bleus, un titre très attendu.
Tout commence par cette « simple » mélodie, qui porte les mots « Je te dirai les mots bleus, les mots qu’on dit avec les yeux.. ». Des notes qui jouées toutes à la croche deviennent l’ostinato évoqué un peu plus haut.
La boucle rythmique rejoint celle des mots, et nous voici repartis dans une dimension un peu irréelle.
Clément à la console FOH ajoute à tout ceci une réverbération assez importante qui amplifie le caractère éthéré du titre.
Une réelle émotion, palpable et bien concrète s’empare des spectateurs. Ces mots bleus nous touchent au plus profond de nous.

Le pianiste jouera également quelques unes de ses propres compositions.
Ce sera pour nous l’occasion de nous rappeler qu’il est multi-instrumentiste, capable de jouer pour l’occasion des tablas et de son clavier quart de ton. (Avec un timbre d’instrument à anche double, proche de la Zurna ou de la Zokra, ces hautbois orientaux au son si caractéristique.)

Ses propres titres Olive Tree, ou Piano Paradise (dédié à Christophe) remportent eux aussi un vif succès. Les fans et ceux qui découvrent l’univers musical de Bachar Mar-Khalifé se rejoignent dans une vraie communion.

Malgré l’affirmation du pince-sans-rire qu’il est (« on n’a rien préparé »...), nous aurons droit à Ya Nas, l’un de ses plus grands succès. Le public se lève comme un seul homme, comme une seule femme, et tout le monde se met à danser.
Le groove électro et les corps qui bougent font vibrer le chapiteau de bois.

Nous sortirons de chez Zingaro conscients d’avoir vécu un grand moment musical, à la fois original et fidèle à la mémoire et au talent de Christophe.
L’un de ces concerts qui vous transportent dans une dimension où l’émotion et le talent sont au rendez-vous.

Ces deux concerts constitueront-ils les bases d’un prochain album ?
Espérons-le ! Il y a vraiment matière !

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