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Assis

© Photo Y.P. -

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Bien mal assis ne profite jamais…

Lui, il s’y trouve très bien, assis.
Lui qui a inventé le jonglage dans cette étrange position, les fesses sur une chaise, à faire virevolter pas moins de cinq balles devant lui.

Lui, c’est une véritable légende de la loi de la jongle, même s’in n’aimerait probablement pas ce complément-compliment, ô combien sincère sous mon traitement de texte.

Il fallait bien s’y attendre. Jérôme Thomas nous propose son dernier spectacle. Certes, il continuera à rester dans ce monde de la jonglerie, mais par d’autres moyens, d’autres biais, qu’il devrait très bientôt exposer.

C’était donc la dernière occasion pour moi de rencontrer cet homme qui défie la pesanteur, et pour qui l’équilibre est pour lui un concept fondamental qu’il s’est tellement bien approprié.

Jérôme Thomas, ou comment se retrouver dans le monde de l’enfance.
Ce monde où « on dirait qu’on ferait ci... », où « on n’aurait qu’à faire comme ça... ».
Sauf que lui, il le fait.

Vous en avez toujours rêvé, lui y parvient.

Yes he canne !
Ou comment jongler avec des cannes, des plumes, un sac plastique, des balles, une chienne, des confettis, ou encore des sons étranges…
Le talent, l’habileté, mais aussi la pratique, le travail infernal et la pratique assidue et quotidienne, qui, tel un sportif ou un musicien de haut niveau vous obligent à des heures et des heures d’entraînement.

Jérôme Thomas nous enchante une nouvelle fois, en ayant l’air de ne pas y toucher.
Sous ses doigts, ses mains, ses pieds, les objets inhabituels s’animent et ont définitivement grâce lui une âme.
Une véritable et bien réelle poésie se dégage de ces moments de temps suspendus, à l’image de cette grande plume qui semble s’animer sur ses épaules. C’est un moment d’une stupéfiante beauté !

Tout a l’air si simple, si facile, si évident… C’est sidérant, au sens premier du terme.
Le tout est chorégraphié avec grâce et subtilité. Le jongleur possède un sens du mouvement, du corps en mouvement, et du placement de ce corps dans l’espace. Très souvent, encore et toujours, nous assistons à de véritables pas de danse, en compagnie des objets qui virevoltent dans l’espace.

Ses différents numéros s’enchaînent à la perfection, d’autant que cette fois-ci, il a mêlé des souvenirs de tournée qui viennent s’intercaler entre ses jonglages, comme ce petit ruisseau qui mène non pas à Rome, mais à la gare d’Osaka (prononcer « Ossaka »), ce spectateur à la fois géant et pashtoun dans un théâtre pakistanais, ou encore cette improvisation afin de supprimer un temps d’entracte à Addis-Abeba.

Jérôme Thomas est également un diseur né, un vrai raconteur, qui nous passionne avec ses anecdotes, qui démontrent au passage qu’il a joué dans le monde entier.

Mais figurez-vous que cet homme est aussi un jongleur de sons.
Grâce à un gong, un « tuyau-sifflant », une mailloche frottée, et d'autres petites percussions reprises par un sampler et un looper, il créé un univers et un paysage sonores qui lui permettent de mettre aussi en mouvement le son de ces instruments, produisant ainsi une contrée onirique, un territoire un peu mystérieux, propice aux mouvements de toutes sortes.

Christian Maes, à l’accordéon (de marque française Saltarelle, fabriqué… en Italie..., et non, ce papier n’est pas sponsorisé…) et aux effets électoniques de toutes sortes, crée lui aussi une partition très originale et onirique, à base d’ostinatos eux aussi samplés et loopés.
Nous sommes plongés durant tout le spectacle dans une ambiance à la fois délicate et étrange, participant aussi au côté poétique de cette entreprise artistique.

© Photo Y.P. -

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Les deux hommes ne sont pas seuls sur scène, puisque deux créatures les accompagnent également.
Lechat et la chienne.
Valentin Lechat est l’assistant du jongleur, qui est chargé, mi disciple-mi souffre-douleur, d’apporter et de reprendre les objets, et de s’occuper du dernier personnage.

La chienne. Pomme.
Celle à qui on peut dire aussi « Assise ! »
Oui, devant nous surgit une magnifique Bearded Collie, qui participait hier à son cinquième spectacle.
C’est une apprentie-artiste, qui peaufinait ses interventions, comme passer dans un cerceau, s’asseoir à la commande, ou encore donner telle ou telle patte.
Elle sera copieusement applaudie, déclenchant le’enthousiasme de tous les spectateurs.

Comment ne pas sortir de ce spectacle avec des étoiles dans les yeux, avec des confettis sur les souliers, avec des images gravées à jamais dans notre cerveau.
Des images d’un monde ou tout devient possible, et où la pesanteur semble définivement bannie.

Merci pour tout, M. Thomas !

© Photo Y.P. -

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