4 Mars 2025
J’ai l’honneur de compter parmi mes fidèles lectrices Marine Deregnoncourt, diplômée d’un double Master en Latin/Français et en Musicologie, Agrégée en Latin/Français de L’université Catholique de Louvain.
Elle est depuis peu Docteure de l’Université du Luxembourg et de Lorraine, et par ailleurs titulaire d’un cours de « Théâtre contemporain et spectacle vivant ».
En outre, elle assure un cours intitulé « Etude d’un genre littéraire : le théâtre » à l’Institut Catholique de Paris.
A la Librairie de L’Harmattan, elle présentait ce lundi soir avec enthousiasme, passion et un réel brio son livre publié en janvier dernier.
Cet ouvrage est le prolongement de sa thèse de doctorat, inscrite dans le cadre de ce que la recherche littéraire englobe sous le terme d’études actorales.
Marine Deregnoncourt s’est intéressée à deux très grands moments théâtraux, à savoir la mise en scène de Phèdre par celui qu’elle qualifie de Génie, Patrice Chéreau, et celle du Partage de midi par Yves Beaunesne.
Elle considère d’ailleurs Beaunesne comme l’héritier de Chéreau.
A travers ces deux créations, l’autrice aborde les concepts d’« intime » et d’« extime » grâce au jeu d’Eric Ruf dans la première pièce, et de Marina Hands dans la seconde.
C’est cette relation essentielle et complexe, entre cette notion d’intimité et celle de ce néologisme, l’extimité, qu’elle analyse brillamment dans ces quelque trois-cent-quatre-vingts pages. (La thèse initiale entière en comptait un peu plus de cinq-cents.)
Ou lorsque l’intime relevant du verbe, de la parole, de la diction, se confronte à l’extime englobant le corps, la gestuelle et la posture s’imbriquent et inter-agissent chez un comédien et une comédienne fascinants.
Oserais-je écrire qu’il s’agit de montrer comment les deux ont pris à bras le corps leur texte ?
Au fond, en analysant la manière qu’a le futur ex-administrateur de la Comédie française de se confronter à l’alexandrin racinien, et celle qu’a Mademoiselle Hands de prendre en charge le vers libre claudelien, Marine Deregoncourt approfondit brillamment les travaux de recherche sur la voix et le travail vocal dans le cadre de ce mystère chaque fois renouvelé de la création d’un rôle.
Elle a conduit sa réflexion à partir d’archives audiovisuelles et médiatiques, à partir également de tout le corpus universitaire pré-existant, mais elle a aussi « fabriqué » ses propres sources, en ayant par exemple rencontré notamment Eric Ruf à deux reprises.
Ses démonstrations sont donc on ne peut plus documentées et ses sources sont irréfutables.
En outre, elle met en exergue de façon passionnante les filiations existant de Racine à Claudel, ainsi que celles pouvant s’établir entre Chéreau et Beaunesne.
On l’aura compris, cet ouvrage fait d’ores et déjà figure de référence incontournable et constitue un apport majeur aux études actorales évoquées ci-dessus.
S'inscrivant dans la perspective des études actorales, cet essai aborde les concepts d'" intime " et d' " extime " grâce au jeu scénique et vocal de Marina Hands et Éric Ruf dans les mises en s...