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Candide ou l'optimisme

© Photo Y.P. -

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Au pays de Candide

Comme dans tous les pays

On thésaurise, on trucide…

 

Au Poche Montparnasse Didier Long a eu la bonne idée d’adapter pour la scène Candide ou l’optimisme, écrit par Voltaire en 1759.

L’un des plus grands succès de l’histoire de la littérature française, deuxième livre le plus vendu après la Bible.

 

Deux cent soixante six ans après la parution de ce conte philosophique, Candide porte toujours aussi bien son patronyme et délivre son message avec toujours autant de fraîcheur et d’à-propos.

 

On sait que le héros, obligé de s’exiler de par le vaste monde, croyant y trouver l’équivalent d’un paradis terrestre, va aller de désillusion en désillusion pour finalement rentrer chez lui et comprendre qu’il lui faudra « cultiver son jardin ».

 

Didier Long a résolu de montrer combien cette œuvre est intemporelle.
Ce récit initiatique est toujours aussi porteur de valeurs universelles que sont la transmission, l’engagement mais aussi une certaine forme de responsabilisation.

 

Durant une heure et quarante cinq minutes, nous allons assister à un réjouissant théâtre de tréteaux.

Une troupe de trois comédienne-comédiens vient de s’installer sur la place du village, a tendu quelques calicots, a sorti d’une grande malle quantité de costumes et, d’une autre, quelques accessoires en bois.

 

C’est dans cette optique très propice au traitement dramaturgique de ces périgrinations littéraires que l’action va se dérouler sous nos yeux.

Une toile rudimentairement peinte, représentant le château de Westphalie, une sorte de grand mât en plein milieu du plateau, trois éléments en bois multifonctions, tout ceci suffira bien à situer et à visualiser les différents tableaux.

 

Théâtre de tréteaux, théâtre de corps.

Les trois artistes ne vont ménager ni leur peine ni leur énergie à incarner qui Candide, qui la foultitude d’autres personnages.
 

Les corps auront en effet toute leur importance. Ici, le texte cohabite pleinement avec une dimension qui tient presque de la Comedia dell’Arte.

Les corps vont s’attirer, se repousser, se faire tomber, se relever, se percuter mais aussi s’étreindre, se caresser ou s’enlacer…

Le propos fonctionne à la perfection et sert pleinement le texte voltairien.

 

Candide, c’est Charles Templon.

Un habitué de ces colonnes. Souvenez-vous de son magnifique rôle dans la très récente pièce Pauvre Bitos au théâtre Hébertot (mise en scène de Thierry Harcourt).

Il retrouve le Poche Montparnasse : j’ai encore à l’esprit sa très belle prestation dans La ménagerie de verre, mise en scène par Charlotte Rondelez.

 

Il est un parfait Candide, qui nous attend de dos à bricoler un jouet.

Le comédien a fait totalement sien un texte très important quantitativement, un texte qu’il interprète avec justesse, conviction et engagement.

Il fait parfaitement passer l’ingénuité de son personnage, sans tomber dans un ridicule qui pourrait nuire au propos.

On croit tout à fait à ce jeune homme balloté par les évènements et l’adversité. De la très belle ouvrage !

 

Cassandre Vittu de Kerraoul aborde quant à elle bien des personnages.

Elle est surtout Cunégonde, celle pour qui Candide va parcourir le vaste monde.

La comédienne est elle aussi parfaite dans ce rôle également exigeant.

Elle est chargée au détour d’une scène d’interpréter une dame de soixante douze ans, et ce faisant, nous fait penser à la diction d’une immense comédienne.
 

© Photo Y.P.

 

Et puis, Sylvain Katan.

Bien connu lui aussi des fidèles de ce site, pour nous avoir régalé notamment dans Les mémoires d'un tricheur, mis en scène par Eric-Emmanuel Schmitt, ou encore Attention Desproges, par Patrice Carmouze.

Sylvain Katan qui va nous ravir, encore et toujours, de sa vis comica. De très grands moments d’humour nous attendent grâce à ce comédien formé à l’Ecole Nationale du Cirque d’Annie Fratellini.

J’en veux pour preuve ces personnages assez loufoques que seront notamment son Pangloss et son Monsieur Martin. Mimiques, silences, ruptures épatantes, inflexions de voix réjouissantes… sa palette est grande.

En adjudant bulgare, chapka immaculée au ras des yeux, il évoque immanquablement un certain... Benoît Poolvoerde.
 

© Photo Y.P.

 

Si les différents lieux, les différents pays de l’intrigue sont volontairement évoqués avec très peu de moyens scéniques, un autre élément nous permet de voyager sans quitter notre siège : c’est la musique.

À son habitude, François Peyrony signe une très belle et très signifiante partition, toute en grâce et en subtilité.

 

Quant aux belles lumières de Denis Koransky et les costumes, toujours aussi réussis, de Corinne Rossi, tout ceci participe également au charme et à la réussite de cette entreprise artistique.

 

Vous l’aurez compris, ce spectacle est à découvrir impérativement.
Il fait partie de ceux qui, maîtrisés de bout en bout et aux parti-pris tous plus judicieux les uns que les autres, marquent les esprits et les cœurs.

© Photo Y.P. -

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