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A la vie, à la mer

© Photo Y.P. -

© Photo Y.P. -

Femme libre, toujours, tu chériras la mer…
Le mer qui pourtant ne rend pas toujours les hommes partis gagner leur vie sur un bateau de pêche.

Dans ce beau spectacle intimiste, écrit par Walter Birilit, Julie Rossignol évoque trois femmes qui ont marqué son enfance, en bord de mer.
Miranda, sa mère Clémence, et celle que tout le monde appelait « La vieille ».

Elle arrive à jardin, Mademoiselle Rossignol, et nous propose d’emblée un petit exercice : nous sommes priés de visualiser le verbe « crier ». Puis, d’enlever le « i » et de le remplacer par un « é ».
Nous voici au parfum.
Il va s’agir de créer.
Tout un monde.

Un monde maritime, avec maillot de bain et tête mouillée. Et pour chacun des spectateurs de se souvenir de son propre rapport à la chose balnéaire, qui au Bois de la chaise, à Noirmoutiers, qui la plage de Gatseau, à Oléron…

Objets inanimés, avez-vous une âme ?
La comédienne répond définitivement par l’affirmative.
Son théâtre est un théâtre d’objets. Seule en scène, elle va évoquer tous les autres personnages grâce à des accessoires on ne peut mieux choisis.

C’est ainsi que « la vieille » sera incarnée par une vieille comtoise en bois, dont la forme évoque une femme austère, mais aussi sensible, qui chaque année, à la même date raconte une histoire de Selkies, ces êtres mi-hommes-mi-phoques.
Nous saurons pourquoi ce besoin annuel d’évoquer ces créatures nordiques…

Les quelque trois mètres que mesure cet objet ancien nous permettent de nous rendre compte comment une petite fille peut appréhender la taille d’un adulte. C’est une très belle trouvaille.

Des bottes de différentes tailles, une chaise de plage, des petites marionnettes lumineuses, un petit castelet, tout ceci prend vie devant nous, pour servir au mieux le propos.

 

© Photo Y.P.


De très belles scènes nous attendent, comme celle d’une naissance très joliment symbolisée, et une autre où la petite fille découvre les joies des châteaux de sable sur la plage.

Ici, il est question de transmission.
La transmission d’un passé, d’un héritage familial, aussi.

L’une de ces histoires qui se partage et se lègue de mère en fille ou de grand-mère en petite-fille.

Julie Rossignol campe les femmes de cette histoire, notamment en prenant des accents différents.
Nous sommes suspendus à ses dires et à son jeu, qui nous transportent véritablement dans un monde à la fois bien réel et presque onirique.
Il y a quelque chose de brut, de « simple », dans son interprétation, comme pour mieux nous dire combien les êtres peuvent être fragiles.
Le parti-pris est très judicieux.

La comédienne parvient tout à fait à faire vivre cette petite communauté de femmes, nous les rendant très attachantes.

Une grande poésie se dégage de cette entreprise dramaturgique.
Durant une heure, nous sommes emportés par cette histoire, qui fait grandement appel à notre imaginaire.

On sort de la salle complètement sous le charme de ce très joli et délicat spectacle.

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