16 Décembre 2024
Smoking, no smoking ?
Smoking, of course !
White tuxedo, pantalon noir, nœud pap' sur chemise blanche immaculée à col cassé… Tout comme en 1934 !
Voici exactement quatre-vingt dix ans, dans cette même Salle Cortot, sur cette même scène, le Quintette du Hot Club de France se produisait pour la première fois.
Avec deux légendes du jazz mondial à sa tête : Les deux immenses Django Reinhardt et Stéphane Grappelli.
A leurs côtés, deux guitaristes, Roger Chaput et Joseph Reinhardt, le propre frère de Django.
Louis Vola complétait l’ensemble à la contrebasse.
Le succès sera immédiatement au rendez-vous, avec leur mélange inédit de jazz et de musique manouche.
Un style est né, une esthétique, une façon de jouer, de swinguer, qui sera par la suite copiée à de multiples reprises.
Le Hot Club de France, l’association fondée en 1932 et destinée à promouvoir le jazz, le Hot Club de France existe toujours, plus vivant et plus actif que jamais.
Ses membres ont eu une idée épatante ! Et si l’on recréait ce quintette mythique ?
L’idée ne date pas d’hier, encore fallait-il trouver les musiciens à la hauteur, dignes de succéder aux grands aïeux.
C’est donc dans cet esprit que se produisait samedi soir dernier les petits enfants spirituels de Django, Stéphane, Roger, Joseph et Louis.
Ici, il sera question de transmettre un héritage et d’en porter vaillamment le flambeau.
Pour autant, il n’est absolument pas question de se cantonner dans un registre d’imitation (peut-on d'ailleurs imiter Reinhardt et Grappelli...), ou de se limiter à une pâle copie.
Non. Nous sommes vraiment dans une approche personnelle de reprises de standards indémodables.
Respect, exigences formelle et fondamentale, mais aussi compositions propres seront les maîtres mots de la soirée.
Et nous de retrouver ce swing délicieux de ces morceaux définitivement inscrits au patrimoine culturel mondial, ce swing solaire et si délicat.
Et nous d’être emportés par l’élégance stylistique de cette musique qui métissait déjà les influences européennes tziganes et les racines africaines.
Une musique qui témoignait parfaitement de cette époque insouciante.
Les années folles venaient de se terminer (la crise de 29 n’avait pas encore atteint pleinement le vieux continent), et on était certain de ne pas revivre une guerre mondiale, même si pourtant les prémices en étaient déjà bel et bien là…
Nous allons être pleinement dans cette époque, avec la reprise de titres on ne peut plus connus, une sélection de compositions originales, de standards des années 1910 à 1940, judicieusement sélectionnés pour n’avoir jamais étés enregistrés par leurs aînés.
Les deux nouveaux leaders se connaissent bien, pour avoir très souvent joué ensemble : Duved Dunayevsky, guitariste, compositeur et directeur artistique de la formation, ainsi que Daniel Garlitsky au violon sont deux virtuoses. (On se souvient notamment de ce magnifique disque enregistré en 2019, If horses were Roses, dans une stylistique pré-bop)
Le mot « virtuose » est souvent galvaudé, utilisé à tort et à travers, mais ici, l’accoler à ces deux musiciens relève de l’évidence.
Les deux vont nous enchanter. Deux instrumentistes particulièrement inspirés, et qui vont se partager, dans des dialogues et des chases enfiévrés des soli et des lignes mélodiques magnifiques, de ceux qui font que des frissons vous parcourent tout le corps.
Leurs improvisations déchaînent les applaudissements, et il faut que les musiciens temporisent pour reprendre le cours du morceau, tellement les spectateurs et votre serviteur se montrent enthousiastes.
Un trio « infernal » assure à leur côté une rythmique de braise irréprochable.
A « la pompe », les deux guitaristes Pierre Richeux et Andrea Soria s’en donnent à cœur joie, afin de mettre en valeur les lignes mélodiques évoquées un peu plus haut.
Scott Koehler assure quant à lui une assise impressionnante à la contrebasse.
Les trois sont beaucoup plus que des accompagnateurs (on sait ici même combien je déteste ce mot.) Ils sont vraiment part entière de la joie, du bonheur procurés par ce que nous écoutons !
Sur le plateau, une cohésion règne en permanence. On sent la totale osmose entre ces cinq musiciens, qui proposent cette musique à nulle autre pareille, ce swing lumineux.
Les sourires, les plaisanteries sont légion : tous s’amusent, même si le contrebassiste ne se départit guère de son côté taciturne.
Une ovation totalement méritée, deux rappels attendront les cinq musiciens à la fin de leur prestation. Les « bravo » fusent, les mains frappent bruyamment en rythme et en cadence !
On ressort d’un tel concert le cœur et l’esprit tout joyeux, conscient d’avoir assisté à un magnifique moment de jazz. Un concert qui fait beaucoup de bien, par les temps qui courent.
Un disque est en préparation, qui devrait sortir en avril prochain. A suivre...
Je ne peux pas vous assurer que vendredi soir dernier des spectateurs avaient assisté à la soirée de décembre 1934, ce que je sais, c’est que nous tous pourrons affirmer « En décembre 2024, nous y étions ! »
Quintette du Hot Club de France | Paris
Quintette du Hot Club de France, Paris, France. 424 likes · 256 talking about this. Un esprit. Une esthétique. Un son.
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